La Femme Celte
dans la mythologie japonaise une déesse-soleil, et l’antique divinité
des Scythes était un personnage féminin assimilé au Soleil : c’est cette
célèbre « Diane Scythique », devenue l’Artémis des Grecs, dont les
auteurs de l’Antiquité nous parlent en insistant sur les rites cruels et
sanguinaires qui accompagnaient son culte.
Tout rentre dans le cadre de la révolte de l’homme contre la
femme, révolte marquée à la fois par la prise du pouvoir par une société de
type androcratique sur une société de type gynécocratique, et aussi par un
renversement complet des valeurs religieuses : le remplacement des
divinités féminines originelles par des divinités masculines adaptées aux
nouvelles structures de la société.
Le type de ce renversement est la légende d’Apollon. Sur le
plan historique qui se dessine à travers le mythe, Apollon, dieu-soleil, vient
combattre le serpent Python qui régnait à Delphes et il le tue. Bien entendu il
le remplace. Cela signifie qu’à Delphes, autrefois, on adorait une divinité
féminine tellurique représentée par le serpent. Ce culte primitif féminin de la déesse-mère a donc été remplacé par le
culte d’un héros masculin . Mais, chose très
remarquable, pour se faire entendre des humains, le dieu mâle Apollon a besoin
des femmes : et son interprète est la Pythie ,
autrement dit la prêtresse de l’ancienne religion, qui est restée en place, qui
porte encore le nom de l’antique déesse-mère, et qui voit malgré tout son
importance grandir au cours des siècles.
Cela donne à réfléchir sur Apollon lui-même. Qui
est-il ? Il est fils de Lêto et de Zeus, d’après la mythologie grecque
littéraire qui est, nous le rappellent les historiens des religions, le
résultat d’une sclérose de croyances que nous ignorons en grande partie. Mais
on lui adjoint une sœur, Artémis, la Diane des Latins. Apollon est donc le
Soleil et Artémis la Lune. Il y a eu, en réalité, inversion des rôles : on
a adjoint Apollon à Artémis qui primitivement était la déesse-soleil. Artémis
et Lêto sont des doublets. Artémis est à la fois la sœur (version récente) et
la mère (version ancienne) d’Apollon. Cette argumentation s’appuie non
seulement sur des constatations générales quant à l’évolution des religions,
mais sur le mythe celtique de Modron et de Mabon [461] .
Ce mythe de Mabon et de Modron, dont nous avons déjà parlé [462] recèle en effet des éléments archaïques qui le font remonter à la préhistoire,
tout au moins à l’âge du bronze [463] . Mabon,
étymologiquement, est le Fils [464] .
Il correspond à la forme gauloise Maponos attestée
dans des inscriptions comme surnom d’Apollon, ce qui ne laisse aucun doute sur
son caractère solaire. Or dans le mythe révélé par le récit gallois de Kulhwch et Olwen , le héros Kulhwch ne pourra
prétendre épouser Olwen, c’est-à-dire assumer son destin, que lorsque Mabon,
qui est prisonnier dans un endroit qu’on ne connaît pas, sera délivré. Et l’on
découvre, après bien des aventures, qu’il se trouve dans une prison accessible
seulement par l’eau, sous la ville de Kaer Loyw (Gloucester) dont le nom
signifie justement « citadelle de la Lumière ».
En quelque sorte, rien ne va plus dans l’univers parce que
le soleil est retenu prisonnier de l’autre côté des eaux, c’est-à-dire dans la
nuit, la croyance des anciens étant que le soleil faisait une navigation dans
le fleuve océan pendant la nuit pour réapparaître le lendemain matin, plus
jeune et plus fort que jamais. Cette croyance est illustrée par les fameux
chars solaires de l’âge du bronze, qui sont des objets rituels, et dont on a
retrouvé un assez grand nombre, surtout dans les pays nordiques, autour de la
Baltique. Ces chars solaires, analogues aux barques solaires de l’ancienne
Égypte, présentent le soleil sous forme de disque d’or ou de cuivre [465] ,
c’est-à-dire sous une forme non-humaine et non-sexualisée [466] .
Et la mère de Mabon est Modron, la Matrona gauloise, c’est-à-dire la « Mère ».
Si Mabon est le jeune soleil qui attend sa délivrance (et l’on remarquera
l’équivalence avec le mythe de Lêto que Héra empêche d’accoucher d’Apollon et
d’Artémis), sa mère est nécessairement la déesse-soleil. Or Modron est dite
fille d’Avallach, c’est-à-dire d’Avallon, et nous voyons que ce personnage est
absolument lié au thème du
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