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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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parole et qui admirait intérieurement les inépuisables ressources de cet esprit toujours aussi actif et entreprenant.
    – Et maintenant, qu’allez-vous faire de cet argent ? fit-elle, après un court silence.
    – Pardieu, je vais le remettre à qui il appartient.
    – Comment, s’écria Fausta, feignant de se méprendre, vous allez me rendre cet argent après me l’avoir pris ?
    – J’ai dit que j’allais le remettre à qui il appartient, rectifia froidement Pardaillan, et non pas que j’allais vous le rendre.
    – Cependant… il me semble que c’est à moi qu’il appartient.
    – Il vous semble mal, voilà tout. Cet argent appartient maintenant au roi. Et comme il faut préciser, avec vous, je précise : au roi de France, Sa Majesté Louis XIII.
    – Voilà qui est tout à fait particulier ! Comment expliquez-vous que cet argent, qui est à moi, quoi que vous en disiez, est devenu, selon vous, la propriété du roi de France, Sa Majesté Louis XIII ?
    – De la façon que voici et que le premier venu, en France, vous expliquera comme moi : cet argent, à tout prendre, c’est une marchandise comme une autre. Or, vous saurez, si tant est que vous l’ignoriez vraiment, que le roi a le droit de confisquer toute marchandise entrée en fraude dans son royaume. Vous ne sauriez nier que c’est ainsi, en fraude, que ces tonnelets qui, soi-disant, contiennent du vin d’Espagne, sont entrés en France. Le roi use donc de son droit. Un droit que nul, même le roi d’Espagne, ne saurait contester. De vous à moi, j’ajoute qu’étant donné l’emploi que vous comptiez faire de cet argent, même en laissant de côté la question de droit, il est de bonne guerre à lui, pouvant le faire, de mettre la main dessus.
    – Je n’en disconviens pas, avoua Fausta, qui ajouta, avec un sourire aigu : reste à savoir comment Sa Majesté Philippe d’Espagne prendra la chose.
    – Le roi d’Espagne, répliqua Pardaillan avec un sourire qui ne le cédait en rien à celui de Fausta, comprendra que ce qu’il a de mieux à faire, c’est de se taire. S’il n’est pas assez intelligent pour le comprendre de lui-même, vous, madame, qui êtes une des plus belles intelligences que je connaisse, vous ne manquerez pas de le lui faire comprendre. Je n’ai pas besoin de vous dire quel intérêt capital – c’est bien le mot – vous avez à ce qu’une enquête ne soit pas ouverte au sujet de cette affaire. Or, cette enquête sera inévitable si votre souverain a la malencontreuse idée de s’aviser de réclamer. Croyez-moi, ce que vous pouvez faire de mieux, c’est de vous résigner à accepter la perte de cet argent.
    Fausta, qui le connaissait bien, savait qu’il ne menaçait pas souvent. Mais si on le contraignait à le faire, ce n’était jamais en vain. Elle courba la tête, vaincue, et soupira.
    – Eh ! quoi ! s’écria Pardaillan, se peut-il que la perte de cet argent vous affecte à ce point ? Certes, la somme est énorme ! Mais, en vérité, elle est peu de chose comparée à votre fabuleuse fortune !
    – Croyez-vous vraiment que c’est la perte de cet argent qui m’affecte ainsi ?
    – J’entends bien que ce n’est pas l’argent en soi que vous regrettez. C’est la besogne que vous auriez pu accomplir avec cet argent. Mais quoi, il faut en prendre votre parti. En somme, vous venez de perdre une manche, mais la partie continue entre nous. Vous aurez peut-être votre revanche. Morbleu, je vous ai vu perdre des coups plus importants que celui-ci, et vous vous êtes montrée meilleure joueuse. D’où vient que je vous vois si abattue, cette fois-ci ?
    Il avait au coin de l’œil cette lueur malicieuse qu’on y voyait chaque fois qu’il préparait un bon tour. Il est certain qu’il avait très bien compris ce qui se passait en elle. Seulement, il voulait le lui faire dire. Il y réussit à merveille. Soit qu’elle fût dupe, soit qu’elle éprouvât l’impérieux besoin d’être fixée au plus vite sur son sort, toujours est-il qu’elle saisit avec empressement la perche qu’il lui tendait, non sans malice, et elle révéla la véritable cause de cet abattement dont il feignait de s’étonner.
    – C’est que, dit-elle, j’avais alors conservé ma liberté. Et, pour des gens d’action comme vous et moi, être libre est un avantage d’une inappréciable valeur. Aujourd’hui… je suis votre prisonnière. Comprenez-vous ?
    – A merveille, sourit Pardaillan

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