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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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semblable, par
enchantement, et elle donna le fourreau d’Escalibur à son amant. Et le nom du
chevalier était Accolon » ( La Mort d’Arthur ,
II, II). Morgane s’arrange pour qu’Accolon combatte Arthur, mais Accolon est
mortellement blessé par le roi. Il meurt après avoir confessé la traîtrise de
Morgane. Morgane se désespère de la mort d’Accolon et cherche à se venger
d’Arthur. Elle fait envoyer à son frère un riche manteau qui est magique, car
il brûle tous ceux qui ont le malheur de le revêtir. Mais au moment où Arthur
va mettre le manteau, la Dame du Lac apparaît et dévoile à Arthur dans quel
péril il se trouve ( La Mort d’Arthur , IV,
14-16).
     
    Si l’on comprend que Morgane, sœur du roi, représente le
pouvoir gynécocratique et la famille utérine, on comprend mieux le sens de
cette lutte entre le frère et la sœur, quelque peu analogue à la lutte plus
sournoise qui oppose Arianrod à Gwyddyon. Mais de toute façon, le pouvoir du
roi lui vient d’une femme, puisque sa force et son autorité sont symbolisées
par l’épée Escalibur qui lui est donnée par la Dame du Lac. C’est d’ailleurs
par ce détail de l’œuvre de Malory que s’explique une des dernières scènes du Lancelot en prose français où l’on voit Arthur,
blessé mortellement, après la bataille de Camlann, demander à Girflet
(Gilvaethwy, fils de Dôn) d’aller jeter l’épée dans un lac où une main
mystérieuse la saisit. Son pouvoir, Arthur l’a obtenu de la Dame du Lac,
dernière représentante de l’ancien état de choses. Il doit nécessairement
revenir à la Dame du Lac, qui sera alors libre d’en disposer à sa guise, au
profit de qui elle voudra. Mais il y a aussi, dans le roman de Malory, un autre
épisode curieux où nous trouvons mêlées la Dame du Lac, la Femme mystérieuse,
et l’Épée.
     
    Balin et la Dame du
Lac (romans courtois) : Une jeune fille dont on ignore le nom
arrive à la cour d’Arthur, porteuse d’une épée qu’elle doit remettre au plus
vertueux des chevaliers. C’est finalement au chevalier Balin qu’elle la donne ( La Mort d’Arthur , IV, 1 et 2). Cependant la Dame du
Lac, furieuse, réclame la tête du chevalier, ou, à défaut, la tête de la jeune
fille (IV, 3). Il arrive de nombreuses aventures au chevalier Balin. Il donne
en particulier le coup douloureux qui blessera d’une blessure inguérissable le
roi Pellam (Pellehan, père de Pellès, le Roi-Pêcheur), puis, mis en présence de
la Dame du Lac, il lui coupe la tête. Mais le destin ne lui est pas
favorable : il combat sans le reconnaître son frère Balan, et les deux
frères s’entre-tuent (IV, 18).
     
    Cette anecdote semble un mélange assez ahurissant de plusieurs
thèmes mythologiques. C’est d’abord l’origine de la blessure du Roi Méhaigné,
blessure qui aurait en somme été voulue par la jeune fille mystérieuse. Qui est
celle-ci ? Probablement Morgane, qui veut ainsi opposer à l’épée d’Arthur
une autre épée portée par un autre héros. Et c’est précisément Balin qu’elle
choisit. On notera tout de suite que le dédoublement Balin-Balan n’est que la
traduction du suicide du personnage primitif. D’ailleurs Balin (ou Balan) est
une vieille connaissance. Sa forme galloise est Beli. On le trouve dans l’ Historia Regum Britanniae sous le nom de Belinus,
dans une aventure où il s’oppose à son frère Brennus (le héros Brân). Il joue
un rôle important dans plusieurs chansons de Geste, en particulier la Chanson d’Apremont , la Chanson
de Balan et Fierabras . En fait il s’agit du dieu solaire gaulois Belenos
dont on ne voit pas très bien le rôle dans cette histoire à moins de faire
appel au mythe Modron-Mabon, sur lequel nous nous sommes déjà expliqué. La
situation peut être contenue dans le schéma suivant : deux fées s’opposent
l’une à l’autre, l’une donne une épée, symbole de puissance à Arthur, l’autre
donne une autre épée à Balin ; les deux fées, c’est-à-dire deux
conceptions de la divinité et de la puissance, agissent par personnes
interposées, car dans une société hiérarchisée selon la formule paternaliste,
elles sont obligées de recourir à des champions hommes. L’une d’elles finit par
être tuée (il est remarquable que c’est celle qui avait précisément demandé la
tête de Balin ou la tête de l’autre), mais le succès de l’autre est très
éphémère, car son champion se détruit, et la

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