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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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avec cela, la femme la plus
chaude et la plus luxurieuse de toute la Grande-Bretagne. Merlin lui avait enseigné
l’astronomie et beaucoup d’autres choses, et elle s’y était appliquée de son
mieux, de façon qu’elle était devenue bonne clergesse et qu’on l’appela plus
tard Morgane la Fée à cause des merveilles qu’elle fit. Elle s’exprimait avec
une douceur et une suavité délicieuse, et elle était plus débonnaire et attrayante
que personne au monde, lorsqu’elle était de sang-froid. Mais quand elle en voulait
à quelqu’un, il était difficile de l’apaiser… » ( Estoire de Merlin ).
     
    C’est assurément le portrait de la Déesse-Mère primitive,
avec toute son ambiguïté, à la fois débonnaire et malfaisante, l’image même de
la divinité qui donne et qui reprend, « chaude et luxurieuse » comme
la grande déesse orientale, et pourtant « vierge » car ne voulant pas
se soumettre à l’autorité masculine. On remarquera aussi que Merlin passe pour
lui avoir enseigné la magie, comme à Viviane. De fait, d’autres versions de
l’histoire de Merlin, versions aujourd’hui perdues mais dont nous retrouvons la
trace dans le célèbre ouvrage anglais du XV e  siècle
dû à Thomas Malory, La Mort d’Arthur , vaste
compilation des romans de la Table-Ronde, d’autres versions laissent à penser
que Merlin fut d’abord l’amant de Morgane avant d’être celui de Viviane. Et de
là à supposer que Morgane et Viviane ne font qu’un seul et même personnage, il
n’y a qu’un pas, facile à franchir. C’est donc dans le texte de Malory, qui,
soulignons-le, représente une tradition un peu différente de la tradition connue
par le Lancelot en prose français, que nous
allons trouver des éléments intéressants sur Morgane. Elle est présentée comme
étant l’épouse d’Uryen, et la mère d’Yvain, ce qui ne saurait nous surprendre,
car nous avons déjà établi l’identité de Morgane (déesse aux oiseaux) et de
Modron, mère de Mabon et d’Owein dans les textes gallois. Mais c’est une épouse
turbulente, et qui supporte difficilement le cadre étroit du mariage. Elle a un
certain nombre d’amants, ce qui est conforme à ce que le Lancelot en prose dit d’elle bien qu’il ne la donne
pas comme étant mariée.
     
    Morgane et Uryen (roman courtois) : Un jour que Morgane surprend son mari, le roi Uryen,
endormi sur son lit, il lui vient à l’idée de s’en débarrasser. « Alors,
elle appela une servante en qui elle avait toute confiance et lui dit : “Va
me chercher l’épée de mon seigneur, car je n’ai jamais vu une meilleure occasion
de le tuer que maintenant.” Mais la servante, effrayée par le projet de
Morgane, va trouver Yvain, le fils d’Uryen et de Morgane, lui raconte tout et
demande à celui-ci d’intervenir. Yvain lui conseille d’obéir, et lorsque
Morgane dresse l’épée au-dessus de la tête d’Uryen, Yvain, qui s’était
embusqué, se précipite, arrache l’épée des mains de sa mère et la maîtrise.
Morgane implore sa grâce en prétendant avoir eu un coup de folie » ( La Mort d’Arthur , IV, 13).
     
    Cette tentative de meurtre est dans l’esprit qui veut que la
Déesse ne s’embarrasse pas d’un époux ou d’un amant trop exclusif. C’est
l’histoire de Diane et de Faunus. Mais tout aussi intéressante est la lutte
sournoise qui oppose Morgane à son frère Arthur, car il semble y avoir là le
thème de Gwyddyon et d’Arianrod. Un jour qu’Arthur était désarmé, Merlin
l’emmena au bord d’un lac. Sur ce lac se trouvait une demoiselle, la Dame du
Lac, c’est-à-dire Viviane, qui donna à Arthur sa fameuse épée Escalibur ( Kaledvoulch = Dur tranchant). Or Morgane paraît
n’avoir de cesse de dérober l’épée d’Arthur, ou le fourreau de cette épée au
bénéfice de ses amants. Et si Morgane se montre ici l’ennemie d’Arthur, la Dame
du Lac, appelée Nimue par Thomas Malory, est
au contraire la protectrice du roi. Faut-il voir dans ce dédoublement de
personnages le symbole de l’ambiguïté fondamentale de la Déesse, à la fois
bonne et mauvaise, celle qui donne et qui reprend ?
     
    Morgane et Arthur (roman courtois) : « Arthur dut abandonner le fourreau de son épée à
Morgane la Fée, sa sœur, et elle aima un autre chevalier beaucoup plus que son
mari le roi Uryen, ou que le roi Arthur. Elle aurait voulu voir son frère
Arthur tué. Aussi fit-elle faire un autre fourreau exactement

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