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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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par l’homme que pour protéger son
héritage : par la filiation masculine, le fils doit succéder au père, le
fils doit donc être le fils du père et non pas
le fils de la mère . L’homme peut donc courir
les aventures féminines, ce n’est pas dangereux pour la filiation
patrilinéaire, mais le contraire serait la négation de cette filiation, puisque
la femme pourrait concevoir d’un autre : ce serait le retour à la
filiation matrilinéaire, laquelle apparaît encore très nettement, nous l’avons
déjà dit, dans les usages celtiques, et surtout dans les traditions
mythologiques des Celtes. Voilà pourquoi l’adultère des femmes a été si
sévèrement condamné dans toutes les sociétés paternalistes. La société celtique,
qui est encore à mi-chemin entre la formule gynécocratique et la formule
androcratique, est beaucoup plus large sur ce sujet. Mais déjà, dans les
traditions archaïques des Celtes, l’Être Féminin Divin tout de blanc vêtu
(Rhiannon sur un coursier blanc, Goleuddydd-brillant-jour,
Gwenhwyfar-fantôme-blanc et son équivalent irlandais Finnabair, la Jument
grise, le Blanc Porc ou la Truie Blanche) est devenu Twrch Trwyth, le destructeur,
ou Henwen (encore blanche mais vieille). On a oublié que la Putain Sacrée était
bénéfique. N’est-ce pas Acca Larentia qui éleva Remus et Romulus ? Mais
Acca Larentia était une prostituée qui fit don à l’État de ses richesses
gagnées avec son métier. D’ailleurs la mère de Remus et de Romulus était une
Vestale qui se prostituait au temple ; elle eut seulement la chance d’être
enceinte à cause du dieu Mars. La reine Medbh de Connacht se montre très
généreuse de son corps : chaque fois que l’intérêt de son tuath est en jeu, elle n’hésite pas à proposer
« l’amitié de ses cuisses » à celui qui pourrait être utile. Son mari
le roi Ailill ne s’en offusque certes pas ; il se contente de
déclarer : « il le fallait pour le succès de l’entreprise ».
    Mais c’est cela même qui est dangereux pour l’autorité masculine.
Lorsqu’elle peut user à sa guise de son sexe [117] , la femme est capable
de tout. Rappelons-nous que dans la théologie indienne, Çiva, qui personnifie
Brahma, le grand Tout indifférencié, est mâle, mais qu’il ne peut rien faire
seul : c’est un être passif , il est assis
en une contemplation intérieure hors du temps. Pour agir, il a besoin de son
épouse Çakti qui est l’énergie en action, le dynamisme du temps. Or si l’homme
a besoin de la femme, il tente de restreindre le pouvoir de celle-ci. Voilà
pourquoi les lois morales masculines interdisent à la femme le libre usage de son sexe : elle pourrait aller
trop loin et compromettre le fragile mais tenace édifice social construit exclusivement
par l’homme et pour son propre bénéfice, la société paternaliste qui est la
nôtre. Et cela va plus loin qu’on ne pense, comme le fait remarquer Herbert
Marcuse, reprenant une thèse de Freud : « Les relations libidineuses
libres sont par essence antagonistes avec les relations de travail ; seule
l’absence d’une satisfaction totale rend possible et soutient l’organisation sociale
du travail. Même sous les conditions optima d’une organisation rationnelle de la société, la satisfaction des besoins humains
exigerait du labeur, et ce fait seul imposerait des restrictions instinctuelles
quantitatives et qualitatives, et par là de nombreux tabous sociaux. Quelque
riche qu’elle soit, la civilisation dépend d’un travail méthodique et régulier,
et aussi d’un report désagréable de la satisfaction. Puisque
les instincts primaires sont, de par leur nature même, rebelles à un tel
report, leur transformation répressive demeure une nécessité pour toute
civilisation [118] . »
    Par conséquent les relations sexuelles libres – symbolisées
par l’image de la Déesse, par Notre-Dame de la Nuit – sont dangereuses parce
qu’elles se termineraient par une satisfaction complète des désirs instinctuels
de l’homme (et de la femme). Or cette satisfaction pleine et entière serait
suivie d’un état de latence, pour ne pas dire de sommeil. Traduisons par la
perte de l’énergie qui doit être dépensée en vue du progrès de la société
humaine ; plus de désirs, plus d’action, c’est bien connu. Nous sommes
proches de l’ état de nirvâna , où tout désir de
vivre est aboli. Autrement dit, nous assisterions à un regressus ad

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