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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’une dame, dont elle ne vous a pas dit le nom, est la mère de la fille de mon époux, M. d’Ancre… Proposition « honnête » que vous avez acceptée, avez-vous dit ?… Et laissez-moi vous dire une chose que vous paraissez ignorer…
    Voyant qu’elle laissait la phrase en suspens et souriait d’un sourire terriblement inquiétant, La Gorelle, sentant poindre la menace, perdait de plus en plus pied et, sous son calme apparent, sentait l’inquiétude l’envahir de plus en plus. Elle se fit plus humble encore, et de sa voix la plus insinuante :
    – Laquelle, ma bonne dame ? Pour Dieu, instruisez-moi ! Je ne suis qu’une pauvre ignorante, moi !
    – C’est que, continua Léonora, d’une voix glaciale, c’est là ce que l’on appelle proprement un faux témoignage… Ce qui peut vous mener tout doucement jusqu’à… la place de Grève où, à seule fin que tout le monde puisse vous voir, vous seriez placée bien en vue… par exemple, au haut d’une potence.
    – Jésus ! s’étrangla la vieille qui croyait déjà sentir le fatal nœud coulant lui serrer la gorge.
    – Mais cela vous regarde, achevait l’implacable Léonora, passons… Ce qui nous regarde, ce que nous voulons savoir, c’est pourquoi vous venez vous vanter d’une action qui pourrait avoir les suites… que je viens de vous indiquer… et que vous voulez-vous enfin ?
    Ils le savaient très bien, ce qu’elle voulait. Ils avaient tout de suite compris qu’elle venait leur dire : « Donnez-moi le double, et je me tais. » Ils étaient, d’ailleurs, bien décidés à lui donner, sans marchander, la somme qu’elle exigerait d’eux. Cela n’était pas fait pour les gêner ; ils savaient bien que Marie de Médicis leur rembourserait, et bien au-delà, ce qu’ils auraient donné pour elle. Et si Léonora avait paru se défendre si âprement, ce n’était pas pour se dérober : c’est qu’elle ne se contentait pas d’acheter le silence de la mégère. C’est qu’elle voulait se servir d’elle, lui faire dire certaines choses qui étaient déjà arrêtées dans son esprit. Et cela, elle avait compris qu’elle ne l’obtiendrait qu’en la terrorisant.
    Elle y avait complètement réussi, il faut le reconnaître. La Gorelle, épouvantée, regrettait amèrement de s’être fourvoyée dans un guêpier pareil, pour nous servir de sa propre expression. Certes, elle aimait l’or. Mais elle aimait également sa précieuse personne. Et elle se disait, à juste raison, que son or ne lui servirait plus de rien dès l’instant où elle serait passée de vie à trépas. Et, venue pour leur extorquer la forte somme, elle jugea plus prudent d’y renoncer. Et la voix étranglée, tant le sacrifice lui paraissait affreux, déchirant, elle larmoya :
    – Mais je ne veux rien, ma bonne dame du bon Dieu !… absolument rien !… Je suis une honnête femme, moi ! J’ai bien compris, allez, que ce qu’on me demandait n’était pas honnête. J’ai accepté ? Oui, mais si je n’avais pas accepté, je serais morte à l’heure qu’il est… N’empêche que je me suis dit : « Thomasse, ma fille, le seul moyen de te tirer de là est d’aller tout dire au seigneur maréchal. » Et je suis venue…
    Concini et Léonora furent stupéfaits. S’ils s’attendaient à quelque chose, ce n’était pas à du désintéressement. Ils ne furent peut-être pas tout à fait dupes. Mais malgré eux leur attitude – surtout celle de Léonora – se modifia, se fit moins menaçante.
    Matoise, elle sentit le revirement. Elle se hâta d’en profiter pour s’efforcer, tout au moins, de sauver quelques bribes de cette fortune qui s’en allait à vau-l’eau. Et d’une voix lamentable :
    – Je suis venue… pour vous rendre service… C’est ma ruine… car la somme que je refuse m’aurait assuré une honnête aisance jusqu’à la fin de mes jours… C’est peut-être la mort… car la duchesse de Sorrientès ne me pardonnera pas le méchant tour que je viens de lui jouer… Et, si elle ne me fait pas expédier à la douce par quelqu’un de ses gens, elle ne manquera pas de me jeter à la rue… Je perdrai l’emploi convenablement rétribué que j’occupais chez elle… C’est la misère noire… Et, à mon âge, c’est terrible, la misère !…
    Cette fois, Léonora et Concini échangèrent un sourire entendu : ils avaient compris la manœuvre de la vieille. Léonora fit un signe à Concini. Ce fut lui qui prit

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