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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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son sperme s’écoule à
terre, et comme il n’est pas convenable de l’y laisser, le héros le recueille
dans une jarre ( drona ). De cette jarre naît un
enfant qui sera appelé Drona et qui est un ayonija ,
c’est-à-dire un être qui n’est pas sorti d’un yoni .
Une autre légende indienne contenue dans le Commentaire
sur Sarvânukramani est à peu près identique : la nymphe céleste
Urvaçi a été bannie sur la terre par la malédiction de Mithra et de Varuna. Or
les deux dieux qui voyageaient sur la terre aperçoivent la nymphe toute nue.
Eux non plus ne peuvent résister. Leur sperme s’écoule et ils le recueillent
dans une cruche. De cette cruche naîtra l’enfant Skanda, et la malheureuse
Urvaçi sera également bannie de la Terre.
    On remarquera l’importance symbolique de la jarre ou de la
cruche, image de la matrice et son substitut. On comprendra mieux pourquoi les
peuples du premier âge du fer, après avoir incinéré leurs morts, renfermaient
leurs cendres dans des urnes, usage qui s’est perpétué ensuite chez la plupart
des Indo-Êuropéens. En Grèce, la fête des Anthisteries était la fête des Morts
qui se célébrait au printemps par des beuveries fantastiques : or le
premier jour de cette fête était la « Journée des Jarres ouvertes »,
en souvenir des jarres où les morts étaient jadis enfermés. De même en Irlande,
lors de la fête de Samain, célébrée la nuit du 1 er  novembre, et
qui était la fête des morts, les tertres, les fameux sidhs où se trouvaient les dieux et les morts, étaient ouverts : on pouvait y
pénétrer et les habitants du sidh pouvaient se
mêler aux vivants. Cette croyance a persisté longtemps en Bretagne Armoricaine,
ou, la nuit de la Toussaint, les âmes tourmentées erraient sur le bord des
chemins.
    La jarre, la cruche, puis le trou dans la terre, la caverne,
la grotte sous-marine, l’île au milieu des eaux : autant de symboles de la
femme et qui sont en même temps des symboles de mort. La Mort personnifiée est
presque toujours une femme d’ailleurs, sauf en Bretagne où nous trouvons un
personnage masculin, l’ Ankou . Wolfgang Lederer
attire l’attention sur ces statues médiévales représentant par-devant une belle
femme, adorée par un chevalier : lorsqu’on regarde le dos de la statue, on
s’aperçoit qu’il est tout rongé par la pourriture ou qu’il ressemble à celui
d’un squelette [78] . Ce n’est pas par hasard
qu’on a représenté dans les arts comme dans la littérature les sorcières comme
d’horribles vieilles femmes grimaçantes, alors qu’on sait pertinemment, d’après
les relations des procès du Moyen Âge et de la Renaissance, que les femmes
accusées de sorcellerie étaient souvent jeunes et belles. La littérature
celtique contient des exemples de ce genre ou l’on voit le héros aux prises avec
des femmes hideuses qui ne peuvent surgir que du monde de la mort.
     
    Peredur ab Evrawc (Pays de Galles) : Un jour, à la cour d’Arthur, à Kaer Llion-sur-Wysc,
devant le roi, Gwalchmai, Owein et Peredur, arrive une jeune fille aux cheveux
noirs montée sur une mauvaise mule : « Sa physionomie était rude et
grossière ; son visage et ses deux mains plus noirs que le fer le plus
noir trempé dans la poix… Elle avait les joues très relevées, le bas du visage
allongé, un petit nez avec des narines distendues, un œil gris, vert,
étincelant, et l’autre noir comme le jais, enfoncé profondément dans la tête,
les dents longues, jaunes, plus jaunes que la fleur du genêt. Son ventre se
relevait de la poitrine plus haut que le menton. Son échine avait la forme
d’une crosse. » Elle salue tous les assistants mais maudit Peredur parce
qu’il est allé au Château des Merveilles, qu’il y a été témoin d’un spectacle
étrange et qu’il n’a pas posé la question qui eût redonné la santé au roi
blessé et la prospérité à son pays. Elle ajoute cependant qu’en sa propre
demeure se trouve une belle jeune fille prisonnière et que « celui qui la
délivrerait acquerrait la plus grande renommée du monde ». C’est alors que
Gwalchmai se décide à aller tenter l’aventure qui l’amènera par la suite à la
découverte des mystères du Château des Merveilles (J. Loth, Mabinogion , II, 103-106).
     
    Cet épisode est à peu près semblable dans le Perceval de Chrétien de Troyes, de même que la
description de la hideuse demoiselle. Dans le Parzival de Wolfram

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