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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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trahison… Votre frère est mort par traîtrise… On l’a occis non loin de moi par traîtrise.
    Il insistait ; le roi s’immobilisa :
    – Avez-vous vu comment ce trépas s’est passé ?… Savez-vous quel Goddon l’a occis ?… Est-ce Édouard lui-même qui…
    Montmorency, d’un geste infiniment las, interrompit le souverain :
    – Ce n’est pas une épée de Goddon, sire, mais deux épées de chez nous, tenues par deux des nôtres, un chevalier et un écuyer, qui ont abrégé les jours de votre frère…
    Ogier vit Blainville s’avancer vers le coin aux armures et aux armes tandis que, bras croisés, trépignant presque, Philippe VI insistait :
    – Parlez !… Qui étaient ou qui sont ces hommes ?
    Ogier se sentit dévisagé par le roi ; puis ce fut au tour de Thierry : un chevalier, un écuyer. Philippe VI oubliait-il déjà que Champartel lui avait sauvé la vie ? Que n’observait-il Blainville !
    Le Normand venait d’atteindre les épées.
    « J’ai bien fait de conserver la mienne et d’enjoindre à Thierry d’en faire autant… Seul parmi les autres, Montmorency est armé. »
    À ce moment, le maréchal révélait :
    – L’un, sire, était Vertaing.
    Le roi en tituba et ses bras retombèrent, mous et las.
    – L’écuyer de mon frère !
    Aubigny lui aussi épiait Blainville, tandis que les autres, béants, attendaient des commentaires. Ogier trouva son ennemi nerveux et livide : «  La menace est sur lui… Il saisit son épée… Il en éprouve le fil… » La voix de Montmorency devint farouche :
    – Oui, sire : Vertaing… L’autre est ici ce soir.
    Derechef, acéré, violent, haineux, Ogier sentit le regard du roi fixé sur sa personne. «  Le fou !… Il pense que c’est moi. » Il entendit le rire de Blainville exprimant, plus que de la joie, un soulagement profond :
    – Je vous l’avais bien dit, Philippe, que Fenouillet était malfaisant… J’ai ma Floberge en main, laissez-moi faire !
    Montmorency dégaina son épée poisseuse de sang ; il frémissait, épuisé de fatigue, mais enfiévré, enfïellé par une colère insoutenable.
    – Ce n’est pas Fenouillet, sire ! s’écria-t-il. Et tu le sais, Richard, mieux que quiconque !… Le meurtrier de Charles d’Alençon, c’est toi !
    L’épée levée, faussement outragé, le Normand fit un pas vers son accusateur. Brusque et mauvais, Thierry pointa sa lame sur son ventre :
    – Messire, je vous ai vu, moi aussi.
    – Par Dieu, manant, tu seras le premier à me rendre raison de cette accusation !
    Ogier, l’épée nue, s’approcha de Philippe VI :
    – Sire, cet homme a occis votre frère avec l’aide de Vertaing. Ils l’ont frappé omniement (418) . Le colletin, qui avait subi trop de coups, s’est ouvert ; l’une des lames a tranché la gorge de monseigneur Alençon… Nous étions entourés de Goddons mais nous les avons vus… À Chauvigny, déjà, ils avaient pourpensé de l’occire, et j’avais mis le comte en garde contre ces malfaisants… S’il avait accueilli mes recommandations avec plus d’intérêt, il vivrait peut-être encore.
    Philippe VI marcha sur le Normand. Il lui avait donné sa confiance ; il l’avait couvert d’or à ce que l’on disait, et rudement on lui révélait, de sa part, une action abominable !
    – Richard !… Qu’avez-vous à répondre ?
    L’autre prit le temps de dévisager ses accusateurs. Il sourit :
    – Je réponds que c’est folie !… Voilà, par ma foi, un complot que je ne pourrai oublier… Vous savez, sire, avec quelle dévotion je vous sers depuis bientôt dix ans. Ces hommes sont jaloux, envieux de mes privilèges et de l’amitié dont vous m’honorez… Ils profitent de l’abattement où vous a mis cette défaite pour me chasser de votre estime. Je devrais m’ébaudir, mais je suis courroucé, bien décidé…
    – Décidé à quoi ? demanda Aubigny en s’approchant. J’ai vu. Je me battais ventaille déclose… Et je n’en ai pas cru mes yeux… J’ai vu, sire, votre frère tomber sous les coups de Vertaing et de Blainville.
    – C’est une conspiration, sire ! hurla le Normand d’une voix qu’Ogier trouva changée, désespérée. Tous prétendent la même chose alors que la mêlée était si grosse et terrible…
    Thierry coupa court à ce commentaire :
    – Nous savons ce qu’elle était car nous y étions, et le roi avec nous !… Vertaing tenait un écu anglais… avec dessus deux ou

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