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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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champ.
    –… et dès lors le défendant peut entrer afin que le tournoi puisse être joyeusement entrepris !
    Et c’était vrai : la gaieté ne cessait de croître de toutes parts, sauf chez les tournoyeurs dont les chevaux commençaient à danser d’impatience.
    – Ça va, messire ?
    – J’aimerais, Thierry, être à ce soir.
    Ogier n’ajouta rien. L’imminence de l’affrontement, les bruits de voix, de fers, les odeurs de toutes sortes le mettaient dans un étrange état d’esprit, fait de courroux et de mollesse. Il se résignait à combattre ; il se soumettait à une épreuve que Dieu et Alençon exigeaient. Était-ce un bon ou un mauvais présage qu’il se sentît incapable, ce lundi, d’accomplir la moindre prouesse ? Il attendait, mécontent de lui-même :
    « Si je n’avais été avertir Alençon, je serais loin de ce pré ! »
    Quelque chose l’aiguillonnait… Quoi ? Son cœur cognait : non seulement l’émoi d’être là pour frapper, frapper encore, et subir l’enragerie des autres, mais aussi Blandine. Blandine lointaine… Et Isabelle qui, sur un coup de folie… car elle était folle… Enherber Jean de Montfort !… Ne plus penser… Humides, ses brassières et bourres de dessous collaient à sa peau comme un pelage tiède…
    « Quelle estourmie (163)  ! Certains me voudront escarbouiller. D’autres me gourdineront avec joie… J’ai peur ! »
    Derrière son porte-pennon et précédant Vertaing toujours drapé dans la bannière, Alençon mena son cheval sur le terrain. Tous trois se reformant en ligne approchèrent leurs montures de la corde qui les empêchait d’avancer.
    Sur un signe du comte, les bataillards et leur suite entrèrent dans le champ. Alençon salua les manants, les hurons, puis la reine, les dames et l’évêque. Un tel mépris des convenances lui valut des applaudissements du peuple et quelques fleurs tombèrent dans sa direction.
    Ogier emplit ses poumons. Le vacarme, l’agitation colorée dont son malaise et la douleur de sa hanche augmentaient la perception, n’allaient désormais cesser de croître.
    – Toujours là, Fenouillet ?
    – Toujours, monseigneur.
    « Il a peur, lui aussi ! »
    Et comme il en était suffisamment proche – dix toises seulement l’en séparaient –, Ogier put voir quels regards Cahors et Blainville appuyaient sur cet homme.
    « Ils ont la mort au fond de leurs prunelles. Ils l’occiront dans son armure  !… Cette fois, le lambrequin de soie accroché au bassinet du Normand est blanc, de même que le taphetas noué à sa cubitière. Or, si sa manche honorable est blanche, c’est qu’il a obtenu ce qu’il voulait d’Isabelle ! »
    Bien qu’il fut enclin à détester cette fille, une amertume pire qu’une gorgée de vinaigre monta du cœur aux lèvres du garçon. Il souleva son viaire et cracha. Ensuite, par la vue du bassinet refermé, il observa la multitude des figures sommant les têtes de fer.
    – Les Teutoniques sont absents, Thierry. Que t’avais-je dit ?
    – Hé oui, ils sont venus pour autre chose…
    Une sonnerie de trompettes dont ils virent briller, au pied de la tribune des juges, les grêles entonnoirs de cuivre, fut cette fois accompagnée d’un fracas de cymbales. Acclamé, mais aussi couvert de «  Hou ! Hou ! » malveillants et moqueurs, le chevalier d’honneur fît son apparition, contourna au trot léger de son roncin le groupe des appelants et fut bientôt au centre du champ où, s’étant fait admirer, il hurla :
    – Guy IV de Montléon pour vous servir tous !
    Il était coiffé d’un chaperon rouge à crête, vêtu de mailles et d’un tabard blanc. Il tenait appuyé à l’épaule une lance au bout de laquelle scintillait le couvre-chef de plaisance : un chapeau gris orné d’entrelacs d’or et garni de grelots de cuivre. Un voile de mollequin blanc en pendait.
    – C’est donc avec ça, dit Thierry, qu’il touchera les seigneurs en difficulté pour les protéger du pire…
    Ogier ne lui répondit pas. La présence de Montléon et de son chapeau doré provoquait des grognements et mouvements d’impatience chez les défendants : le temps de la male mêlée approchait. En face, les chevaux du premier rang flairaient la corde tendue.
    – Voyez, messire, dit Thierry.
    Quatre hommes en pourpoint et chausses rouges apparaissaient, tenant chacun de biais devant lui une hache au fer en demi-lune. Deux s’en allèrent vers les extrémités de la corde

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