Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
matin, Olivier de Fontenay fera deux criées, une dans la cité, l’autre dans le champ clos pour leur annoncer avec lequel de nous deux ils tournoieront. Pour ceux qui se sont trouvés ce soir à ma table, voici comment nous les avons répartis… Auprès de Charles de Valois, comte d’Alençon, frère de notre bien-aimé suzerain, messire Fenouillet…
    Ogier s’inclina. « Et moi qui voulais éviter ça ! » Comment se dérober, maintenant ? Fallait-il qu’il fût marri de cette contrainte ? Alençon semblait sot, vaniteux, mais en entrant dans ses bonnes grâces, il pourrait peut-être un jour approcher le roi…
    –… Maubue de Mainemares, Godemar du Fay ; Jean, vicomte de Melun ; Raoul, comte d’Eu et de Guînes… Seront avec moi : Richard de Blainville, messire Charles d’Espagne, Ferrant de Hautepenne, Aimery de Rochechouart, Guichard d’Oyré, Herbert Berland…
    « Déjà Oyré, Blainville et Berland me regardent comme s’ils me tenaient à portée de leurs armes ! Ces trois aspics, par ma foi, s’enorgueillissent déjà de leur venin. »
    – Au cas où l’un de vous contesterait ce choix, qu’il le déclare sans ambages : nos juges, qui tiennent conseil dans la chambre du haut, décideront si oui ou non la requête est recevable…
    La grand-salle resta plongée dans le silence. Les femmes se consultaient du regard, sachant bien qu’elles étaient, pour le moment, exclues des cogitations des mâles. Maubue de Mainemares demanda :
    – Combien serons-nous ?
    – Soixante contre soixante. La lice est vaste, vous le savez.
    Abandonnant Herbert Berland, la reine s’approcha de l’appelant :
    – Il y a, messire André, un Breton des plus félonneux : Guesclin… Avec qui sera-t-il ?
    – Avec moi.
    Ogier sentit courir un frisson sur son dos. Thierry lui jeta un regard désolé.
    – Ce choix vous satisfait-il, Fenouillet ?
    Le sire de Chauvigny posait la question qu’Isabelle venait de chuchoter à son oreille. Ogier s’inclina derechef :
    – Messire, puisque monseigneur Alençon souhaite ma présence à ses côtés, l’honneur qu’il me fait ainsi accroît mon plaisir d’être venu sur votre champ clos pour ces liesses…
    Il n’en pensait pas un mot, mais fournissait ainsi un témoignage indéniable de sûreté de soi qu’il était loin d’éprouver. Durant les joutes, il avait montré et démontré, la bonne chance l’y aidant, une volonté, une aisance dont Charles d’Alençon voulait tirer profit pour sa gloire personnelle.
    « Que fais-je céans ? » se demanda-t-il. « Blandine et moi serions heureux, seuls, dans la rue… »
    Sur un signe de dame Alix, les ménestrieux reprirent la danse.
    – Venez, messire Ogier.
    Le garçon se laissa entraîner par Blandine.
    – Vous êtes avec les meilleurs ?
    – M’amie, dans un tournoi, les meilleurs sont ceux qui frappent malement… Or, le comte d’Alençon est un mou, de même que Tancarville et Guînes… Godemar du Fay a de la présomption à revendre : ce doit être un couard…
    D’un geste prompt, il saisit le poignet de Blandine, juste pour sentir sur ses doigts le grain ténu de sa chair, comme il y avait senti la chatouille de ses cheveux follets tandis qu’il passait à son cou ce collier dont les mailles formaient, au creux de ses seins menus, un double ruisselet de luisances.
    « Ce joyau vaut une fortune. Jamais elle n’aurait pu recevoir d’un autre un aussi beau présent ! »
    Il la mena vers une des baies par où entraient la nuit et le froid du dehors. La lune ressemblait à un croissant de givre.
    – Douce Blandine, quoi qu’il puisse m’advenir, gardez-moi votre cœur et votre confiance…
    – Je vous les garderai, Ogier.
    Enfin, elle l’appelait par son prénom ; cependant, son visage avait la lividité de la colonne contre laquelle, un instant, elle s’était appuyée.
    – Un jour, vous saurez tout de moi… Conservez-moi votre foi quelles que soient les griévetés (121) qui puissent m’advenir… Essayez, en m’attendant, de mener une vie paisible… car hélas ! vous aurez à m’attendre…
    – Comment pourrait-elle être paisible, cette vie, puisque vous serez loin de moi ?
    Plus bel aveu d’amour ne pouvait exister. Le garçon voulut porter la main de la jouvencelle à ses lèvres ; il ne le put : quelqu’un l’en empêchait et disait d’une voix piquante :
    – Blandine, il faut cesser !
    Le visage d’Herbert Berland était un

Weitere Kostenlose Bücher