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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Pierre Bercheur, on trouve une
aventure significative de Gauvain qui, s’étant enfoncé sous les eaux d’un lac,
pénètre dans une forteresse : à l’intérieur se trouve un repas tout préparé
auquel Gauvain fait honneur ; ensuite il est témoin d’un spectacle qui se
réfère étrangement au cortège du Graal archaïque tel qu’il est décrit dans Peredur . Un récit irlandais assez touffu relate une
aventure dans le monde sous-marin :
     
    L’Expédition de
Loégairé, fils de Crimthann (Irlande) : Les hommes de Connacht sont
assemblés près du Lac des Oiseaux. Alors surgit de la brume un guerrier
mystérieux qui déclare être « des gens de Féerie », et qui demande
l’aide de quelques héros pour reprendre sa femme qui a été enlevée par un
ennemi. Loégairé, fils de Crimthann, accepte de secourir Fiachna – c’est le nom
du personnage féerique – et il entraîne avec lui « cinquante guerriers à
sa suite ; il plonge devant eux sous le lac ; ils plongent après lui.
Ils virent en face une forteresse, et une bataille vis-à-vis ». Léogairé
et ses hommes obtiennent la victoire et délivrent la femme. En récompense,
Léogairé obtient la fille de Fiachna, qui s’appelle Der Greine, et demeure un
an dans le pays féerique. Au bout d’un an, comme Loégairé et ses compagnons
manifestent le désir d’aller prendre des nouvelles de leur pays, Fiachna leur
dit de prendre des chevaux et de n’en point descendre. Ils arrivent ainsi au-dessus de l’assemblée de Connacht, disent adieu à
leurs parents et reviennent dans le pays merveilleux (G. Dottin, L’Épopée irlandaise , p. 53-55).
     
    Les variantes du thème initial sont importantes. Il s’agit,
dans ce récit, de la reconquête d’une femme. Mais cette reconquête se double
d’une conquête d’une autre femme, celle d’une femme féerique, donc de l’autre
monde, par un personnage du monde réel. Et le nom de cette femme féerique est
révélateur : elle s’appelle Der Greine, ce qui nous fait penser à Grainné,
femme de Finn, qui s’enfuit avec Diarmaid et se cache dans une caverne. Car Greine ou Grainné veut dire « soleil » : elle est donc un des aspects de la Déesse
féminine solaire qui semble avoir été commune aux indo-européens primitifs.
Donc le mythe de la Princesse Engloutie sous les eaux se double ici du Mythe
Solaire essentiel, à savoir que le soleil disparaît pendant un certain temps de
l’autre côté du vaste océan qui entoure la terre, mythe solaire dont nous avons
des traces archéologiques indéniables à l’âge du bronze, ne serait-ce que par
les fameux chars solaires des civilisations de la Baltique.
    Précisément ce thème solaire paraît sinon d’origine nordique
– hyperboréenne même – du moins avoir été exploité plus particulièrement par
les populations du nord de l’Europe, celles de la grande plaine asiatique et
même jusqu’aux rivages du Pacifique. C’est dans une légende japonaise que nous
en retrouvons l’équivalent. La déesse-soleil Amaterasu s’était en effet cachée
dans une caverne parce qu’elle avait pris ombrage de la conduite de son frère.
Elle refusait de sortir (image de l’angoisse ancestrale des hommes de ne plus
voir le soleil surgir au matin). Tous les dieux se rassemblèrent devant la
caverne, avec un miroir pour refléter la déesse. Puis la déesse Amano Uzume
exécuta une danse obscène qui fit rire tous les dieux. Par curiosité Amaterasu
sortit de la grotte et illumina le monde.
    Ce soleil caché dans une caverne, ou sous les eaux, quand on
connaît l’habitude celtique de donner au soleil les caractères féminins, nous
fait comprendre le schéma de toutes les légendes relatives à la Princesse
Engloutie, dépositaire des trésors et des secrets, et qui attend qu’un
audacieux vienne la réveiller ou la délivrer. De plus, l’image ronde du soleil
sur les eaux nous conduit à examiner un autre aspect du même mythe qui a
revêtu, chez les Celtes, une importance toute particulière, celui de l’Île où
règne la Princesse. Nous l’avons déjà vu dans la Navigation
de Maelduin et dans la Navigation de Brân ,
nous le retrouvons sous sa forme la plus élaborée et qui est également la plus
célèbre, celle de la légende de Morgane et de l’Île d’Avalon dont les Romans de
la Table ronde ont répandu l’image à travers le monde entier.
     
    L’île d’Avalon  :
Lorsque le roi Arthur, blessé mortellement à la

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