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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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visière : il y avait un prix pour celui qui resterait le plus longtemps sans désheaumer.
    Agenouillé auprès de cette statue de fer à laquelle il s’efforçait d’ôter son bassinet, le Roi d’armes leva enfin la tête ; il semblait consterné :
    – Sous votre coup, tandis qu’il ployait en arrière, son pied dextre a quitté l’étrier. En voulant se relever, il a planté son éperon dans le ventre de son cheval lequel, fou de douleur, a contourné la barrière…
    – Messire Lerga ne se pouvait relever : il pesait et pendait trop de biais, remarqua le juge Amaury.
    – La bête, au grand galop, est passée près du mât qui porte l’oriflamme de messire André, acheva le gros Augustin. Le heaume du malheureux l’a heurté si rudement qu’il a chu, enfin… Ah ! là là… Sans le faix de son armure, il se serait rassis en selle !
    Ogier vit le gros bourdon dans l’herbe. Son thorax rompu avait perdu ses ailes. Sortant de la foule, un barbu s’approcha, porteur d’un marteau, de pinces et de tenailles. Il était torse nu, un devantier de cuir protégeant ses chausses.
    – Enlève-lui ce heaume, Bernard, dit Olivier de Fontenay.
    – Il est grassement écrasé… Cet homme doit avoir le crâne rompu et la cervelle en bouillie.
    – Hâte-toi.
    Sous les efforts du forgeron, la coiffe de fer s’ouvrit ; un héraut dégagea la tête brune. Du sang poissait le nez, la bouche, les oreilles.
    – Alors ? demanda le débonnaire Augustin. Olivier de Fontenay s’accroupit à nouveau ; quand il se redressa, il était pâle.
    – Mort, Fenouillet, dit-il. Mort… Dieu ait son âme. Il n’y avait rien à dire, pas même à se signer. Le juge Augustin, dédaignant la dépouille de fer, tapa sur la genouillère d’Ogier, puis sur l’encolure de Marchegai, comme pour les congratuler :
    – Ce sont des choses qui arrivent. Nous en étions à six, nous voilà au septième.
     
    *
     
    – Continuez-vous, messire ? Sotte question. Du haut de Marchegai, Ogier considéra le maréchal de lice. Puis il baissa la main affirmativement : s’il l’avait trop fait attendre, cet homme jeune, arrogant, l’eût peut-être pris pour un couard, bien qu’il eût assisté à ses courses.
    « Qui vais-je béhourder, maintenant ? » Le trépas de Lerga le satisfaisait à peine : ce malandrin n’avait guère souffert après son cri de désespoir ; tandis que Gerbold… Et soudain, tourné vers les dames, il se renfrogna, imaginant la déconvenue d’Isabelle et la stupeur de Blandine.
    « Qu’ai-je à redouter leur jugement ? Lerga s’est occis lui-même… Elle va pouvoir jeter ses fleurs sur son cercueil ! »
    Et tant pis pour ce trou de silence que nul ne rebouchait autour de la lice !
    « Dieu m’aide, et je n’ai besoin que de Son soutien ! »
    Cette assurance et cet espoir lui devenaient indispensables.
    Son souffle s’alentissait ; son torse, ses membres le cuisaient un peu – la sueur, toujours – et ce dernier heurt, en secouant ses os, ses muscles, ses entrailles, avait aggravé la douleur enracinée dans son épaule. « J’ai chaud. » Il sentait des gouttes accrochées à ses sourcils et sur sa nuque ; ses joues moites le démangeaient. Le vent passait à peine dans les trous de la ventaille et le fer s’embuait peu à peu… Et Marchegai ? Tout allait-il bien pour lui ?
    – Messire !… Charles d’Espagne se tient prêt.
    Négligeant le maréchal de lice, Ogier vit Guesclin arriver d’un pas claudicant.
    – On y va ?
    Non , de la main.
    – Pourquoi ? Je te fais peur ?
    Pour la première fois depuis qu’il était entré dans le champ, Ogier sentit courir de son cou à ses reins, en même temps que sa sueur, un frémissement de plaisir :
    – Les hurons de ton espèce en dernier… Avant toi, j’ai à courir contre deux hommes de qualité.
    Il croyait offenser ce rustique ; il en reçut compliment :
    – Toi, tu commences à me plaire !
    – Tu me déplais toujours autant.
    Et sans plus se soucier du Breton, Ogier empoigna la lance offerte par Thierry, lequel, désignant au loin Charles d’Espagne, lui recommanda :
    – N’oubliez pas que le duc Jean y tient plus qu’à son épouse et que je tiens, moi, à l’endommager petitement !
    – Mais pourquoi, dit Ogier, l’a-t-on surnommé la Cerda ?
    – Messire, dit Marcaillou, en espagnol, cerdo veut dire porc, goret… cochon… La Cerda veut dire la truie… la cochonne.
    –  La

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