La Femme Celte
manque de lucidité, nous sommes en pleine
méconnaissance des véritables problèmes qui se posent à l’être humain.
Nous ne sommes pas libres. La femme, particulièrement, est devenue
l’esclave de notre société qui est une société d’esclaves qui ne s’aperçoivent
même pas de leur état de servitude parce qu’ils se gargarisent de mots. Il ne
suffit pas de prononcer le mot de liberté et de le chanter sur tous les tons
pour être vraiment libre, il faut l’être par des actes.
Si la femme occidentale moderne n’est pas libre, Yseult,
Grainné et Deirdré étaient des femmes libres. La femme celtique était libre
parce qu’elle agissait, et cela en pleine conscience de ses responsabilités. Et
en étant libre, elle était capable d’aimer, car l’amour étant un sentiment
échappant à toutes les contraintes et à toutes les lois surgies de la raison,
seuls les êtres libres peuvent aimer. C’est là peut-être la plus grande leçon
que puisse nous donner la merveilleuse histoire de Tristan et Yseult.
EN GUISE DE CONCLUSION :
LA FEMME-SOLEIL
La légende de Tristan et Yseult est probablement la plus connue
de toute la tradition celtique, et aussi la plus essentielle pour la
compréhension de la mentalité des peuples qui ont précédé, en Europe
occidentale, les civilisations de type méditerranéen que les Romains, puis les
Chrétiens (autrement dit les mêmes) ont introduites et universalisées depuis
deux millénaires. La version archétypale de cette légende peut être reconstituée
à partir des nombreuses variantes médiévales et aussi par les multiples
prototypes qu’on découvre dans l’ancienne épopée irlandaise. Une étude
comparative fait apparaître clairement le rôle déterminant d’Yseult (ou des
héroïnes qui en sont les modèles), c’est-à-dire de la Femme, dans le
déroulement et le sens de l’histoire. Ce sens est orienté indubitablement vers la mise en
valeur d’une féminité essentielle qui trouve sa justification aussi bien sur le
plan psychologique et sur le plan sociologique que sur le plan des substrats
mythologiques. Yseult est la Femme-Soleil alors que Tristan, pourtant paré de toutes les vertus, est l’ Homme-Lune , totalement inexistant s’il n’est pas
« nourri », « maturé » par la lumière qui émane de cette
Femme-Soleil.
C’est une constatation et non une hypothèse. Mais cette constatation
ne concerne que l’image de la femme chez les Celtes ,
l’image qu’ils ont léguée dans leur tradition épique et mythologique, donc déjà
sous une forme « littéraire ». Cela ne doit en rien préjuger du rôle
réel assumé par la femme dans les sociétés de type celtique [472] .
Les Celtes étaient de civilisation indo-européenne [473] ,
ils vivaient donc dans des structures patriarcales pour ne pas dire
paternalistes, et il est bien évident que dans le cadre du quotidien, la femme
ne jouissait pas de cette situation privilégiée qu’on discerne dans les
légendes. Ces légendes ne font que rendre compte d’une tradition plus ancienne,
celle d’un état antérieur, probablement pré-indo-européen, à tendance plus
nettement gynécocratique [474] . Ce sont des
réminiscences gynécocratiques qui sont à l’origine du « mythe » de la
Femme-Soleil et de l’éclosion, puis de l’épanouissement de la légende de
Tristan et Yseult. Ces mêmes réminiscences expliquent le rôle, tout de même privilégié
par rapport à d’autres civilisations, de la femme dans les sociétés celtiques
des périodes historiques.
Il faudrait d’ailleurs s’entendre sur cette notion de
« féminité » du Soleil. Il ne s’agit certes pas ici d’astrologie, ni
d’une quelconque référence à des divinités stellaires répertoriées et nommées
selon des critères à la fois zodiacaux et mythologiques. La confusion peut
naître du fait que la position des astres dans le ciel, à un moment déterminé
(par exemple lors de la naissance de quelqu’un, ou encore à l’occasion d’un
événement remarquable), attire l’attention sur la globalité de l’univers où
rien ne peut être isolé du tout, sans pourtant inclure le moindre déterminisme
– ni le moindre fatalisme – dans cette globalité. L’être humain, qu’il le
veuille ou non, appartient à l’univers tout entier, quelles que puissent être
les influences ou les interactions réelles qu’on y discerne parfois. Ce n’est
pas pour tenter d’expliquer tel ou tel
Weitere Kostenlose Bücher