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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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retenant les appelants et accédèrent en haut d’une échelette d’où ils dominèrent le billot et la tresse de chanvre tendue dessus ; deux autres en firent autant, côté défendants.
    – Prêts, dirent-ils ensemble au Roi d’armes.
    Olivier de Fontenay considéra les échafauds, puis, sans cesser de s’adresser alternativement aux adversaires :
    – Messires, les nobles dames attendent de vous le grand hu qui doit précéder votre ébattement… Adonques, faites-le !
    Issue de soixante gorges rocailleuses, une clameur s’éleva tandis que de part et d’autre du terrain s’agitaient des lames et des masses d’armes. Des invectives s’échangèrent.
    Ogier plaça son épée dans le logement qu’il lui avait fait, à l’avant gauche du quartier de selle, et invita son écuyer à l’imiter :
    – La masse, Thierry… Je vais tenter d’affronter Cahors pour le mettre hors d’état de nuire… Tu as le choix entre Oyré, Berland ou… Espagne !
    Voyant Alençon abaisser sa ventaille, ils l’imitèrent.
    Étienne de Vertaing et le pennoncier s’en allèrent à l’arrière de l’escadron. Les sergents replacèrent les hezes aux entrées du terrain afin d’en interdire la sortie aux tournoyeurs. Alors, dans le champ vraiment clos, et tandis que le chevalier d’honneur galopait jusqu’aux tribunes, Olivier de Fontenay s’écria :
    – N’oubliez pas, messires, que dix juges, de partout, vont avoir l’œil sur vous ! N’oubliez pas : aucun coup d’estoc ; défense de frapper au-dessous de la ceinture et de s’acharner à plusieurs sur un seul, à moins qu’il ne soit indigne… Défense d’attremper celui dont le heaume tombera, défense de frapper les destriers où que ce soit ; défense aux gens du dehors de jeter des pierres sur ceux du dedans… Une sonnerie de trompette vous enjoindra de vous décharpir (164) … Et je dis surtout cela pour vous, messires !
    Ogier aperçut les quatre tournoyeurs de profession au dernier rang des appelants. Deux portaient une tête de mort sur leur heaume, le troisième des bois de cerf, le quatrième un torse de femme sans tête.
    – Dommage, dit Thierry, qu’ils soient contre nous.
    – Si quelqu’un vous est désigné pour ses démérites, ajouta Olivier de Fontenay, agissez, messires, en conséquence !
    Ces mots firent bouillonner la foule, avide d’assister, aussi, à la punition d’un mauvais.
    Le Roi d’armes salua. Dans les fentes du bassinet, Ogier le vit quitter le pré.
    Il fit alors un tel silence qu’on entendit les sabots du cheval cogner l’herbe. Un silence lourd, à la mesure de ces masses de chair et de fer assemblées pour se détruire aussi courtoisement que possible. Une paix si solennelle qu’Ogier se mit à trembler comme s’il s’engloutissait dans une vague d’eau glacée. Puis le cri du héraut des juges retentit :
    –  Coupez cordes et heurtez batailles quand vous voudrez !
    Chaque sergent affecté au franchement du chanvre leva sa hache au-dessus du billot.
    –  Coupez cordes et heurtez batailles quand vous voudrez !
    Nul ne bougea ; seul un cheval hennit de frayeur ou d’impatience.
    –  Coupez cordes et heurtez batailles !
    Quatre gestes pareils ; quatre tranchants rompant les serpents de chanvre.
    Les porte-bannières hurlèrent le cri de guerre de leur seigneur ; la foule hurla elle aussi son plaisir tandis que les deux cavaleries se précipitaient l’une sur l’autre, follement, masses et épées levées, se rencontraient et s’enchevêtraient en un fracas immense.
    Pour Ogier, tout alla très vite.
    Il avait choisi d’agresser Cahors ; celui-ci, déjouant son attaque, se hâta d’affronter Alençon lequel, sans surprise peut-être, s’était vu assailli par Blainville.
    – À moi, Fenouillet !
    Ogier volta devant Herbert Berland, qui dut le prendre pour un couard, joua des rênes et des talons et mena Marchegai près du comte.
    – Votre dos ! hurla Thierry.
    Ogier dévia de sa massette un violent coup d’épée destinée à sa nuque, hurla : «  Tricheur ! » à pleins poumons et vit avec plaisir Champartel s’interposer entre lui et Guesclin, pousser Artus contre le cheval du Breton, lequel, surpris par la brusquerie du heurt, s’accula contre le roncin du père de Blandine. Hennissement, bronchade et cabrade : Herbert Berland chut par terre et y fut piétiné.
    Sans éprouver le moindre souci pour ce présomptueux, Ogier atteignit Alençon, le dégagea

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