Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
à la bateleuse :
    – Attachez à nouveau Saladin sous la tente. S’il m’advenait un malheur – qui sait ? – Thierry en prendra soin.
    – Oh ! messire…
    – Vous, les gars, vérifiez les sangles de nos montures… Est-ce bien ?
    – Je tends un peu plus celle d’Artus, messire…
    – Soit, Raymond… Est-ce ton avis, Marcaillou ?
    – Il a raison, messire.
    – En selle, alors… Aidez-nous.
    Une fois assis, sans même que Marchegai eût paru sentir son poids, Ogier poursuivit ses injonctions :
    – Denis, prends ton planchon et marche derrière Thierry… Henri, Marcaillou et Raymond, derrière moi…
    Chaque chevalier, chaque écuyer devait avec sa suite rejoindre le seigneur auquel il appartenait. Le comte d’Alençon se tenait côté Vienne, André de Chauvigny côté cité.
    – En avant !
    Ils croisèrent Bellebrune et Lonchiens. Ils arboraient du rouge à leur cubitière. Ils saluèrent, et malgré leur sourire, dans l’ombre de la haute figure surmontant leur bassinet – une tête de femme brune, une tête de chien –, Ogier les trouva maussades et même hostiles. Devant la cahute déserte des Bretons, il céda le passage à Guesclin, solitaire :
    – Grâce à moi, on va voir branler ton Poing sur ta coiffe !
    – Prends garde à ton aigle : je te le ferai voler !
    Les deux compagnons et leurs aides se trouvèrent bientôt incorporés à une troupe de chevaliers et d’écuyers dont les chevaux trottaient dans des froissements de housses et des cliquetis de fer en direction du seigneur défendant, pour l’instant invisible. Des tronçons de lances et des bannières remuaient partout, et des rires pointaient. Outre que la fixité de son bassinet empêchait Ogier de voir de côté, le peu de profils émergeant sous les visières décloses lui interdisait de reconnaître ses voisins ; mais tandis que Guesclin galopait vers la ville pour se joindre à André de Chauvigny, quelques cris retentirent :
    – Compères !… Le Poing Vermeil est des nôtres.
    – Je vous l’avais bien dit ! Avec lui, nous vaincrons.
    « Voire ! »
    Ogier souffrait de la hanche. La veille, le mal étant chaud, il l’avait supporté ; l’onguent que Benoît Sirvin y avait mis en début de matinée cessait de faire son effet. Sa chair était noire, gonflée. N’y pas songer. Résister, repousser les prodromes de la faiblesse et de la défaite…
    Quand elle sortit du camp, l’escadre où il figurait comptait trente tournoyeurs, quelque cent cinquante accompagnateurs à cheval et à pied portant des hampes raccourcies, et vingt gonfanoniers. Tous longèrent lentement la rive de la Vienne.
    – Le voilà ! cria quelqu’un.
    Assis sur un gros roncin houssé de bleu, immobile entre son porte-bannière et son pennoncier montés sur des chevaux parés comme le sien, Alençon, ses armes courtoises attachées à des chaînes fixées sur son plastron de fer, attendait ses bataillards. Il était royal – ou presque – dans son armure couverte en partie d’une cotte d’armes azurée. Il accueillit sans un sourire Maubue de Mainemares, Godemar du Fay, la moustache morveuse – l’émotion ou un rhume –, Tancarville, sur un cheval rouan cavecé de noir et qui semblait rétif ; Guînes, livide. Puis, les bras levés, il s’écria :
    – Fenouillet !… Je vois que vous avez tenu votre promesse et j’en suis moult réjoui pour vous !
    Dans l’ovale assombri du bassinet, le visage du comte était celui d’un malade. Ogier fut cependant surpris et conforté quand, s’approchant, il put juger de l’acuité du regard et de l’expression des traits : si la crainte et la mélancolie hantaient cet homme, sa fierté semblait indestructible.
    « Il sait qui, parmi ses proches, souhaite son trépas… Blainville a dû insister pour qu’il mette l’armure de Vertaing. L’obstination de ce mécréant puis sa déconvenue devant un refus l’ont éclairé bien mieux que je ne l’aurais fait… Car il porte son harnois de fer… Cahors et Harcourt – s’il s’est à nouveau introduit dans la foule – doivent être furieux ! »
    S’approchant du porte-bannière, Ogier reconnut Étienne de Vertaing, désolé d’être ainsi employé. Quant au pennoncier, ce devait être un sergent et sa dalmatique de soie bleue à fleurs de lis provenait sans doute de la garde-robe du roi.
    Regardant au fond du champ clos, derrière les barrières, l’escadron d’André de Chauvigny dont les

Weitere Kostenlose Bücher