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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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 de Sorrientès. Combien vous donnait-elle ?
    – Le lit et la table, plus cent cinquante livres par mois, plus les hardes qu’elle m’abandonnait, plus quelques menues gratifications, par-ci, par-là, mentit effrontément La Gorelle.
    – Eh bien, promit Léonora sans sourciller, je vous donnerai trois cents livres par mois, plus le reste. Et je veux y ajouter un petit présent : puisque vous êtes si misérable, le jour où vous prendrez votre service, vous trouverez dans votre chambre cinq cents livres que je vous donne pour que vous ne soyez pas démunie d’argent.
    De ce coup d’œil qui était le sien, Léonora l’avait jugée. Elle avait calculé qu’elle ne saurait pas résister à la tentation de toucher le plus vite possible les cinq cents livres qu’elle lui promettait. En effet, La Gorelle donna tête baissée dans le panneau :
    – Si vous voulez bien le permettre, madame, ce sera aujourd’hui même, dit-elle vivement.
    – Comme vous voudrez, acquiesça Léonora d’un air indifférent.
    – Je vais profiter d’une absence de M me  de Sorrientès pour aller chercher quelques menus objets auxquels je tiens et, dans une heure, je suis de retour, promit joyeusement la mégère.
    – Allez, ma bonne, allez, autorisa Léonora avec la même indifférence affectée. A votre retour, vous trouverez votre chambre prête… et vos cinq cents livres sur la table.
    La Gorelle s’inclina devant eux dans une révérence qui était presque un agenouillement et se glissa vers la sortie.
    A peine avait-elle tourné le dos que la tête de Stocco se montrait entre les plis de la tenture écartée. Du regard, il interrogeait sa maîtresse qui, du bout des lèvres, laissa tomber cet ordre donné d’une voix si basse qu’il le devina plutôt qu’il ne l’entendit.
    – Suis-la et ne la lâche pas d’une semelle.
    Stocco laissa retomber la portière et se précipita. Avec un sourire étrangement équivoque, il songeait :
    – 
Corpo di Cristo,
je fais mieux que de la suivre : je l’accompagne !… Une femme qui, demain peut-être, sera riche de cent mille livres,
Dio birbante,
c’est à soigner !… J’ai peut-être eu tort de la rudoyer comme je l’ai fait !…
    La Gorelle, dès qu’elle y mit le pied, le trouva dans l’antichambre où il paraissait attendre. Il vint à elle, empressé, la bouche fendue jusqu’aux oreilles par un rictus qui prétendait être un gracieux sourire, sinistre dans son amabilité intéressée. Il s’informa avec sollicitude :
    – Eh bien, ma mignonne, il paraît que ce que vous aviez à dire était sérieux ?
    – Comment le savez-vous ? s’étonna-t-elle.
    Il sourit d’un air entendu. Et levant les épaules :
    – Si vos révélations avaient été sans importance, j’aurais été appelé et chargé de vous reconduire. Du moment qu’il n’en a rien été, que vous sortez librement, c’est que monseigneur n’a pas perdu son temps avec vous.
    – Vous pouvez même dire que je lui ai rendu un signalé service, triompha La Gorelle.
    – Je n’en ai jamais douté.
    Il donnait cette assurance avec un aplomb imperturbable. Malheureusement, sans s’en apercevoir, il le disait aussi avec son habituel air de sarcasme qui le rendait profondément antipathique et qui avait fini par devenir chez lui comme son air véritable. Elle crut qu’il raillait, qu’il doutait. Et prenant un air pincé :
    – A preuve, dit-elle, que M me  la maréchale me prend à son service, que je cours de ce pas chercher mes nippes et que dans une heure au plus tard je reviens à la maison, dont je fais partie maintenant.
    – J’en suis enchanté pour vous ! protesta Stocco. Oh ! la maison est bonne, vous verrez !… Mais puisque vous faites partie de la maison, je m’en voudrais à mort de laisser une jolie fille comme vous s’en aller par les rues, seule, sans défense, exposée aux entreprises de mauvais galants qui ne respectent ni l’innocence ni la vertu.
    Et, retroussant sa moustache d’un geste qu’il croyait conquérant et qui n’était que bravache, lui décochant une œillade qui avait la prétention d’être assassine et qui n’était que terrifiante :
    – Je vous accompagne, ma mignonne ! Si quelqu’un se permet de manquer au respect qui est dû à une douce colombe telle que vous, c’est à Stocco qu’il aura affaire.
    Dire la stupeur de La Gorelle, en entendant ce langage, nous paraît impossible. Elle s’arrêta. D’instinct,

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