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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’invention d’une « ceinture contentive » ( sic ) à l’usage des femmes, et qui recommandait de
cautériser au nitrate d’argent les parties sensibles des jeunes filles enclines
à « se manueliser ». D’autres brillants médecins, approuvés par les
autorités ecclésiastiques, prônaient – et pratiquaient – la clitoridectomie,
afin sans doute d’enlever le diable du corps de la femme, sans parler des
nombreux traités sur le mariage qui conseillaient à la femme de « subir
l’acte marital » en faisant bien attention de ne pas « se laisser
aller à des mouvements brusques qui pourraient rompre les relations ou blesser
gravement l’organe viril en le tordant ou en le contusionnant [122]  ».
Il y aurait de quoi rire si tout cela n’avait eu des conséquences désastreuses
sur la psychologie féminine.
    Il est vrai que tous ces gens avaient d’illustres
prédécesseurs. « À l’heure où le Serpent se mêla avec Ève, il jeta en elle
une souillure qui continue à infecter ses enfants » ( Talmud , traité Schabbat, 146). « Il faut
toucher sa femme prudemment et sévèrement, de peur qu’en la chatouillant trop
lascivement, le plaisir ne la fasse sortir hors des gonds de la raison »
(Aristote). Car trop bien caresser une femme « c’est chier dans le panier
pour après se le mettre sur la tête » (Montaigne). On remarquera au
passage la délicatesse de ce grand écrivain français qui fait les délices d’une
université aussi dépassée que l’est le jean-foutre en question. Nous avons déjà
dit que l’homme, dans l’acte amoureux, est en réalité le vaincu. Il ne pardonne
pas cela à sa partenaire, qui en l’occurrence est son ennemie. Il ne pardonne
pas non plus à la femme la possibilité quasi illimitée qu’elle a de faire se
succéder les orgasmes, alors que lui, il lui faut récupérer avant d’attaquer le
second acte. À vrai dire, il s’en inquiète. Qu’a donc la femme de si
extraordinaire et de si étonnant ? Cela tient de la magie. Et il n’y a pas
loin de la magie au diable. C’est donc le diable qui inspire les cochonneries . C’est le diable qui modèle la femme et
lui donne cette forme repoussante de Truie, sans cesse menaçante, sans cesse
attirante, sans cesse dénoncée par de braves types qui finissent par avoir
réellement peur [123] . On comprend alors
comment un homme comme Drach, rabbin du XII e  siècle
converti au catholicisme, puisse s’effaroucher du commentaire rabbinique
moderne d’une formule ancienne (Médrash Yalkut, à propos de Jérémie, article
315) disant : « Voici que Iaweh créera une chose nouvelle sur la
terre : une femme enveloppera un homme. » Le commentaire vise à dire
qu’au temps de l’avènement du Messie, la femme recherchera l’homme, au lieu que
maintenant l’homme recherche la femme. Et Drach de s’écrier que cette idée est
horrible et que c’est « un état de choses qui est aussi loin du sublime
que le ciel l’est de la terre, qui choque les mœurs de toutes les nations et
dégrade la femme. Il n’y a peut-être pas de spectacle plus hideux que de voir
le sexe timide rejeter la pudeur qui est son plus bel ornement et la première
gardienne de sa vertu [124]  ». Après cela, il
n’y a plus qu’à fermer le ban et à s’en aller au Café du Commerce se raconter entre hommes les dernières histoires cochonnes dont le sujet est éternellement celui des
femmes.
    Car de même que l’homme invente la figure de la
déesse-truie, en quelque sorte pour son auto-défense, il va inventer, pour sa
satisfaction (il ne faut jamais s’oublier), des substituts acceptables pour son
orgueil de mâle, des substituts qui ne seront pas dangereux pour sa force, et
dans lesquels il ne risquera pas de s’engloutir comme dans la caverne où règne
Notre-Dame de la Nuit. Et c’est alors que naissent ce qu’on appelle improprement
la gauloiserie (c’est-à-dire de l’obscénité qui n’ose pas s’étaler au grand
jour), puis la grivoiserie, et par ordre croissant l’Érotisme (très littéraire
et bien porté) et la Pornographie (sordide ou géniale). Ce qu’il y a de
remarquable dans tous ces substituts, c’est qu’ils n’offrent aucun
danger : ils sont sans objet . Prenons par
exemple la Pornographie : ce n’est ni plus ni moins que de la sexualité
qui tourne à vide et qui n’atteint jamais une satisfaction totale. C’est un
élément indispensable à toute société paternaliste – et

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