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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les lèvres de la Sainte Vierge. Il n’était pas moins blasphématoire
pour Tristan de prendre la femme (ou la future femme) de son oncle. Il y a
rupture d’équilibre, acte de révolte, défi à la société. C’est à ce prix que
peut s’opérer la transformation de l’homme, et par-delà, la destruction de la société
existante et son remplacement par une autre. Mais les héros de l’aventure sont
encore des francs-tireurs, des hors-la-loi, des êtres bizarres. Dans toutes les
mythologies l’amant de la déesse est un être exceptionnel, la plupart du temps
promis à un sort tragique. Dans les contes populaires qui expriment non
seulement les angoisses inconscientes de l’humanité mais aussi ses espérances,
l’amant de la déesse est devenu l’aventurier qui réussit une épreuve :
comme récompense, on lui donne la fille du roi, il devient le gendre du roi, et
parce qu’il n’y a pas de hasard, ce roi n’a pas de fils. Par conséquent c’est
l’aventurier, celui qui a osé transgresser le tabou de classe, qui devient
l’héritier du trône. Pourquoi ? Parce que la Princesse est la Souveraineté
et parce qu’elle a transformé l’homme qu’elle aime, faisant d’un pauvre
vagabond un roi. Mais là, la boucle est bouclée. Car le nouveau roi va
forcément être prisonnier de son rôle. Il sera le défenseur de l’ordre qu’il a
combattu. C’est encore un constat d’échec.
    Il est vrai que d’autres contes éludent cette fin. Il n’est
question que de la force transmise par la femme. Ainsi une tradition du pays de
Tréguier, passant sous silence les relations amoureuses du héros et de la fée,
met néanmoins l’accent sur le rôle joué par la mère dans la transformation et
la nouvelle naissance de l’enfant :
     
    Histoire de Rannou le
Fort (Bretagne armoricaine) : Une femme sauve une sirène qui
s’était échouée et la remet dans la mer. En récompense, la sirène lui remet un
breuvage qui doit rendre son fils plus fort et plus vaillant que tous les
autres hommes. Elle précise qu’il ne faut pas répandre une seule goutte de ce
breuvage parce qu’il peut être dangereux. La femme, avant de le faire boire à
son fils, l’essaie sur son chat. Comme le chat ne semble pas se porter plus
mal, elle donne donc le breuvage à son fils. « Le petit Rannou et le chat
ressentirent bientôt la puissance du philtre magique. Le chat devint si grand
et si fort qu’il fallut l’attacher à un rocher avec des chaînes de fer. Quant à
Rannou, à l’âge de neuf ans, il cassait avec ses mains sept fers à cheval
réunis. » Puis il prit tant de taille et tant de force qu’il devint un
géant (Recueilli par Kerambrun et raconté par R. F. le Men, Revue celtique , I, p. 416).
     
    La ressemblance avec l’histoire de Keridwen ne fait aucun
doute. Le breuvage que donne la fée est comparable au breuvage contenu dans le Chaudron.
Ce breuvage donne ici la force physique tandis que dans l’histoire galloise il
donnait la connaissance parfaite. Nous trouvons encore un souvenir de Keridwen
dans la pieuse légende de saint Conérin qui, tué par des malfaiteurs et brûlé
par eux, est transformé en pomme, laquelle pomme est mangée par une jeune femme
qui s’en trouve enceinte et lui redonne la vie, une nouvelle vie dans la
sainteté et la connaissance de toutes choses [449] .
    C’est encore en Bretagne Armoricaine que nous trouverons un
conte significatif dont l’origine se réfère au même mythe. Dans le contexte
plus ou moins christianisé des contes populaires, l’amour de la fée et du héros
est occulté au profit d’une amitié qui procure des dons magiques. Mais le thème
est toujours présent : l’homme a obtenu ses pouvoirs d’une femme
mystérieuse et qui est l’image de la déesse polymorphe.
     
    Koadalan (Bretagne armoricaine) : Le jeune Koadalan a obtenu la richesse et trois
livres de magie grâce à une mystérieuse jument qui s’est transformée en femme [450] .
Un jour, pour échapper à trois diables qui veulent s’emparer de lui [451] ,
il prend l’aspect d’un bœuf, puis d’un chien. Les trois diables qui avaient
l’allure de marchands courent après lui sous l’aspect de loups. Mais Koadalan-chien
réussit à regagner sa demeure. Une autre fois, c’est sous l’aspect d’un cheval
qu’il est fait prisonnier par les trois diables. Mais « le cheval saute
dans la rivière et se change aussitôt en anguille. Les trois marchands y
sautent après

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