La Fin de Fausta
recherchés. Je réponds que le châtiment qui leur sera infligé sera si terrible, qu’il ôtera pour jamais l’envie de recommencer à ceux qui seraient tentés de les imiter. Que si les satisfactions que je donne ici, spontanément, paraissent insuffisantes, je suis prête à accorder toutes les réparations qu’il vous plaira de demander, Sire.
La manœuvre qu’elle venait d’accomplir avec cette rapidité de décision si remarquable chez elle, était habile : en allant au-devant de tout ce qu’on pouvait lui demander, elle mettait le roi dans la nécessité de se contenter des satisfactions qu’elle donnait. Il est bien entendu que cette manœuvre ne pouvait réussir que si le roi ignorait qu’elle était la principale coupable et que ces manœuvres louches qu’elle venait de stigmatiser avec indignation, c’est elle qui les avait commandées. Mais, à l’attitude de Valvert, elle avait compris qu’il n’avait pas parlé, que le roi ignorait le rôle qu’elle avait joué. Peut-être avait-il des soupçons : et la colère qui l’animait le laissait supposer. Mais il n’avait pas de preuves, il reculerait devant un éclat.
Elle eut la satisfaction de voir qu’elle ne s’était pas trompée dans ses conjectures. Ne rencontrant pas de résistance, la colère du roi tomba d’elle-même. Et la réponse prévue par Fausta arriva, telle qu’elle l’attendait.
– C’est bien, dit le roi, avec un reste de froideur, allez, madame. Et si sous tenez à ce que je continue à croire à cette amitié dont vous me donnez l’assurance, faites bonne et prompte justice.
– Je réponds, Sire, que vous serez satisfait, promit Fausta. Fausta fit sa révérence et sortit, sans que personne s’occupât d’elle.
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Chapitre 30 LE MARIAGE DE FLORENCE (suite)
L e roi se tourna aussitôt vers Concini. Il se montra très aimable avec lui. Il l’entretint de cette fille, perdue au berceau et miraculeusement retrouvée, dont il avait entendu parler, et il l’autorisa gracieusement à la lui présenter. Ce que Concini, radieux de ces marques de faveur qu’on lui prodiguait en public, s’empressa de faire.
Florence, rougissante, se vit de nouveau le point de mire de tous les regards. Et l’accueil gracieux que lui fit le roi – son frère, après tout, comme avait dit justement Landry Coquenard – la réconforta un peu de l’accueil glacial que lui avait fait sa mère. En outre, cet accueil si particulièrement flatteur eut pour résultat immédiat de déchaîner l’enthousiasme des courtisans qui, devant l’accueil de la reine avaient jugé prudent de dissimuler soigneusement l’admiration ardente, que suscitait en eux tant de grâce légère et de charme captivant, unis à tant de jeunesse éclatante et de radieuse beauté.
Cette présentation avait tout naturellement rapproché nos deux amoureux. Car Valvert, obéissant sans doute à un ordre donné d’avance, ne bougeait pas d’à côté du roi. Et le petit roi, coulant un regard espiègle sur Valvert, se donna le malicieux plaisir de présenter nos amoureux l’un à l’autre, et cela, devant Concini, obligé d’accepter la chose le sourire aux lèvres. Il fit mieux encore :
Il prit Concini par le bras et s’écarta avec lui de deux ou trois pas, sous prétexte de se faire raconter comment il avait perdu et retrouvé cette enfant. En sorte que, pendant que Concini, fier de la faveur royale et furieux de la liberté laissée à Valvert, se lançait dans un récit forgé de toutes pièces, Valvert et Florence, seuls au centre de la vaste salle, à trois pas du roi, dont nul n’osait approcher, eurent cette joie précieuse autant qu’imprévue, de pouvoir s’entretenir librement, à voix basse.
Cet entretien dura autant que dura le récit de Concini : quelques minutes. Mais que de choses peuvent se dire deux amoureux, en quelques minutes !
Le roi avait paru écouter le récit de Concini avec une attention soutenue. Quand ce récit fut achevé, il se rapprocha des amoureux, ce qui mit fin à cette espèce de tête-à-tête qu’il leur avait ménagé. Il demeura quelques minutes encore à s’entretenir avec eux, et se retira enfin, emmenant Valvert avec lui.
Presque aussitôt après, Léonora partit à son tour avec Florence. La jeune fille était radieuse et ne songeait pas à dissimuler sa joie. Gracieuse et légère comme un papillon, elle allait à côté de Léonora, repassant dans sa pensée jusqu’aux paroles les plus
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