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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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famille royale est bien fréquentée, à ce que je vois ! ricana Raymond. Notre palais royal est-il une roulée (54)  ?
    Ogier remua les épaules, faisant sienne l’interrogation de son sergent.
    – Bien dit, fit-il en se penchant. Je m’en vais m’ennorter (55) à rouler cette truie.
     
    *
     
    – Un mire !… Un mire ou un apothicaire !
    On avait couché Charles d’Espagne sur le sol, devant l’assemblée des dames, toutes debout et passionnées par les conséquences d’un assaut qu’Ogier trouvait conforme à ses prévisions. Du haut de Marchegai, le cœur plein de mépris, il contemplait le vaincu.
    « Quel bâtard !… Mais pourquoi a-t-il donc retenu son cheval ? »
    On enleva le heaume du gisant ; son visage apparut, convulsé de souffrance.
    « Il pleure !… Femmelette ! »
    Dans ce chagrin outrancier, pas même tolérable d’un jouvenceau dont c’eût été la toute première épreuve, Ogier trouvait une nouvelle fois confirmation de sa vigueur et de sa dextérité.
    – Le soleil… J’ai vu une lueur… Mon cheval aussi et il m’a trahi…
    « Une lueur ? Impossible : outre que la vue de son heaume est aussi étroite que la mienne, le soleil n’éclairait pas de son côté ; il lui tournait la tête… Il a dû s’effrayer, craindre je ne sais quoi ; malgré lui, sans doute, il a tiré sur le frein (56)  ; son destrier s’est regimbé de bon droit et il s’est découvert, m’offrant le haut de son écu de travers… N’empêche que si mou qu’ait été son coup, j’ai mal à l’épaule et au creux du coude, là où Augignac m’a empoint… Et si cette plaie, qui suinte parfois, s’était rouverte ?… Ah ! voici un mire… »
    Le garçon venait de reconnaître Benoît Sirvin, vêtu et coiffé d’une aumusse noire, sa longue barbe flottant au vent. Le médecin se pencha. Si âgé qu’il parût, il avait des épaules solides, un dos musclé.
    – Otez-lui tout ce fer jusqu’à la ceinture.
    Les hérauts obéirent ; le torse du blessé apparut, capitonné de velours vert qu’on enleva tant bien que mal pour trouver, dessous, des linges ornés de guipures et de picots colorés, dignes d’une princesse.
    « Une vraie donzelle !… Et elle hurle ! »
    Pensant cela – sans gaieté – Ogier jeta un regard vers les dames. Isabelle, penchée, lui offrit un visage sévère : « Elle aurait bien voulu me voir le cul par terre ! » Dame Géralde souriait en tapotant sa coiffe du bout des doigts. La brunette en robe rouge exubérait et lui souriait. Qui était-ce ?… Là-haut, Blandine le regardait tandis que sa mère s’éventait à l’aide d’un petit moucheur vert. Et non loin de là, devant la noblesse, monseigneur Fort d’Aux buvait dans un hanap d’argent un breuvage frais, sans doute.
    Le mire se redressa ; une expression de déplaisir passa sur ce qu’on pouvait voir de son visage :
    – Ce n’est rien, messire Charles… Vous avez l’épaule démise… Nous allons y remédier… Tenez, prenez ma main… fermement.
    Le blessé obéit, non sans rechigner ; Benoît Sirvin posa son pied sur sa poitrine oppressée, chercha un bon appui, sans souci d’empoussiérer les dentelles, et tira.
    L’Espagnol poussa un cri et râla comme un prisonnier subissant la question.
    – Allons, point de simagrées, messire ! dit le mire. Vous pouvez maintenant rendosser vos plates (57) et poursuivre. Il vous reste à fournir deux courses.
    – Poursuivre ! Poursuivre ! protesta le gisant vautré dans l’herbe. Vous croyez m’avoir guéri d’un tirement du bras ?… Je souffre autant qu’avant, sachez-le !… Et si vous avez le front de me contredire, je vous fais brancher au premier arbre… Aidez-moi promptement, vous autres, à me lever.
    Titubant, soutenu par Olivier de Fontenay et le juge Amaury, le bardache du roi s’approcha d’Ogier, lequel songea aussitôt : « Heureusement que mon visage est à l’abri : il y verrait un tel dédain qu’il voudrait me faire pendre aussi ! » Frissonnant sous le vent, les paupières battantes et les yeux brouillés, le vaincu, les mâchoires serrées, tenta de remédier à sa respiration singultueuse. En vain.
    – J’ai mal, messire, et n’ai point démérité… Adonques, je conserve mon armure et mon cheval… Qu’en pensez-vous (58)  ?
    Ogier agita sa dextre et ne dit mot. Deux hérauts passèrent, portant l’un des éléments d’armure, l’autre les capitonnages,

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