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La Fille de l’Archer

La Fille de l’Archer

Titel: La Fille de l’Archer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Serge Brussolo
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près de sa victime, tandis qu’une mauvaise sueur lui mouille les tempes.
    Un craquement de brindille la fait sursauter. Quelqu’un est là, dans les buissons, qui l’observe en silence. « La Murée ? » Non, elle ne reconnaît pas son odeur de terre. Wallah se redresse, plonge la main dans sa botte pour saisir le couteau. Quelqu’un approche sans chercher à dissimuler sa présence, comme s’il était chez lui. En pleine débâcle mentale, Wallah s’attend à voir surgir une divinité faunesque, Pan en personne, un centaure qui va lui demander des comptes…
    Un homme se fraye un chemin au milieu des ronces. Il est enveloppé de cuir et de mailles de fer. Un poignard sur la hanche, un épieu à la main. C’est…
    C’est le baron Malvers de Ponsarrat.
    — Tout doux, la belle, fait-il en désignant du menton la lame que Wallah pointe dans sa direction. Je ne te veux pas de mal. Je sais qui tu es… Je t’observe depuis hier. J’ai vu ce que tu es capable de faire avec un arc.
    Wallah reste muette, pétrifiée par cette apparition.
    Le baron appuie son épieu contre un arbre et lève ses mains nues pour prouver ses bonnes intentions.
    — Faisons vite, lâche-t-il, je ne tiens pas à être vu en ta compagnie, cela nuirait à mes projets. Je ne suis pas clerc, aussi dirai-je les choses sans détour. Pour le moment tu n’as pas à avoir peur de moi.
    Il prend le temps de regarder par-dessus son épaule, en homme qui a l’habitude des combats dans la mêlée et sait qu’on doit se garder de tous côtés si l’on veut survivre.
    — Je furetais dans la forêt à la recherche de ces maudits saltimbanques quand je t’ai surprise en compagnie de La Murée, explique-t-il d’une voix qu’il s’efforce d’adoucir, comme s’il s’adressait à un animal sauvage. Tout le monde a entendu parler de La Murée, par ici. C’est une ancienne nonne qui fut possédée par le démon, il y a une dizaine d’années, et qu’on emmura vive sur ordre de l’évêque. Nul ne sait comment, mais elle s’échappa pour trouver refuge dans ces bois. C’est, paraît-il, une puissante envoûteuse… Une femme redoutable. J’ai entendu ce qu’elle te proposait. Le pacte… On dirait que cela fonctionne, n’est-ce pas ? Hier la biche, aujourd’hui le cochon sauvage. Et cela sans viser. La flèche t’a obéi, elle a fureté de droite et de gauche, à la recherche de la cible que tu lui avais indiquée. C’est fascinant.
    Wallah le dévisage sans comprendre. Elle croyait qu’il allait l’empoigner, la traiter de sorcière, lui promettre le bûcher… mais non, il semble réfléchir, arranger des choses dans sa tête, bâtir un plan.
    — C’est un don très utile, énonce-t-il enfin. Un don que je serais prêt à monnayer.
    — Vous voulez acheter mon arc ? balbutie l’adolescente.
    — Mais non, grommelle Ponsarrat. Il ne me serait d’aucune utilité, l’arc n’est rien sans toi. Ce n’est qu’un morceau de bois, un bout de ficelle… Le pouvoir, lui, est dans ta main, dans ton esprit.
    — Je ne comprends pas…, insiste Wallah.
    — Comment t’expliquer la chose ? fait le baron en baissant la voix. Disons que tu pourrais me rendre service en abattant l’un de mes ennemis.
    — Ne pourriez-vous le faire vous-même ? riposte Wallah avec insolence. Vous êtes homme de guerre, chevalier aguerri. Tuer est votre métier.
    — Ne fais pas ta bête, coupe Ponsarrat avec irritation. Il ne s’agit pas d’un défi en champ clos entre gentilshommes ; ce que je souhaite organiser, c’est un assassinat. Je veux que cet homme meure sans qu’on puisse prouver que j’ai quelque chose à voir dans cette exécution.
    — Allons ! ricane la jeune fille, j’ai du mal à croire qu’il ne se trouve pas, parmi vos soldats, quelqu’un qui pourrait se charger de la besogne !
    — Hélas non, soupire le baron, car les conditions sont particulières. Mon ennemi, vois-tu, est extrêmement méfiant. Se sachant menacé, il ne sort plus de son château et vit cloîtré dans un donjon avec femmes, serviteurs et enfants. Des sentinelles veillent sur le chemin de ronde ; quant aux meurtrières de la tour, elles sont bien trop étroites pour qu’un assassin puisse s’y glisser. Même un nain n’y passerait pas. Tu vois où je veux en venir ?
    Wallah hoche la tête.
    — L’homme en question vit retranché au dernier étage, reprend Ponsarrat. Jamais il ne s’approche d’une ouverture pour regarder

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