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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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bataille de Camlann, arrive sur
le rivage de la mer, en compagnie du chevalier Girflet, il demande à celui-ci
de s’éloigner. Un violent orage éclate, puis apparaît « sur la mer une nef
remplie de dames ». L’une de ces femmes est la fée Morgane, sœur du roi.
Elle appelle Arthur qui pénètre dans la nef. La nef s’éloigne et on dit qu’elle
« s’en alla tout droit à l’Île d’Avalon où le roi Arthur vit encore,
couché sur un lit d’or » ( La Mort du roi Arthur ).
« L’Île des Pommiers est aussi appelée Île Fortunée parce que toute
végétation y est naturelle. Il n’est point nécessaire que les habitants la
cultivent… Les moissons y sont riches et les forêts y sont couvertes de pommes
et de raisins… Neuf sœurs y gouvernent… De ces neuf sœurs, il en est une qui dépasse
toutes les autres par la beauté et la puissance. Morgane est son nom, et elle
enseigne à quoi servent les plantes, comment guérir les maladies. Elle connaît
l’art de changer l’aspect d’un visage, de voler à travers les airs, comme Dédale,
à l’aide de plumes… C’est là qu’après la bataille de Camlann nous conduisîmes
Arthur blessé… Morgane nous reçut avec les honneurs qui convenaient. Elle fit
porter le roi dans sa chambre, sur une couche d’or… Elle le veilla longtemps
et, enfin, elle lui dit qu’il pourrait retrouver la santé si, avec elle, il
restait dans cette île et acceptait ses remèdes » (Geoffroy de Monmouth, Vita Merlini , J. M., L’Épopée
celtique en Bretagne , p. 120). « Cette île entourée par
l’Océan n’est affligée d’aucune maladie. Il n’y a pas de voleur, pas de
criminel. On n’y voit pas de neige, pas de brume, pas de chaleur immodérée. Il
y règne une paix éternelle. Les fleurs n’y manquent jamais… ni les fruits sous
les frondaisons. Les habitants sont sans défaut, ils sont toujours jeunes. Une
vierge royale gouverne cette île, plus belle que les belles » (Guillaume
de Rennes, Gesta Regum Britanniae ).
     
    L’Île au milieu de l’Océan et qui possède toutes les apparences
du paradis est un symbole facilement explicable : c’est encore l’image de
la vie intra-utérine projetée dans l’espace et déplacée du passé réminiscent au
futur intemporel. Il n’y a ni mort, ni maladie. Les fruits, surtout les pommes,
y sont naturels et abondants. La vieillesse est inconnue. En fait c’est le fameux
âge d’or qui hante l’imagination des hommes depuis des millénaires, c’est le
calme et paisible état du fœtus protégé par la chaleur de la mère, nourri par
elle, dans un monde clos – un verger, une grotte, une île, une forteresse
inexpugnable – où l’on ne connaît pas encore la distinction entre le Bien et le
Mal et où, par conséquent, non seulement la vie morale n’existe pas encore,
mais également la vie psychique consciente, celle qui repose sur la distinction
entre le Moi et le Non-Moi.
    Et cette île est l’Île des Pommiers, comme l’Éden était le
Verger des Pommes, comme le Jardin des Hespérides contenait des Pommes d’Or. Le
nom d’Avalon vient du mot celtique signifiant la « pomme » (breton et
gallois aval , comparer anglais apple et latin malum ).
Dans les légendes irlandaises, l’Île des Femmes, vers laquelle se dirige le
héros Brân, s’appelle Émain Ablach , et les
poètes vantent les pommiers qui y poussent ainsi que la beauté des pommes.
D’après Pline l’Ancien ( Hist. Nat . XXXVIII,
35), les Teutons, peuple celtisé, faisaient le commerce de l’ambre avec les
habitants de l’île d’Abalum, aujourd’hui Oesel sur la côte orientale de la
Baltique. Il y avait dans cette île un village appelé Aboul, et ce nom, comme
celui d’ Abalum , comme celui de l’île italienne Abella Malifera , provient de la même racine
qu’Avalon. Il faut d’ailleurs signaler que la tradition brittonique fait de
Morgane la fille d’Évallach, nom que nous retrouvons dans la Quête du Graal comme étant celui du roi Mordrain
avant son baptême, ce roi étant un des doublets de Pellès le Riche Roi-Pêcheur,
gardien du chaudron sacré, ou du Graal si l’on préfère, c’est-à-dire d’un objet
en forme de vase dont le symbolisme féminin ne fait aucun doute.
    Et ce qui est remarquable, c’est que les Celtes aient placé
leur paradis sous une juridiction qui échappait totalement à l’organisation
paternaliste qui, malgré certaines particularités, était la leur.

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