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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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goupillon :
    – Il nous faut tous, Richard, nous assembler là-bas. Il y a des villages à l’entour auxquels les Goddons n’ont pas touché. Nos gens y trouveront logis… Je ferai pendre ce Godemar (362)  !
    Dans les rangs des piétons, un chant montait, véhément :
    … et crever sous un coup de taille
    À eux l’or et à nous la paille !
     
    Ha ! le bel estour sans merci
    Que la bataille
    Que la bataille
    – Bon sang ! hurla le comte d’Alençon, j’exige qu’on les fasse taire…
    – Monseigneur, dit Ogier, ils se donnent du cœur au ventre… Qui sait s’ils vivront demain !
     
    *
     
    Au soir de ce jeudi 24 août, à quelques toises d’Abbeville, Thierry, le Moyne de Bâle et Ogier se retrouvèrent auprès d’un feu sur lequel cuisait la soupe d’une compagnie de Génois.
    – Hé bien, messires les chevaliers, leur dit un arbalétrier, voilà encore une journée d’allées et venues inutiles…
    – Vaut mieux ça, dit un autre, que quelque grand hutin à la suite duquel nous serions peut-être morts. Je ne sais si nous rejoindrons les Goddons et leur livrerons bataille, mais ce dont je suis sûr, Giulio, c’est que j’ai peine à porter mon pavois !
    Le Moyne de Bâle baissa la voix :
    – Les Goddons ne sont pas loin… Je suis sûr que leurs coustiliers errent dans les champs tout proches d’où nous sommes pour aviser Édouard de ce que nous faisons…
    Il était écorché à la pommette droite : une sagette. Parti d’Abbeville avant l’aube avec quatre cents chevaliers du roi de Bohême et autant de Jean de Hainaut, il avait assailli l’avant-garde anglaise peu après son passage à la Blanche-Tache. Comme tous les survivants de cet assaut, il avait dû, le cœur gros, tourner bride sous la poussée de Northampton et de ses hommes.
    – Il paraît, dit-il, qu’Édouard chevauche vers le Vexin et le Vimeu… Je ne sais où c’est.
    – Tout près.
    – Il paraît, dit Thierry, qu’il a épargné sur son passage les terres de Noyelles parce qu’elles sont à la comtesse d’Aumale (363) …
    – Il épargne les grands et meurtrit les petits.
    – J’ai idée, dit Ogier quand les deux Génois se furent éloignés, que nous allons bientôt souffrir dans nos chairs et notre foi comme jamais encore…
    – Certainement, dit le Moyne de Bâle. On dit que le roi de France s’est ressaisi. Il a suffi, pour cela, que le mayeur (364) d’Abbeville, Colard Le Ver, lui fasse bon accueil…
    La nuit les enveloppait, drue, chargée d’odeurs fortes. Des chevaux hennissaient, des chants retentissaient, mais ce n’était plus la Bataille de Poissy, devenue célèbre en quelques jours. C’étaient des lais d’amour et d’anciennes caroles.
    « Ce n’est pourtant pas le moment de s’amollir ! » se dit Ogier.
    Tourné vers Bâle et Champartel, il reprit :
    – À côté d’Édouard, notre sire Philippe est un…
    Il s’interrompit, non par prudence, car il allait dire enfant, mais parce qu’une ombre luisante de tout son fer venait de se dresser devant lui : Jean d’Harcourt.
    – Vous étiez, Fenouillet, à la Blanche-Tache…
    – Oui, messire.
    – Mon frère y était-il ?
    – Nous nous sommes affrontés.
    – Et vous êtes là !
    Dépourvue d’un «  tant mieux  » ou de quelques autres mots de satisfaction, Ogier jugea cette exclamation offensante.
    « Voilà où pèche cette famille : l’orgueil. Son frère aurait dû m’occire ! Parce que les Harcourt sont les plus forts… Pourtant, cet homme m’a vu jouter et tournoyer à Chauvigny ! »
    Il sourit avec un brin de condescendance :
    – Nous échangions des coups quand la pression des Goddons devint si forte que votre frère et moi avons été séparés… Sachez qu’il porte un écu à vos armes, qu’il combat ventaille ouverte afin qu’on le reconnaisse encore mieux, et qu’il m’a paru plus ruin (365) que jamais…
    – Que le diable l’emporte !
    Et le comte d’Harcourt s’en alla, clopinant un peu, lui aussi, mais d’accablement et de lassitude.
    Le Moyne de Bâle dont le tabard tombait en loques, s’assit sur un coffre, près d’un chariot :
    – La guerre est belle quand les chefs sont égaux en force et intelligence. Or, mon roi, tout aveugle qu’il est, y voit plus clair, pour celle-ci, que le vôtre… Il aime ses piétons, Philippe VI les exècre… Pourquoi s’en sert-il ?… Pourquoi les épuise-t-il en des avances et reculs incessants ?… Nous

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