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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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soleil [482] .
    Mais tout se passe comme si l’on avait voulu à tout prix réduire
le rôle de cette Femme-Soleil, d’abord en opérant (dans l’aire méditerranéenne)
le renversement de polarité entre soleil et lune (indice du patriarcat),
ensuite en réservant à cette femme, pourtant reconnue comme essentielle, un
rôle qui pour être important n’en est pas moins un rôle d’ assistance . Les sociétés occidentales contemporaines
sont, on le sait, les héritières directes de l’idéologie judéo-chrétienne,
revue et corrigée par le syncrétisme hellénistique (saint Paul) et la romanité
(la papauté qui s’appuie sur le discutable tu es
Petrus ). De ce fait, la conception chrétienne de la féminité, qui a
certes bien évolué dans le monde moderne, surtout depuis le concile de Vatican II,
est redevable à la fois du legs gréco-latin et des options hébraïques. Oubliant
les personnages féminins de la Genèse , qui
sont pour le moins surprenants, les scripteurs de la Bible ont rabaissé la
femme en la rendant impure et inapte, par exemple, au sacerdoce. Les Pères de
l’Église n’ont fait que justifier et codifier « cette haine de la femme –
qui vient en fait de la peur de la femme – jusqu’au délire, s’accrochant aux
moindres détails physiologiques et les exploitant de manière à constituer des
barrières prohibitives infranchissables. Les Pères de l’Église et les théologiens
du Moyen Âge sont des types parfaits d’obsédés sexuels [483] . »
Il est vrai que quoi que puissent entreprendre les théoriciens chrétiens, ils
sont esclaves de ce fameux verset de la Genèse ,
quand, après la « faute », le seigneur dit à Ève : ton désir te
portera vers l’homme et lui te dominera . Cette
parole de base est responsable de bien des malentendus : « Le dogme
chrétien n’a pas peur d’aller jusqu’à l’absurde en déclarant que la mère du
Christ a conçu sans intervention sexuelle, condamnant ainsi le Sauveur à n’être
qu’un demi-homme à l’instar de Bacchus [484] . » Et pourtant,
juste revanche des choses, dans le culte chrétien, la place de la Vierge Marie,
mère de Dieu, par conséquent une femme, est absolument en dehors de toute
commune mesure.
    Car, en cette fin de XX e  siècle,
dans les brumes d’un millénarisme insidieux qui draine les terreurs ancestrales
d’une humanité en quête de son identité (il faut dire que celle-ci a été malmenée,
ne serait-ce qu’au cours des siècles dits historiques), le problème de la
femme non seulement n’est pas résolu mais bute toujours sur des fantasmes qui
sont l’expression aussi bien d’interdits parfaitement irrationnels que de
partis pris solidement implantés. Après les grandes
mutations des deux guerres mondiales, après la prise de conscience d’une
rupture de civilisation en mai 1968, après les turbulences des mouvements de
revendications féministes, qu’en est-il du rôle et de l’image de la femme dans
les sociétés postindustrielles contemporaines ?
    Apparemment, mais seulement dans les pays de culture humaniste,
la femme a vu son statut social s’améliorer considérablement. Le sexisme étant illégal dans la plupart des constitutions
démocratiques, la femme bénéficie des mêmes droits – et est astreinte aux mêmes
devoirs – que l’homme, tant sur le plan de la liberté individuelle que sur
celui de sa place dans la hiérarchie sociale. Mais les lois ne sont que
l’expression d’un absolu trop souvent idéal : les faits peuvent les
tourner, voire les contredire, tant est grande la pesanteur des habitudes et
des idées toutes faites. Cette réalité quotidienne n’est pas nouvelle :
chez les Celtes, on observe le même décalage entre l’image de la femme, telle
qu’elle apparaît dans le mythe, et son rôle effectif au sein d’une société qui
était incontestablement de type patriarcal. Plus que jamais, même si on prétend
le contraire, la femme, magnifiée dans les discours masculins, est en liberté surveillée.
    C’est dans le cadre de la vie privée que la femme a obtenu,
semble-t-il, le plus de satisfactions. L’égalité dans le mariage, le partage de
l’autorité parentale, la gestion commune des biens et des ressources de la
famille, la possibilité de conserver son nom patronymique même en étant mariée,
le divorce « sur requête conjointe », c’est-à-dire par consentement
mutuel, le statut de la mère célibataire (et non plus de

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