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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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de fer. Ogier fut heureux de sentir à nouveau sur sa peau, protégée par son plastron, la confession de Jean de Montfort.
    – Viens, Thierry !
    À peine eurent-ils trotté cinquante toises que des hommes d’armes sortirent d’un bosquet et les menacèrent de leurs vouges et de leurs épieux.
    – Qui va là ? Si vous êtes Anglais, rendez-vous !
    Ogier mit un terme à la joie du sergent commandant ces piétons à visages de bourgeois :
    – Nous sommes au comte d’Alençon, frère du roi de France. Nous venons nous joindre à vous. Conduis-nous auprès de Godemar du Fay : il nous connaît.
    À la suite du seul sergent, ils remontèrent les rangs fournis d’une piétaille constituée, pour l’avant-garde, de coustiliers et de vougiers. Dénombrant les porteurs d’armes à corde marchant derrière, Ogier fut satisfait : s’il y avait au moins trois cents arbalétriers, il devait bien y avoir six cents archers : ces hommes pourraient contenir l’ardeur des Goddons dès qu’ils s’élanceraient dans la Somme.
    – Combien de piétons êtes-vous ?
    – Deux mille soudoyers à l’avant, messire ; six cents armures à cheval, puis deux mille bidaus et cinq mille guicliers (349) . Mais tenez, voici nos chefs !
    Armés de toutes pièces, Godemar du Fay et ses capitaines conduisaient au pas des roncins houssés de soie ou de lin. Derrière, le torse pris dans un jaseron de mailles, leurs écuyers tenaient leurs bannières ; derrière encore et menés par des sergents à pied, des sommiers portaient quatre ou six lances aux fers protégés par des étuis de cuir.
    – Que croient-ils donc, Thierry ? Qu’ils vont à une joute ?
    Le gouverneur du Tournaisis s’étant détourné pour contempler ses hommes, Ogier continua :
    – Il doit se dire qu’il possède là un bien bel engin de guerre. Le tout est de savoir s’il saura s’en servir… Tiens, il me reconnaît !
    Malgré sa lourde suffisance, du Fay condescendit à se montrer courtois :
    – Fenouillet !… Pour un chevalier qu’on avait dit mort, vous me semblez bien remuant !… Êtes-vous venu de votre propre gré ? Si c’est cela, vous pouvez vous en retourner !
    Ogier fut irrité par cette voix melliflue, cauteleuse ; par tout ce que cet homme exprimait de lourdeur sans que son armure y fût pour quelque chose. Quelle arrogance dans ce visage froid, limité aux yeux, au nez et à la bouche par l’ovale du bassinet surmonté de pennes de faisan !
    – C’est Charles de Valois qui m’envoie, messire, pour voir comment vous remplissez votre tâche. Alors, de grâce, cessez de me considérer de votre haut… Ensuite, avez-vous bonne mémoire ?… Que vous avais-je annoncé, à Chauvigny ? Vos Flamands couards et bons à rien sont prêts à vous agacer !
    Voyant les compagnons de ce connétable d’occasion s’interroger du regard, il crut comprendre qu’ils ne l’aimaient guère.
    – Dans quelques jours, je m’occuperai des Flamands, Fenouillet… Avez-vous aperçu des Goddons ? J’ai idée que voyant tous nos ponts bien gardés, ils ont reculé vers Dieppe où leurs nefs les attendent…
    Ogier mit dans son rire autant de dérision qu’il en avait découvert sur le visage et dans les propos de cet outrecuidant :
    – Édouard et ses hommes vous attendent, vous et les vôtres, au détour de la Somme, là-bas… juste en face du gué nommé la Blanche-Tache dont je sais que vous connaissez au moins le nom… et peut-être l’emplacement.
    Il vit le gouverneur du Tournaisis blêmir.
    « Je l’ai jugé hautain et bête. Est-il aussi couard qu’un geai dont il a l’œil petit et dansant ? »
    Maintenant, sourcils froncés, du Fay regardait vers le coude du fleuve, imaginant cette armée qu’il allait devoir affronter.
    – Combien sont-ils, selon vous ? interrogea un chevalier à la droite de Champartel.
    – Trente mille, Picquigny ! répondit le gouverneur, devançant Ogier qui demanda :
    – Et vous, combien êtes-vous vraiment ?
    –  Douze mille, fit un chevalier à la face pâle, aux yeux noirs, globuleux.
    – C’est à moi de répondre, Caumont ! aboya du Fay.
    – Bien, dit un troisième dont Ogier pensa qu’il s’agissait de Jean du Cange. Puisque vous nous menez, messire, quelles actions maintenant devons-nous accomplir ?
    Du Fay déchantait. « Quelle essoinne (350)  ! » se disait-il.
    Il eût fallu commander aux piétons de courir jusqu’au gué et les disposer

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