La Femme Celte
mystérieusement
dans l’écurie d’un homme de Gwent, un certain Teyrnon. Chaque nuit des calendes
de mai, sa jument avait l’habitude de mettre bas un poulain, et ce poulain disparaissait
toujours sans qu’on sache ce qu’il devenait. Cette nuit-là, Teyrnon monte la
garde, et non seulement il trouve un poulain nouveau-né, mais également un
petit garçon emmailloté et enveloppé dans un manteau richement orné. Teyrnon
élève l’enfant à qui il donne le nom de Gwri Gwallt Euryn (Gwri aux cheveux
d’or). À l’âge de trois ans, l’enfant qui s’est pris d’amitié pour le poulain
le dompte et le monte. Teyrnon, ayant entendu parler de l’aventure de Rhiannon,
décide d’emmener l’enfant à la cour de Dyvet. Rhiannon leur propose de les
emmener sur son dos. L’enfant refuse. Teyrnon raconte toute l’histoire à Pwyll
et à Rhiannon qui reconnaissent ainsi leur enfant, Rhiannon s’écrie qu’elle est
délivrée de son « souci » (Pryderi), donnant ainsi à son fils son nom
définitif de Pryderi. Pryderi grandit et devient un beau jeune homme. Après la
mort de Pwyll, il devient roi de Dyvet et épouse une certaine Kicva. Après la
désastreuse expédition de Brân en Irlande, il est parmi les sept survivants qui
continuent à mener une vie magique en entendant chanter « les oiseaux de
Rhiannon dont le chant réveille les morts et endort les vivants ». Il
revient à Arberth avec Manawyddan, fils de Llyr. Manawyddan épouse Rhiannon.
Mais un enchantement s’abat sur le Dyvet et la terre devient déserte. Rhiannon,
Kicva, Pryderi et Manawyddan, qui sont les seuls êtres vivants sur le
territoire, épuisent les provisions, puis vont chercher fortune ailleurs. Ils
reviennent à Arberth munis de nouvelles provisions. Un jour, ils voient un
sanglier blanc disparaître dans une forteresse qu’ils n’avaient jamais
remarquée. Pryderi le poursuit jusque dans la forteresse. Celle-ci est déserte.
Au milieu de la cour, il y a une fontaine, avec une coupe d’or attachée par des
chaînes qui se dirigent en l’air et dont on ne voit pas l’extrémité. Pryderi
saisit la coupe, mais au même instant, il perd la voix, et ses deux mains
s’attachent à la coupe. Rhiannon s’inquiète de ne pas revoir son fils. Après avoir
réprimandé Manawyddan qui n’est pas allé à son secours, elle pénètre elle-même
dans la forteresse. Elle veut délivrer Pryderi, mais il lui arrive la même
chose qu’à celui-ci. « Ensuite, aussitôt qu’il fut nuit, un coup de
tonnerre se fit entendre, suivi d’un épais nuage, et le fort et eux-mêmes
disparurent. » Heureusement Manawyddan parvient à faire cesser
l’enchantement qui pesait sur Dyvet et qui était dû à Llywyt, fils de Kilcoet,
lequel voulait venger Gwawl sur Pryderi et Rhiannon. On apprend que pendant
leur disparition, la mère et le fils étaient domestiques à la cour de Llwyt et
que Rhiannon, en particulier, portait à son cou « les licous des ânes
après qu’ils avaient été porter le foin ».
Le plus remarquable, dans cette saga de Rhiannon, est incontestablement le lien qui existe entre le cheval, ou
plutôt la jument, et le personnage de la Déesse. Elle est d’abord la Cavalière : elle apparaît montée sur un cheval blanc , et elle vient chercher l’amour du roi Pwyll.
C’est l’image de la déesse de l’Autre Monde, de la Fée tombée amoureuse d’un
mortel et qui vient le ravir dans le pays de l’éternelle jeunesse. Le cheval
est un symbole solaire : c’est le cheval qui tire le char du soleil et qui
lui fait parcourir l’espace de la nuit. Mais la Cavalière, de ce fait, n’est
pas seulement une image de la mort, elle est aussi celle de la résurrection.
Son cheval est blanc, couleur du jour, et pourtant elle vient de la nuit. C’est
sur le tertre d’Arberth que Pwyll la voit pour la première fois : le
tertre d’Arberth est un tertre magique ; on n’y va jamais une seule fois
sans y être témoin d’un prodige. Il est identique à ces tertres d’Irlande, ces sidhs , où vivent les Tuatha Dé Danann, où vivent les
fées. Or Rhiannon surgit de ce tertre, elle est bien Notre-Dame de la Nuit.
D’autre part, son fils Pryderi est nettement assimilé à un
poulain. On le retrouve dans l’écurie de Teyrnon, aux côtés d’un poulain qui
vient de naître ; et ce poulain, il le domptera et le montera dès l’âge de
trois ans. D’après son premier nom, Gwri Gwallt Euryn, le jeune Pryderi a
Weitere Kostenlose Bücher