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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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L’Île
d’Avalon, ou sa correspondante gaélique Émain Ablach, est régie par des femmes
dans le cadre d’une organisation matriarcale. Nous pouvons nous poser deux questions
qui peuvent demeurer sans réponse : est-ce le souvenir d’une époque
antérieure où la Femme régissait la société (celtique ou pré-celtique), ou
est-ce uniquement la projection des désirs inconscients du regressus ad uterum  ? Il est probable que ce
furent les deux à la fois. De toute façon, ce mythe de l’Île des Femmes n’est
pas une création littéraire du Moyen Âge, ni des auteurs français de romans de
la Table-Ronde : il existait depuis bien longtemps, comme en témoignent
les auteurs de l’antiquité grecque et latine :
     
    Pomponius Mela (III, 6). « Vis-à-vis des côtes celtiques, s’élèvent quelques îles qui
prennent toutes ensemble le nom de Cassitérides parce qu’elles sont très riches
en étain. Celle de Séna, placée dans la Mer Britannique (= La Manche),
vis-à-vis de la côte des Osismi (Finistère-Nord), est renommée par un oracle
gaulois dont les prêtresses, consacrées par une virginité perpétuelle, sont,
dit-on, au nombre de neuf. Elles sont appelées « gallicènes », et on
leur attribue le pouvoir extraordinaire de déchaîner les vents et les tempêtes
par leurs enchantements, de se métamorphoser en tel ou tel animal selon leur
désir, de guérir les maux réputés incurables, enfin de connaître et de prédire
l’avenir ; mais elles réservent exclusivement leurs remèdes et leurs
prédictions à ceux qui n’ont voyagé et navigué que dans le but de les
consulter. »
     
    Strabon (IV,
4) : « Dans l’océan, pas tout à fait en pleine mer, mais juste en
face de l’embouchure de la Loire, Posidonios nous signale une île de peu
d’étendue où habitent soi-disant les femmes des Namnètes. Ces femmes, possédées
de la fureur bachique, cherchent par des mystères et d’autres cérémonies
religieuses à apaiser, à désarmer le dieu qui les tourmente. Aucun homme ne met
le pied dans leur île, et ce sont elles qui passent sur le continent toutes les
fois qu’elles veulent avoir commerce avec leurs maris. »
     
    On remarquera que la description faite par Pomponius Mela,
écrivain et géographe ibérique romanisé, correspond en tous points avec ce que
dit Geoffroy de Monmouth au XII e  siècle.
Pomponius Mela semble considérer les femmes qui habitent cette île comme des
Vestales, des Vierges, encore qu’il nous faudra ultérieurement définir ce que
les écrivains anciens entendaient par « vierges », tandis que
Strabon, sur la foi de Posidonios, les considère comme des Bacchantes ayant
commerce avec les hommes. Morgane et ses sœurs sont plutôt du genre « bacchantes »,
selon les différents récits qui concernent la sœur du roi Arthur, « la
plus chaude et la plus luxurieuse de toute la Grande-Bretagne », comme le
dit l’auteur du Lancelot en prose . Quoiqu’il
en soit, cette île-paradis est une tradition très ancienne dont on retrouve les
traces même dans le folklore. L’Île de Séna est peut-être, malgré le fait
qu’elle soit placée par Pomponius Mela dans la Manche, l’île de Sein, qui passe
pour être l’Autre Monde, de l’autre côté de la Baie des Trépassés et de l’Enfer
de Plogoff [97] . On a même essayé de
localiser Avalon, soit en Bretagne armoricaine, dans l’Île d’Aval, non loin de
Trébeurden (Côtes-du-Nord), soit en Grande-Bretagne, à l’île de Môn (Anglesey),
et surtout dans l’ancienne abbaye de Glastonbury, au
milieu des marécages [98] . Ces localisations ne
peuvent avoir aucune valeur puisqu’il s’agit d’une île en dehors du temps et de
l’espace du monde des vivants. C’est d’elle que nous entretient Plutarque dans
son De Defectu Oraculorum (XVIII) :
« D’après Démétrios, parmi les îles qui entourent la Bretagne…
quelques-unes tirent leurs noms de démons ou de héros… Il aborda dans la plus
proche de ces îles désertes… À son arrivée, un grand trouble venait de se
manifester dans l’air, accompagné de nombreux signes célestes. Les vents
soufflaient avec fracas et la foudre tomba en plusieurs endroits. Le calme
étant revenu, les habitants lui dirent qu’il s’était produit une éclipse de
quelque être supérieur… Là, ajoute-t-il, se trouve Kronos endormi, gardé par
Briarée. Le sommeil a été le lien inventé pour le retenir prisonnier. Autour de
lui, il y a

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