Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
joue une partie d’échecs contre un adversaire invisible
et jette l’échiquier dans le lac. À ce moment paraît une jeune fille noire qui lui reproche d’avoir perdu le
jeu d’échecs de l’Impératrice [324] . La jeune fille noire
le guide vers le Château de l’Impératrice. Mais il n’y rencontre que la jeune
fille noire qui lui dit de chasser le Cerf qui dévaste les domaines. Il coupe
la tête du cerf, mais se fait voler la tête et le chien qu’on lui avait confié
par une cavalière mystérieuse [325] qui lui reproche
d’avoir tué son bien le plus cher (le cerf) mais lui indique la direction à
prendre [326] . Après un ultime combat
contre un homme noir qui surgit de dessous un dolmen, Peredur parvient au
Château des Merveilles où Gwalchmai se trouve déjà. Là on lui apprend que la
tête qu’il a vue était celle de son cousin, tué par les sorcières de Kaerloyw,
et que c’est à lui de le venger [327] . Mais comme il est
lui-même l’élève des Sorcières, il ne peut les tuer, il se contente de conduire
au combat les chevaliers du roi Arthur qui accomplissent la vengeance.
     
    Peredur traverse une forêt peuplée de trop de femmes pour
que cela soit fortuit. S’il est vrai que toutes ces femmes ne sont que les
différents aspects d’une seule, l’Impératrice, il y a donc, dans cette quête,
les étapes d’une initiation. « C’est par la femme qu’on parvient à
Dieu », chantait le troubadour Uc de Saint-Circ, et il semble bien, dans
le cas de la quête de Peredur-Perceval, que ce soit une longue marche conduisant
à la divinité, en l’occurrence une divinité féminine, celle qui représente la
puissance et la Souveraineté. Nous avons remarqué que tout débutait par le rapt
de la Coupe de Guenièvre-Gwenhwyfar. Mythologiquement, la quête du Graal est
une tentative pour restaurer la Souveraineté dans ses droits, car celle-ci a
été déplacée, elle a été usurpée par la violence masculine représentée par le
chevalier ravisseur. Et pendant que la Souveraineté est usurpée , le royaume dépérit, le roi, chef de
famille, n’est plus l’exécuteur ni l’équilibrateur des forces : il est
impuissant. Seul un jeune homme fort, ayant prouvé sa puissance guerrière et
virile (c’est la même), pourra reconstituer la situation primitive. Et ce jeune
homme, c’est le neveu du roi blessé, le successeur désigné. Le thème,
probablement très ancien, se retrouve, bien camouflé, dans les amours de
Lancelot et de Guenièvre, primitivement de Gauvain et de Guenièvre, et aussi
dans les amours de Tristan avec Yseult, la femme de son oncle maternel. Peredur-Perceval,
lui aussi, épouse l’Impératrice. Et qui est l’Impératrice sinon la femme – ou
la fille – du Roi-Pêcheur ? N’oublions pas que dans la version allemande
de Wolfram, Kundry, autre visage de l’Impératrice-Souveraineté à l’aspect
repoussant qui devient belle au moment où elle conduit le héros à Montsalvage,
Kundry a eu des rapports très ambigus avec Amfortas, le roi blessé.
    Nous ne possédons malheureusement pas la clef qui nous
ouvrirait toute grande la porte du Château du Graal. Nous sommes un peu comme
Lancelot qui n’est pas admis à la Cérémonie du Graal : il distingue, par
la porte entrouverte, une lumière intense, et lorsqu’il veut s’approcher, une
voix lui interdit d’aller plus loin. Car le Graal est lumière, comme la Femme
est lumière, la lumière du soleil. Et si le caractère solaire du Graal, d’après
la description de Chrétien de Troyes, est évident, il en est de même de la
femme dans la plupart des mythes. Yseult est blonde comme le soleil. Grainné
porte un nom qui vient du mot grein , soleil.
Dans le cortège du Graal, le Graal se confond presque avec sa porteuse, et se
trouve dans un halo lumineux qui fait pâlir les étoiles. On retrouve là le
thème de la « Belle Matineuse », cher aux poètes de la Pléiade et aux
Poètes Précieux :
     
    « Alors voyant cette nouvelle aurore,
    le jour honteux d’un double teint colore
    et l’Angevin et l’Indique Orient. »
    (Du Bellay.)
     
    « Quand la nymphe divine, à mon repos fatale,
    apparut, et brilla de tant d’attraits divers,
    qu’il semblait qu’elle seule éclairait l’univers
    et remplissait de feux la rive orientale. »
    (Voiture.)
     
    « Sacré flambeau du jour, n’en soyez pas jaloux :
    vous parûtes alors aussi peu devant elle
    que les feux de la nuit avaient fait devant

Weitere Kostenlose Bücher