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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Godefroy d’Harcourt en porte une. Jean de Montfort en avait aussi une à son cou…
    – Comment sais-tu cela, Lancelot ?… Qui es-tu pour oser affirmer ces sornettes ?… Attends un peu que le roi me rende sa confiance…
    Ogier tremblait, suait ; l’attente et l’émotion lui nouaient les tripes. Blainville essayait de trouver le regard du roi, mais celui-ci écoutait Hainaut et Beaujeu qui lui parlaient à voix basse.
    – Sire ! Sire !… Je n’en ai pas fini avec ce félon !
    Sous l’accusation, Blainville essaya de se dégager, mais outre que Montmorency et Aubigny le tenaient fermement, l’épée de Thierry, sur son cou, se faisait plus pressante.
    – Qu’avez-vous encore à me dire, Fenouillet ?
    De son avant-bras, Ogier sécha son front ruisselant. Ainsi, d’une autre façon que toutes celles qu’il avait imaginées, le dénouement de ses aventures approchait. « Pourvu qu’il me croie ! Pourvu qu’ils me croient tous ! » Il ouvrit le col de son pourpoint, dénoua le sachet de cuir tiède que Thierry et lui avaient porté comme une sainte relique, et l’ouvrit de ses mains tremblantes.
    – Sire, dit-il, Dieu m’est témoin que j’ai longuement attendu ce moment !… Voilà un parchemin qui me fut remis par Jean de Montfort quelques jours avant son trépas.
    Voyant le roi tressaillir et peut-être s’indigner, il protesta aussitôt avec le plus de fermeté possible qu’il était loyal et que le défunt comte d’Alençon eût pu l’attester.
    – Sire, n’étant pas Breton, je n’ai jamais été du parti de Montfort. Je ne savais à qui j’avais affaire quand je l’ai tiré d’une embûche où il allait périr. Il a eu confiance en moi, et moi j’avais besoin qu’il m’aide à confondre le traître que voici !
    Blainville souriait ; sourire faux, mais qu’importait. Ou Philippe VI était d’une sottise incurable ou, enfin, ses yeux se dessillaient.
    – Reconnaissez-vous, sire, le sceau de Jean de Montfort ?
    Le souverain eut un mouvement de tête approbatif ; le sire de Montsault et le sire de Beaujeu se penchèrent. Méfiant, le roi conserva le parchemin, par crainte que Blainville, qui cherchait à se libérer, ne s’en saisît. Désormais, la peur le tenaillait ; il remuait tant que Thierry le prévint :
    – Je vais devoir vous percer la gorge, ce que je regretterais car ce n’est pas à moi de vous châtier.
    – Sire Philippe, dit Ogier, avant que vous ne rompiez ce sceau, regardez la dextre de cet homme… Il porte à son index un anneau de grand prix. Voyez si un cygne y figure ! Je jurerais que c’est un présent de Montfort !
    – Es-tu fou, Lancelot ?… D’où tiens-tu ça ?
    – De Montfort, sire, dit Ogier tourné vers le roi. Quand vous avez mandé celui-ci à Paris pour juger de l’affaire bretonne, il prit logis rue de la Harpe. Vous avez décidé de le faire arrêter… Un homme alla le prévenir du danger, et il prit la fuite. Cet homme qui le secourut et qu’il récompensa par un anneau d’or, c’était Blainville.
    – Tu mens !
    Indifférent et tourné vers le roi, Ogier désigna le parchemin :
    – Sire, Montfort vous destinait ce document. Il n’avait pas douté qu’un jour l’occasion me serait offerte de vous le remettre afin de vous édifier sur la duplicité de Blainville… J’ajoute que j’ai pu ouïr les propos de ce félon à votre égard lorsqu’il était à Chauvigny avec Harcourt le Boiteux, Chandos et d’autres…
    – Chandos !
    – Oui, sire… Tenez, regardez-le : il ne triomphe plus !
    Blainville cherchait à se libérer, bien que Thierry lui piquât la gorge au sang. Et le roi, ahuri, dévisagea cet homme écumant et grommelant, au visage furieux, haineux, méconnaissable.
    – Jean… Approchez une chandelle.
    Hainaut en saisit une sur la table, et dans un silence troublé par le souffle haletant de Blainville, Philippe VI lut à voix haute, un peu tremblée :
    –  Nous Jean, duc de Bretagne, comte de Montfort. Vous, Philippe VI, roi de France, salut. Sachez que nous vivons malgré moult périls encourus…
    Blainville semblait tout à coup résigné. Ogier ne s’y trompa pas : il rassemblait ses forces tout en se demandant, sans doute, quand Montfort avait écrit cette lettre.
    –… savoir faisons à vous et confessons que vos malheurs passés, présents et à venir sont dus en partie à votre homme lige : Richard de Blainville…
    Philippe VI leva son regard sur cet

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