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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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jaillisse des ténèbres ?). Mais si l’on considère les ténèbres
primitives – ou primordiales – comme le Chaos originel qui contient à la fois
les Ténèbres et la Lumière, on se retrouve en conformité avec le fiat lux de la Genèse ,
ainsi qu’avec toutes les cosmogonies de ce type. Si l’on admet ce nouveau
postulat, on en arrive fatalement à une conclusion imprévue : La Chambre de Soleil ne représente-t-elle pas
l’aboutissement de la Création, le moment où, parallèlement à ce qui se passe
dans les origines, la Lumière contient en elle-même les Ténèbres ?
    C’est, on le sait, la signification profonde qu’on peut
tirer des opérations du Magistère alchimique, puisque, de l’aveu des
« philosophes », ces opérations ne visent qu’à un but : reproduire
de façon concrète le processus de la Création tout entière. Et cette Création
n’est pas un moment dans l’Histoire, elle est perpétuelle, jamais achevée,
jamais parfaite au sens strict du terme. Il ne s’agit donc pas alors de cette
nostalgie du paradis perdu passé qui serait
projetée dans un avenir vague, comme le prétendent les théoriciens de
l’athéisme, ni du regressus ad uterum (équivalent de la mort) si cher aux psychanalystes, mais d’un authentique egressus ad ultima , d’une « sortie vers
l’ultime ». Mais là encore, la Chambre de Soleil, comme l’athanor
alchimique, est la matrice divine , d’où la
notion de divinité féminine primordiale qui s’impose à l’humanité depuis des
millénaires et quelles que soient les idéologies religieuses dominantes… La
femme est la clé de toute la Création, et particulièrement de la seconde création de l’humain, quand le
soleil-conscience monde les ténèbres de la lune-inconscience, quand Tristan
s’éveille au contact d’Yseult.
    Cette seconde création de l’humain est un éveil à peu près dans l’acception bouddhique de ce
mot, un éveil qui concerne bien entendu l’Homme-Lune, révélé à lui-même par la
Femme-Soleil, mais qui permet également à cette dernière d’atteindre sa
plénitude, c’est-à-dire un niveau de conscience supérieur, puisqu’en se
projetant sur l’autre elle se crée elle-même en tant que valeur fonctionnelle.
Yseult était peut-être la totalité avant sa rencontre avec Tristan, mais elle
n’en avait pas conscience et n’avait donc pas réalisé le processus fonctionnel qui la justifie. Il en est de même pour la Belle au
bois dormant : la jeune princesse endormie n’atteint sa seconde naissance
que par le baiser du Prince charmant, lequel accède, par son geste, et par le
contact qu’il a avec la Femme-Soleil endormie, à un degré supérieur de
conscience (et de connaissance). Mais le château où rêve la Belle est figé,
immobile, au milieu d’une forêt où les ronces et les taillis constituent des
remparts que n’ose affronter l’imaginaire. Tout autre est la forteresse où dort
la Valkyrie Sigfrida avant d’être réveillée par le héros Sigurd. Dans sa Tétralogie , Richard Wagner, tout en conservant le
thème du cercle de flammes, a singulièrement réduit la signification de la
scène : c’est en triomphant de sa peur que Siegfried traverse les flammes
et se saisit de Brünhilde, ce qui insiste sur la prouesse de l’homme et sa
victoire sur la femme. Le modèle mythologique (en l’occurrence, ce n’est pas le
texte du Nibelungen allemand, mais celui des Eddas scandinaves) est bien différent : la
Valkyrie – qui, ne l’oublions pas, est une « Chercheuse de Val  », c’est-à-dire de guerriers héroïques
morts sur les champs de bataille et destinés à servir de rempart aux dieux
contre les géants – se trouve dans une forteresse située sur une montagne (ou
même entre ciel et terre, comme la Chambre de Cristal), et le caractère solaire
de ce lieu est évident. C’est par un bond de son cheval (un cheval divin
psychopompe) que Sigurd franchit la barrière de flammes, et la brûlure qu’il
ressent de son exploit, exprimant bien sûr l’amour qu’il ressent pour la
Valkyrie, est avant tout celle de son initiation, de la révélation qu’il a de
lui-même grâce à la conscience claire et lumineuse que représente Sigfrida, la
Femme-Soleil. Faut-il voir une origine commune et unique entre le mythe
celtique de Tristan et celui, germano-scandinave, de Siegfried-Sigurd ?
Très probablement. Les mentalités celtiques et germaniques admettent la
« féminité » du

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