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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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marquis et d’une marquise, il n’en reste pas moins que j’ai toujours vécu au milieu du peuple, dont j’ai pris, sans m’en rendre compte, les idées saines et les goûts simples. C’est ce qui fait que la cour ne me tente nullement. Et si je dois m’y rendre, comme aujourd’hui, ce ne sera pas, comme vous paraissez le croire, un plaisir que j’éprouverai, mais une gêne pénible.
    Elle ne riait plus. Elle disait cela d’un petit air sérieux, qui ne permettait pas de douter de sa sincérité.
    – Eh bien, fit Léonora, satisfaite, cette simplicité de goûts tombe à merveille : il ne vous sera pas pénible d’apprendre que cette présentation, nécessaire, n’aura pas de suite, et que jamais plus vous ne remettrez les pieds à cette cour qui vous tente si peu.
    Et comme Florence accueillait cette nouvelle avec une indifférence qui n’avait rien d’affecté, mais se gardait bien de demander la moindre explication, elle crut devoir ajouter :
    – Pour la sécurité de votre mère, il est nécessaire que vous vous teniez à l’écart le plus possible.
    – Est-ce à dire, madame, que, toute ma vie, il me faudra demeurer enfermée dans cette maison ? s’inquiéta Florence.
    – Non pas, rassura Léonora. L’essentiel est qu’on ne vous voie pas à la cour. Quant au reste, il n’est jamais entré dans ma pensée de vous tenir prisonnière ici, comme nous avons été dans la nécessité de le faire jusqu’à ce jour. A dater de maintenant, vous pourrez sortir et rentrer à votre gré. A condition, bien entendu, que vous vous ferez accompagner par une suivante, ainsi qu’il convient à une jeune fille de votre rang.
    Ayant fait cette promesse que Florence accueillit avec une joie puérile, Léonora sortit en songeant :
    – Promesse qui ne m’engage pas beaucoup : dans huit jours, elle sera mariée à Rospignac qui l’emmènera loin de Paris… ou bien elle sera enfermée dans un cloître.
    Une heure après, devant une brillante assemblée, Concini présentait cérémonieusement sa fille, miraculeusement retrouvée, à Marie de Médicis.
    La mère, figée dans une attitude hautaine, n’eut pas un tressaillement, pas un élan, pas un geste, pas un regard vers cette enfant qui se courbait devant elle, qui, d’une voix que l’émotion faisait trembler, débitait un compliment très court, très simple : quelques mots touchants, jaillis de son cœur aimant et dévoué, cette enfant qui était sa fille, à elle, et qu’on lui présentait comme la fille d’une autre.
    Ce compliment qui eût attendri toute autre que la monstrueuse égoïste, elle l’écouta froidement, avec une impatience qu’elle ne parvenait pas à dissimuler complètement, et, si bref qu’il fût, elle trouva encore moyen de le couper d’un geste cassant. Et le sourire, les paroles aimables qu’elle n’avait pas eu la force de trouver pour sa fille, elle les trouva pour son amant et ce fut à lui qu’elle les adressa.
    Et la pauvre enfant sentit s’écrouler en son cœur ce suprême, cet instinctif espoir qu’elle avait gardé jusque-là. Elle comprit alors, sans aucun doute possible, elle comprit que ce que l’abominable mère ne lui pardonnait pas, ne lui pardonnerait jamais, c’était d’être vivante. Et elle courba la tête, elle fit des efforts surhumains pour refouler les deux larmes qui brûlaient le bord de ses paupières et voulaient jaillir.
    Pendant ce temps, Léonora, qui s’était glissée près de Fausta, se donnait la satisfaction de l’écraser en lui montrant complaisamment les « preuves irréfutables », qui faisaient de la fille de Marie de Médicis, sa fille, à elle.
    Avec cette force de dissimulation si remarquable chez elle, Fausta accueillit la nouvelle avec son plus charmant sourire. Seulement, après les compliments qu’elle ne lui marchanda pas, elle voulut lui montrer qu’elle n’était pas dupe. Et, baissant la voix :
    – Allons, le tour est bien joué, Léonora, et je vous félicite, dit-elle sans cesser de sourire. Je comprends maintenant pourquoi la reine m’a adressé une invitation si pressante, qu’elle devenait un ordre auquel il m’était impossible de me soustraire… Je comprends aussi l’accueil presque glacial qui m’a été fait ici… Me voilà en disgrâce presque complète, ma foi !… Cette disgrâce dont j’aurai beaucoup de peine à me relever, c’est à vous que je la dois, n’est-ce pas, Léonora ?
    Léonora se sentait de taille à

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