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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’incrédulité inquiète, Léonora, dupe une fois de plus de l’incomparable comédien, reprit avec plus de force :
    – Je vous dis que vous n’avez rien à craindre !
    Et, lui faisant signe d’approcher, baissant la voix, d’un air mystérieux :
    – Sachez, Rospignac, que Concino est le propre père de cette enfant.
    – Que me dites-vous là, madame ? bégaya Rospignac, jouant la stupeur.
    – La vérité pure, dit Léonora.
    Et, baissant la tête, comme accablée par la honte, d’une voix plus basse, plus mystérieuse :
    – Et je suis, moi… sa mère !
    – Vous, madame ! s’écria Rospignac avec une stupéfaction qui, cette fois, n’était pas simulée.
    Et, en lui-même, il admirait :
    « Elle a trouvé cela !… Tripes du diable, elle est vraiment forte !… très forte !… »
    – Oui, fit Léonora dans un accent douloureux, je comprends votre étonnement… je comprends ce que vous pensez, allez !… Vous faites la même réflexion qui viendra à l’esprit de tous ceux qui me connaissent… Vous vous dites que Florence ayant dix-sept ans passés… elle est née avant le mariage… Hélas ! oui, c’est vrai !… J’ai commis cette faute, moi, Léonora Dori, dont l’irréprochable conduite est reconnue même de ceux qui la couvrent des plus odieuses insultes !… A présent que je considère la chose à travers le recul des ans, je me demande moi-même comment j’ai pu m’oublier à ce point !…
    Et se redressant :
    – Du moins ai-je cette consolation de pouvoir dire qu’il y a eu réparation, puisque je suis l’épouse de mon Concino ! Vous me demanderez peut-être pourquoi l’enfant, pourquoi Florence ne fut pas reconnue par nous à l’époque du mariage ? C’est une histoire aussi pénible que douloureuse. Cette histoire, vous avez le droit de la connaître, puisque vous allez faire partie de la famille. Ecoutez donc, Rospignac, et vous verrez comment la fatalité s’acharnant sur moi m’a fait cruellement expier une malheureuse erreur de jeunesse.
    Ici Léonora, avec la physionomie, les attitudes, les accents qui convenaient, en quelques mots, fit le récit de sa prétendue faute, et des événements qui la mirent dans l’impossibilité de reconnaître une fille disparue, volée sans doute, morte, peut-être. Ce récit, inventé de toutes pièces, faisait honneur à son imagination. Mais comme il côtoyait de près la vérité, il avait cet avantage de paraître très vraisemblable et de répondre d’avance à toutes les objections des esprits les plus malveillants.
    Rospignac l’écouta avec une attention soutenue. Il ne croyait pas un mot de ce qu’elle disait. Mais il comprenait que, sans en avoir l’air, elle lui signifiait ce qu’il devait répéter et, au besoin, soutenir jusqu’à la mort. Et il notait soigneusement dans sa mémoire les moindres détails. Au reste, il eut bien soin de ne pas laisser voir son incrédulité, et Léonora put croire qu’il tenait pour parfaitement véridique tout ce qu’elle venait de lui raconter.
    Quand elle eut fini, sans s’attarder à des remerciements qu’il sentait qu’on n’attendait pas de lui, Rospignac trouva d’instinct les seules paroles qui convenaient. Et, redressé dans une attitude de défi, le poing crispé sur la garde de l’épée, l’œil sanglant, les crocs en bataille, dans un grondement formidable :
    – Que faut-il faire ?… Donnez vos ordres, madame.
    Un sourire livide passa sur les lèvres de Léonora. Et le tenant sous le feu de son regard de flamme, avec un accent intraduisible :
    – Quand on connaîtra cette histoire… et il faudra bien qu’on la connaisse… je vais être, plus que jamais, déchirée à belles dents… traînée dans la boue…
    – Compris ! interrompit Rospignac, je dirai deux mots aux insulteurs, avec ceci, et il frappait rudement sur le pommeau de sa lourde épée.
    – Mon Dieu, fit Léonora avec un indéfinissable accent de raillerie dédaigneuse, si vous y tenez… Quant à moi, je ne suis pas si susceptible…
    – Je ne comprends plus, madame.
    – C’est pourtant bien simple : je vous laisse le soin de décider si vous devez dédaigner l’injure ou en tirer vengeance. Non, ce n’est pas cela qui me tient à cœur… Ce qui serait fâcheux… très fâcheux… c’est s’il se trouvait des gens qui, avec les meilleures intentions du monde, peut-être, s’aviseraient d’insinuer que Florence n’est pas… ne peut pas

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