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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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abattre la redoutable jouteuse. Elle ne voulut pas se dérober. Et dès l’instant qu’elle déposait le masque et parlait en toute franchise, elle voulut lui rendre la pareille. Elle se redressa et la fixant droit dans les yeux :
    – Oui, dit-elle nettement. J’ai fait de mon mieux pour vous desservir. Et je crois y avoir assez bien réussi. Et remarquez, signora, que pour obtenir ce résultat, je n’ai eu qu’à dire la vérité toute nue.
    – Vous savez que c’est la guerre entre nous ? gronda Fausta.
    – La guerre, répliqua Léonora, vous la déclarez maintenant, signora. Mais elle existait entre nous, dès l’instant où vous vous êtes dressée sur ma route. Car, si je n’ai jamais été dupe de vos protestations, je ne vous ferai pas l’injure de croire que vous avez pu vous laisser prendre aux miennes… Et cependant, je vous ai battue… Ceci dit, madame, non pour insulter à votre défaite, mais pour vous faire comprendre que je ne crains pas plus la lutte à visage découvert que la lutte sournoise que nous avons soutenue jusqu’à ce jour.
    – Et dans laquelle vous avez eu le dessus, complimenta Fausta sans raillerie, je le reconnais. Mais tout n’est pas dit encore. Gardez-vous bien, Léonora : j’aurai ma revanche.
    – Oh ! madame, peut-être me trouverez-vous bien présomptueuse, mais je ne vous crains pas.
    Sur ces mots, Léonora s’inclina dans une révérence respectueuse et se dirigea vers Florence, qu’elle voulait emmener aussitôt que possible, parce qu’elle voyait que sa présence déplaisait à Marie de Médicis.
    Quant à Fausta, ce fut vers la reine qu’elle alla, avec l’intention de lui demander l’autorisation de se retirer. Malgré l’empire prodigieux qu’elle avait sur elle-même, elle suffoquait de rage refoulée et éprouvait l’impérieux besoin de se retrouver chez elle, seule, libre de toute contrainte opprimante.
    Réellement, ce jour était un jour néfaste pour elle. Sans compter la perte de ses millions à laquelle elle était plus sensible qu’elle ne voulait se l’avouer à elle-même, sans compter que, depuis quelque temps, rien de ce qu’elle entreprenait ne lui réussissait, elle avait, ce jour-là, reçu des coups qui eussent assommé tout autre qu’elle : d’abord la destruction de ses dépôts, coup terrible qui, en les désarmant, annihilait les troupes occultes qu’elle avait dans Paris et les environs, et dont le concours lui était indispensable. Puis, sa disgrâce auprès de la régente. Disgrâce qui pouvait avoir des conséquences désastreuses et dont, elle l’avait dit elle-même, elle ne se relèverait pas sans peine. Enfin, la reconnaissance de la fille de Marie de Médicis par Léonora, reconnaissance qu’elle avait dû accepter sans protester, ce qui lui enlevait un moyen de pression puissant, infaillible.
    Ce dernier coup-là, auquel elle était loin de s’attendre, parce que connaissant Léonora comme elle la connaissait, jamais l’idée ne lui serait venue que la terrible jalouse consentirait à reconnaître pour sienne propre la fille de son Concino adoré et de Marie de Médicis, ce dernier coup lui était d’autant plus sensible qu’elle comprenait que c’était par sa faute à elle-même qu’elle avait perdu cette partie si importante pour elle : elle s’était absorbée dans sa lutte contre Pardaillan au point de négliger le reste. Elle comprenait maintenant, trop tard, la lourde faute qu’elle avait commise.
    Fausta n’aspirait donc qu’à se retirer chez elle pour y réfléchir à son aise et chercher dans son imagination, jamais à court d’expédient, le moyen de relever une situation si fortement compromise, mais qu’elle ne voulait pas encore voir désespérée.
    Ce jour-là, elle jouait de malheur décidément. Au moment où Marie de Médicis, avec une froideur remarquée, lui ayant accordé le congé qu’elle sollicitait, elle se dirigeait vers la porte, cette porte s’ouvrit à double battant. Et le roi entra.
    Il n’était pas seul. Près de lui se tenait Valvert, Valvert couvert, des pieds à la tête, de poussière et de plâtre, les vêtements en désordre, les mains couvertes d’égratignures sanglantes, ce qui, n’était la longue épée qu’il avait au côté, eût pu le faire prendre pour un maçon qui venait d’être victime d’un accident.
    Devant le roi, Fausta dut s’immobiliser et se courber, comme tout le monde.
    Il paraissait assez agité, le petit roi.

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