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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Conchobar et de sa
mère Ness ; Lleu Llaw Gyffes est le fils de Gwyddyon et de sa sœur
Arianrod ; Merlin et sa sœur Gwendydd entretiennent des rapports ambigus
qui n’ont pas échappé aux auteurs du Moyen Âge, puisqu’ils ont fait de Gwendydd
la fée Viviane, laquelle n’a plus aucun lien de parenté avec
l’enchanteur-prophète.
    Ces tabous sociaux dont l’inceste est la charpente sont donc
la régulation de la vie sexuelle à travers le groupe. Mais autant ils s’imposent
dans les sociétés qui ont érigé la monogamie en absolu, autant ils étaient
inutiles dans les sociétés dont les rapports sexuels étaient libres. Par voie
de conséquence, lorsqu’on rencontre des transgressions de tabous sexuels dans
les mythologies de sociétés monogamiques, cela suppose le souvenir d’un état
social antérieur. Car, nous dit Simone de Beauvoir, « ces âges reculés ne
nous ont laissé aucune littérature ; mais les grandes époques patriarcales
conservent dans leur mythologie, leurs monuments, leurs traditions, le souvenir
d’un temps où les femmes occupaient une situation très haute ».
    Mais les tabous individuels, les fantasmes de l’inconscient,
forgés par l’être humain lui-même, refoulés au fond de son inconscient et
propagés de génération en génération par des habitudes sociales, des interdits
moraux ou religieux, des silences surtout, sont de beaucoup les plus
intéressants à étudier parce que les plus significatifs de l’évolution de la
pensée humaine depuis les vagues époques où la Femme était douée – réellement
ou théoriquement [75] – de la toute-puissance,
jusqu’aux sociétés modernes où l’homme, tout en concédant quelques droits
secondaires à la Femme, dirige la vie sociale, économique, intellectuelle et
religieuse, avec un tel succès que ce sont les femmes elles-mêmes,
conditionnées par leur éducation, qui approuvent et fortifient – notamment par
leur vote – cet état de fait. Or, ces tabous individuels, on n’en parle guère
en dehors des ouvrages spécialisés, comme si on avait honte d’en parler. Il est
vrai que cela malmène quelque peu le maniérisme romantique avec lequel on nous
endort à propos de la Femme et de l’amour, et ce que l’on découvre sous les
images de monstres gardiens de la Princesse Engloutie est de nature à faire
frémir d’horreur les femmes elles-mêmes qui ne se rendent guère compte des fantasmes
incroyables qui hantent l’imagination de leurs « camarades de
plumard », pour reprendre une expression rabelaisienne mais parfaitement
justifiée due à l’antiféministe notoire qu’est San-Antonio, alias Frédéric Dard [76] .
    Simone de Beauvoir a fort bien compris l’origine de ces fantasmes :
« Plus générale est chez l’homme sa révolte contre sa condition
charnelle ; il se considère comme un dieu déchu : sa malédiction
c’est d’être tombé d’un ciel lumineux et ordonné dans les ténèbres chaotiques
du ventre maternel » ( Le Deuxième Sexe ,
I, 196). Ainsi s’explique la très célèbre allégorie de la Caverne que nous
trouvons chez Platon, et qui est due à l’anti-féministe Socrate : les
hommes sont des prisonniers enchaînés dans une caverne, le dos tourné à
l’entrée de cette caverne, de sorte qu’ils ne voient du monde extérieur,
c’est-à-dire de la réalité pure dont ils procèdent, que des reflets sur le mur
d’en face. En dehors des développements métaphysiques que cette allégorie
provoque, on peut facilement identifier la caverne avec l’utérus, car la
caverne, nous le verrons plus loin, est un des symboles les plus fréquents du
ventre féminin. Il ne faut pas oublier que cette allégorie constitue un des
piliers de la philosophie occidentale, et que bon gré, mal gré, tout notre
système de pensée, héritage des Grecs, des Romains et des Judéo-Chrétiens, se
ressent de son influence. Mais Simone de Beauvoir insiste sur l’aspect macabre du ventre maternel : « Cette gélatine
tremblante qui s’élabore dans la matrice (la matrice secrète et close comme un
tombeau) évoque trop la molle viscosité des charognes pour qu’il (l’homme) ne
s’en détourne pas avec un frisson… L’embryon glaireux ouvre le cycle qui
s’achève dans la pourriture de la mort » ( Le
Deuxième Sexe , I, 197). Il n’est donc pas étonnant de constater tant de
méfiance envers les femmes enceintes, et envers la procréation elle-même. Le Lévitique enseigne

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