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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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simplement parce qu’elle ne savait pas encore ce qu’elle allait dire.
    Cette attitude, bien qu’involontaire, produisit une impression terrible sur Florence qui pâlit d’angoisse, comme si elle eût senti passer sur sa nuque le souffle du malheur. Et, ne trouvant pas la force de parler, elle leva sur Léonora un regard d’interrogation muette, chargée d’une détresse infinie.
    – Oui, reprit Léonora, cette fois-ci, j’ai bien peur que votre pauvre mère ne soit irrémédiablement perdue.
    Après avoir porté froidement ce coup qu’elle savait rude, elle mit du baume sur la blessure :
    – Cependant, il est un moyen de la sauver… Un moyen… infaillible… oui, je dis bien : infaillible. Mais ce moyen dépend de vous… Et je ne sais si vous vous sentirez la force de l’employer… Le sacrifice sera pénible… douloureux… pour vous.
    Florence crut comprendre à quoi tendait cet exorde inquiétant. Elle crut que la maréchale était arrivée à la même conclusion qu’elle, et qu’elle allait lui demander de s’immoler elle-même. Elle chancela, saisie de nouveau, par le vertige de l’épouvante : l’épouvante indicible de la mort… la mort à dix-sept ans… Son pauvre visage douloureux se crispa. Ses lèvres se décolorèrent. Son regard vacilla. Et, dans son esprit aux abois, une lutte suprême, atroce, s’engagea.
    Mais, sans doute, l’idée de sacrifice avait déjà fait de rapides progrès dans son cœur, car elle ne se débattit pas longtemps. Et avec un indéfinissable accent, à la fois résolue et désespérée :
    – Peu importe que je souffre, dit-elle, pourvu que ma mère soit sauvée ! Dites donc sans crainte, madame, ce que je dois faire.
    En même temps, elle se raidissait de toutes ses forces et, d’instinct, pliait les épaules, tendait le cou… comme le condamné à mort devant la hache du bourreau qui va s’abattre sur lui dans un éclair blafard de l’acier.
    Sans soupçonner ce qui se passait dans son esprit et quelle effroyable méprise était la sienne, Léonora ne put s’empêcher de l’admirer un instant. Elle répondit et, cette fois, ayant enfin pris une décision, elle alla droit au but :
    – La menace suspendue sur votre mère vient de l’irrégularité de votre naissance. Que cette irrégularité disparaisse, et la menace tombe du coup. Que faut-il pour obtenir ce résultat ? Simplement qu’une femme consente à déclarer que vous êtes sa fille… et que vous consentiez, vous, à reconnaître cette femme pour votre mère. Voilà.
    Un soupir de joie puissante souleva le sein de Florence, un soupir de joie et de délivrance, pareil à celui que doit pousser le condamné lorsque, la tête sur le billot, il apprend qu’il y a grâce pour lui. Elle fut instantanément debout. Et, toute droite, toute blanche, elle haleta :
    – N’est-ce que cela ?
    – C’est beaucoup, dit Léonora avec une lenteur calculée. Vous perdrez ainsi tout espoir d’être jamais reconnue par votre vraie mère.
    – Je n’ai jamais espéré cela !
    – Vous serez sous la seule dépendance de vos parents d’adoption, que vous serez tenue de respecter comme s’ils étaient votre vrai père et votre vraie mère.
    – Je me montrerai fille soumise et respectueuse. Pouvez-vous en douter, madame ? De grâce, ne craignez rien de moi, et nommez-moi plutôt celle qui consent à faire de moi sa fille.
    – C’est moi, dit Léonora avec une majestueuse simplicité.
    – Vous, madame !
    – Moi !… Et je ne mentirai qu’à moitié en disant que vous êtes ma fille, puisque vous êtes la fille de Concino, qui est mon époux.
    En quelques minutes, toute cette affaire fut réglée, au gré de Léonora, et telle qu’elle l’avait arrangée dans son esprit. Florence, sans hésiter, souscrivit à tout ce qu’elle voulut. Et Léonora savait qu’elle pouvait avoir une confiance absolue en sa parole.
    Tout fut réglé rapidement, seulement Léonora n’eut pas un mot, pas un geste, de nature à faire croire à la jeune fille qu’elle entendait prendre au sérieux cette maternité qu’elle imposait. Florence comprit qu’elle ne trouverait aucune affection chez cette femme, pour qui elle n’éprouvait elle-même aucune affection. Elle comprit également que la maréchale d’Ancre ne jouerait son rôle de mère qu’en public et que, dans l’intimité, toutes deux redeviendraient des étrangères.
    Elle comprit tout cela.
    Mais elle ne comprit pas qu’elle

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