La Femme Celte
éducatif et culturel plus adulte
qui lui permet d’évoluer plus rapidement, ainsi que de conditions matérielles
moins difficiles que dans le cas des aînés.
[80] Erich Neumann, The Great
Mother , New York, 1955, p. 39.
[81] Dans ces extraordinaires documents que constituent les romans de San
Antonio - Frédéric Dard, cette double attitude de l’homme est caractéristique.
Le héros est un dragueur impénitent, mais chaque fois qu’il sent qu’il va
s’attacher à la femme, il rompt, ou bien s’aperçoit qu’elle a des défauts. Très
attaché à sa mère par des liens œdipiens évidents, il décrit les femmes en
insistant sur certains caractères (moustache, dos bossu, strabisme, graisse),
ce qui dénote son antiféminisme. Quant à la description de Berthe Bérurier, la
« gravosse », elle dépasse de loin Rabelais, Cervantès et les auteurs
anciens. C’est le modèle de la femelle adipeuse, dévoreuse, sale, mais
néanmoins femelle avec un instinct sexuel surdéveloppé. À ce point, ce n’est
plus de la caricature mais l’expression de fantasmes personnels de gynophobie.
[82] G. Bataille, Dirty , Paris, éd.
Fontaine, coll. L’Âge d’or, 1945. En voici un passage caractéristique :
« Dirty était saoule à côté de moi ; dans les sous-sols d’un bouge
ignoble. J’avais à la main un pansement sali. Dirty avait une robe du soir…
Elle écarta ses cuisses des deux mains, montrant l’immondice de la fente. Elle
était aussi ivre que belle, roulant des yeux ronds et furieux… Renversée, ses
fesses sautèrent comme un canon tire dans un nuage de poussière, les yeux hors
de la tête et ruisselants de larmes. Elle caressa mes tempes, humides de
fièvre, de ses longues mains sales. » Et plus loin, devant le spectacle de
Dirty plus saoule, plus sale, plus ignoble que jamais, le narrateur se prend à
dire : « Quelque chose en elle était pur, une candeur intacte, une
fois de plus j’aurais voulu tomber, m’agenouiller. »
[83] Cf. W. Lederer, Gynophobia ou la Peur des femmes , p. 44-48.
[84] E. Harding, Les Mystères de la femme ,
p. 150.
[85] L’inhibition de saint Efflam est la conséquence de l’éducation
anti-féminine qui est la nôtre depuis des siècles. Un cas observé par Janine
Chasseguet-Smirgel ( La Sexualité féminine ,
Paris, Payot, p. 176) est très révélateur : Un jeune homme, éjaculateur
précoce, ignorait, à vingt-deux ans, l’existence du vagin en tant qu’organe
sexuel propre. Pour lui, c’était une grotte pleine d’ordures et d’éboulements,
et ses fantasmes la peuplaient de cadavres et de voitures accidentées. Il en
venait à envisager une véritable lutte : obturer le réceptacle avec du
verre pilé, y faire couler du ciment, l’utiliser comme un pot de chambre ou
comme une cuvette de W.-C. dont on rabat le couvercle. Les obsessions de ce
jeune homme atteignaient une sorte de paroxysme dans une analité sadique qu’on
peut considérer comme anormale certes, mais
qui témoigne d’une exagération de tout ce qu’on avait pu lui raconter contre la
femme, de tout ce qu’on lui avait interdit de la femme. La fuite de saint
Efflam, si habilement récupérée par les hagiographes et les fabricants de sermon
sur la chasteté conjugale, est une fuite devant l’horreur de la grotte fécale
que remplit le dragon. Il faut vaincre le dragon pour retrouver sa virilité et
son équilibre. Le jeune Peredur fera de même, au cours de sa quête du Graal,
comme nous le verrons dans le chapitre consacré à ce sujet.
[86] Otto Rank, Le Traumatisme de la naissance ,
Paris, Payot, p. 119.
[87] Ibid.
[88] Thalassa, psychanalyse des origines de la
vie sexuelle , Paris, Payot.
[89] Thalassa , p. 92.
[90] Encore un cas de psychanalyse (Janine Chasseguet-Smirgel, La Sexualité féminine , p. 156-159) : Une
femme de quarante ans, ophtalmologiste, mariée et mère de deux enfants, en
proie à des angoisses, des dépersonnalisations et des impulsions à se jeter à
l’eau. Elle imagine un aquarium sur le mur du bureau de la psychanalyste et se
sent à l’intérieur de cet aquarium. Elle fait elle-même le rapprochement entre
l’aquarium et la matrice. Elle rêve qu’elle se promène avec sa mère au bord
d’une rivière pour relever des pièges à anguilles, ce qui lui fait penser au
pénis dans le vagin. Elle a le souvenir que son père a failli se noyer dans le
tourbillon d’un torrent. Elle déclare avoir peur dans les ascenseurs car
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