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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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défenses. Le
thème du sanglier n’est évidemment pas spécial aux Celtes, car nous le
retrouvons par derrière le mythe d’Aphrodite, qui est l’une des plus anciennes
déesses du monde hellénique. En effet, Aphrodite est certes une divinité surgie
des eaux, née de l’écume de la mer et des testicules d’Ouranos châtré par
Kronos, mais son nom est significatif. Nous y remarquons le terme Dite ( Ditis-Daitis )
qui est le nom d’une divinité des eaux d’Asie Mineure, et qui est devenue la
Tethys de la légende grecque, et surtout le terme Aphro que nous retrouvons dans le nom du mois d’avril ( Aprilis )
et qui provient du mot aper , qui signifie
« sanglier » en latin.
    Et il semble que tous les fantasmes masculins se soient cristallisés
sur la Déesse-Truie ou la Déesse-Sanglier. On a refoulé l’image de la déesse,
de celle qui apportait la prospérité et l’amour. On a gardé l’image de la
sexualité la plus basse attachée à l’idée de sang et de pourriture. En fait la
Déesse-Truie est devenue la Cochonne avec tout
ce que ce mot comporte de sens réel ou figuré dans le vocabulaire
contemporain : un cochon , ce n’est pas
seulement un homme qui est sale et qui ne se lave pas, c’est aussi un homme qui
fait des cochonneries (sous-entendez des
fornications plus ou moins bizarres). Les livres pornographiques sont des
livres cochons . Quant à la femme qui se permet
d’user de son sexe comme elle l’entend, et sans attendre la permission de
l’homme, c’est une cochonne [115] .
    Car nous y voici. La Déesse, c’est la Femme, et la Femme est
dangereuse, malsaine, terrifiante. Les hommes l’avaient engloutie au fond de la
mer ou au fond d’une caverne. « Il y a un cochon qui sommeille au fond de
chaque homme ». Formule bien connue, mais ne cherchons pas plus
loin : il y a une femme qui sommeille au fond de chaque homme, et c’est
cette femme que le surmoi de l’homme culpabilise au maximum, tout en souhaitant
secrètement qu’elle se réveille pour de bon. Et par là c’est le rappel de tous
les cultes de la déesse-mère, cultes qui se distinguent tous par une impudeur
totale.
    Dans la tradition japonaise, pour faire sortir la
déesse-soleil Amaterasu de la caverne où elle se cache, la déesse Ama-no-uzume,
tenant dans ses mains un bouquet de feuilles de bambou, monte sur une sorte de
pirogue renversée et se met à danser. Possédée par l’esprit divin, elle exhibe
ses seins et baisse ses vêtements jusqu’à son sexe. Les dieux se mettent à
rire, et Amaterasu sort de sa caverne [116] . Il faudrait comparer à
cette scène les séances de strip-tease du monde contemporain, et aussi la
véritable furor divine qui anime certaines
filles, lors des concerts de pop-music, qui se dénudent pour danser dans une
sorte de délire inconscient. Et ne parlons pas du sabbat des sorcières, réel ou
imaginé, où les femmes dansent avec Lucifer, sous l’égide de Diane, la grande
déesse antique, cette Diane-Artémis que l’on représente souvent, dans la
statuaire, en train de retrousser son vêtement pour montrer son sexe à ses
zélateurs. Et par là surgit encore le souvenir de la prostitution sacrée qui accompagnait
presque obligatoirement le culte de la déesse : à Babylone, où les filles
des nobles se prostituaient dans le temple de la déesse Anahita, dans toute
l’Asie Mineure, en Grèce, en Inde. Écoutons Hérodote : « La pire des
coutumes babyloniennes est celle qui oblige toutes les femmes de ce pays à se
rendre dans le temple, une fois dans leur vie, pour y avoir des rapports
sexuels avec un homme inconnu… Les hommes passent et font leur choix. Peu
importe la somme d’argent qu’ils versent, la femme ne la refusera jamais car ce
serait un péché, l’argent étant rendu sacré par l’acte qui s’accomplit. Après
cet acte, la femme est sanctifiée aux yeux de la déesse. » Et qui est
cette déesse ? Ischtar, bien entendu, la déesse primordiale, « déesse
du désir, déesse de la vie, courtisane de l’amour, putain sacrée du
temple », Ischtar qui déclare par la voix de ses oracles : « Je
suis une prostituée compatissante. » Il est évident que de tels souvenirs
ne peuvent être tolérés par l’homme « civilisé », au sein d’une
société androcratique fondée sur le mariage monogamique et sur la fidélité
absolue de l’épouse, gardienne du foyer. Car la fidélité de l’épouse,
soulignons-le, n’a été inventée

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