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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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plat (le graal), en même temps que la fameuse
lance magique et redoutable. Il semble bien qu’il y ait davantage une histoire
de vengeance pour un meurtre qui n’a pas encore été puni et dont le souvenir déclenche
des lamentations pénibles à entendre de la part des assistants. On a dit que le Peredur représentait les croyances populaires
de l’époque sur le Graal alors que les textes continentaux auraient été les
versions intellectuelles, aristocratiques et religieuses. Or c’est avouer par
là que la version du Peredur a plus de chances
d’être authentique, ou tout au moins traditionnelle, puisqu’elle n’a pas été
déformée par des apports littéraires et par des préoccupations théologiques ou
philosophiques. D’ailleurs, le texte allemand de Wolfram d’Eschenbach, s’il est
le produit d’un mélange assez ahurissant de courants de pensée divers, n’en présente
pas moins des détails étranges et peu compatibles avec la théologie
cistercienne. En fait, il y a tout autant de détails révélateurs et
probablement très archaïques dans la version sophistiquée de Wolfram que dans
la version populaire du Peredur .
     
    Parzival (Wolfram
d’Eschenbach) : « Un écuyer franchit tout à coup le seuil, portant
une lance sur le fer de laquelle – prodige émouvant ! – du sang jaillit,
coulant le long du bois jusqu’à la main et se perdit dans la manche. Alors des
pleurs, des sanglots emplirent l’enceinte… L’écuyer, tenant le lugubre fardeau,
fit le tour des quatre parois, et regagna la porte par laquelle il disparut
soudain… Au bout de la salle s’ouvrit une porte d’acier : deux
adolescentes d’allure noble en sortirent… C’étaient deux blanches vierges… Chacune
avait en main un chandelier d’or, sur lequel brûlait un cierge… après elles
s’avance une duchesse avec son égale, portant deux piédestaux d’ivoire. Sans
tarder vinrent huit autres dames dont voici le rôle : quatre portaient de
grands flambeaux, les autres soutenaient sans effort une pierre précieuse que
traversaient les rayons du soleil et qui tirait son nom de son éclat… Deux
princesses se présentèrent à leur tour, délicieusement parées. De leurs mains
elles soutenaient deux couteaux tranchants… d’argent d’extraordinaire
blancheur… À leur suite apparut la reine. L’éclat que répandait son visage faisait
croire que le jour se levait… Sur un coussin d’émeraude verte, elle portait la racine
et le couronnement de ce qu’on souhaite en paradis, le Graal, supérieur à tout
idéal terrestre. Repanse de Schoye était le
nom de la pucelle admise à porter le Graal » (trad. Wilmotte,
p. 82-85).
     
    Dans cette description interminable du « Cortège du
Graal », on remarquera que la coloration chrétienne est quelque peu superficielle.
Il y a beaucoup trop de demoiselles dans ce cortège pour que l’orthodoxie soit
évidente. Le Moyen Âge, l’Irlande et la Bretagne
exceptées , n’a jamais admis la participation des femmes au culte
religieux chrétien. Or, il semble que pour Wolfram, et peut-être encore plus
pour lui que pour Chrétien de Troyes (dont il suit pourtant la trace) ou pour
l’auteur gallois, les femmes jouent un rôle considérable dans cette cérémonie
du Graal. Et cette remarque est d’autant plus déroutante que Wolfram, dans le
reste de son œuvre, manifeste une tendance très nettement chrétienne et
mystique. Alors, qu’en penser ? De toute façon c’est une femme qui porte
le Graal dans Chrétien et dans Wolfram, qui porte la tête dans le Peredur . C’est la preuve que, dans
cette cérémonie mystérieuse et quasi incompréhensible, le rôle d’officiant est
dévolu à la Femme. Ce point n’est pas contestable et nous en reparlerons.
    Parmi les attirails qui figurent dans le cortège, la lance
se retrouve dans les trois textes. Chez Wolfram, il est seulement dit qu’elle
répand du sang. Chez Chrétien, c’est une seule goutte. Dans Peredur, il y a contradiction : ce sont d’abord trois ruisseaux
de sang, puis ensuite, c’est une goutte de sang qui se change en torrent. Mais
à part ces différences dans les détails, l’anecdote est identique. Le tailloir
d’argent n’apparaît que chez Chrétien. Chez Wolfram ce sont des tables qui
tiennent ce rôle, et il n’est pas question de cela dans Peredur . Enfin l’auteur champenois et l’auteur
allemand insistent tous les deux sur la lumière étonnante qui émane à la fois
de

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