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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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que si la femme enfante un mâle, elle
est impure pendant sept jours et doit se purifier ensuite pendant trente-trois
jours. Si elle enfante une fille, elle est impure pendant deux semaines et doit
se purifier pendant soixante-dix jours. Parfois cette méfiance peut se changer,
pour des raisons diverses, en véritable haine, comme en témoignent des faits
divers malheureusement authentiques concernant des femmes enceintes éventrées
par des maniaques sanguinaires que l’on qualifie facilement de
« sadiques » sans trop se rendre compte des horribles fantasmes qui
dévorent l’imagination de ces malades. En tout cas, deux légendes celtiques
illustrent fort bien cette haine de la femme enceinte.
     
    Légende de Conomor et
Tryphina (Bretagne armoricaine) : Le roi Conomor (ou Kynvawr),
personnage historique qui régna au VI e  siècle
à la fois sur la Domnonée insulaire et sur la Domnonée armoricaine, veuf
plusieurs fois, épouse Tryphina, fille du roi de Vannes, Waroc’h (ou Érec). La
rumeur publique prétend que Conomor avait maltraité toutes ses femmes
précédentes dès l’instant où elles avaient eu des espérances de maternité.
Tryphina devient enceinte et remarque l’hostilité de son mari. Elle s’enfuit,
mais au terme d’une poursuite mouvementée, Conomor la rejoint et lui coupe la
tête. Mais saint Gildas (ou Weltas) remet la tête de Tryphina sur ses épaules
et la ressuscite. Elle peut ainsi accoucher d’un garçon, Tremeur, qui
malheureusement sera décapité à son tour par Conomor. Saint Gildas, par une
sorte de magie plus druidique que chrétienne, anéantit le château de Conomor
avec tous ses occupants (Florian le Roy, Bretagne des
saints , p. 211-214).
     
    La Maladie des Ulates (Irlande) : La déesse Macha, fille d’Étrange, est venue s’installer dans
la maison du paysan Crunniuc qui est veuf. Macha devient enceinte. Crunniuc va
à l’assemblée des Ulates, et à la suite d’un mot de vantardise de sa part, le
roi fait chercher Macha et l’oblige à participer à une course contre ses
chevaux. Macha, arguant son état de grossesse avancée, demande un délai. Le roi
est intraitable. Macha gagne la course et accouche de deux jumeaux. Mais elle
frappe les hommes d’Ulster et leurs descendants d’une malédiction : ils
devront souffrir périodiquement les douleurs de l’enfantement pendant quatre
jours et cinq nuits [77] . Seul le héros
Cûchulainn échappera à cette malédiction. (D’Arbois de Jubainville, L’Épopée celtique en Irlande , p. 320-325).
     
    Cette peur de la femme enceinte n’est pas étrangère au mystère
qui entoure l’acte de procréation. N’oublions pas qu’à l’aube de l’humanité, le
mâle connaissait mal son propre rôle dans la fécondation ; par la suite,
il n’y attachait pas grande importance, puisqu’il y avait promiscuité
sexuelle : tous les hommes de la horde étaient plus ou moins pères des
enfants. La femme était donc dépositaire de ce redoutable privilège. Et ce
privilège est ambigu : donner la vie à un être, en vertu de la loi de
l’équilibre, signifie prendre la vie à un autre. Le père se sent visé. C’est
pourquoi Conomor s’acharne sur ses épouses enceintes et sur son fils né par
miracle : pour lui, ce fils, c’est sa propre mort, c’est sa propre
négation. Quant à Macha, elle est victime de la conjuration des mâles :
mais elle est déesse, elle est l’héritière des anciennes civilisations
féminines. Elle se venge et inflige à ses tourmenteurs son propre mal. On voit
ici un des aspects que peut prendre la coutume de la couvade, si répandue chez
certains peuples, même de nos jours, et qui consiste pour le père, pendant que
sa femme accouche, à se mettre au lit et à simuler les douleurs de
l’enfantement.
    De cette crainte devant la parturition proviennent certaines
traditions répandues dans le monde entier et qui montrent le désir de l’homme
d’enfanter sans le concours de la femme. Ainsi Athéna sort du crâne de Zeus et
Dionysos de sa hanche. Le dieu hittite Koumarbi donne naissance à deux enfants
par deux endroits différents de son corps. L’ancêtre des Arandas, peuple
d’Amérique, Bandicoot, accouche d’un fils qui lui sort des aisselles. Le
Mahâbhârata indien (I, 67) raconte comment Bharadvâja, sur le point d’être
sacré roi et donc tenu à la plus stricte continence, aperçoit soudain la jeune
Ghritâci dévêtue. Il ne peut résister à son désir :

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