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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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prit bravement parti de son effroyable mésaventure.
    – Soit, dit-elle, avec ce calme souverain revenu et que Pardaillan admira sans en avoir l’air, la mort ne me fait pas peur non plus… Et puis, moi aussi, je suis lasse, tous mes rêves brisés et brisés par vous, plus rien ne me retient en ce monde maudit. Nous mourrons ensemble, Pardaillan. C’est plus que je n’aurais osé espérer.
    Pardaillan ne desserra pas les dents. On aurait pu croire qu’il n’avait pas entendu, tant il montrait d’impassibilité. Il continua d’aller et de venir d’un pas égal, en sifflotant. Elle se tut.
    Un silence lourd, angoissant, que troublait seul le bruit rythmé de ses talons martelant les dalles de la pièce, pesa sur eux. Et cela dura de longues, de très longues minutes… ou du moins des minutes qui lui parurent mortellement longues, à elle.
    Car – et c’était peut-être ce que Pardaillan, qui la guignait du coin de l’œil, avait escompté – le silence obstiné de cet homme, cette marche ininterrompue, ce sifflement monotone, la lueur falote, livide, de ces deux lanternes, qui donnait aux choses un aspect fantastique, menaçant, et par là-dessus la pensée que sous ces dalles que cet homme talonnait ainsi, avec cette suprême indifférence, se trouvait un volcan, qui pouvait faire éruption à tout instant, broyer, pulvériser tout, choses et gens, tout cela réuni finit par exaspérer ses nerfs tendus à en craquer. Et si forte qu’elle fût, elle ne put y tenir plus longtemps.
    – Ecoutez, il faut que je parle, dit-elle d’une voix méconnaissable. Vous ne répondrez pas, si vous voulez, mais moi, il faut que j’entende une voix humaine. Et je parlerai… Je vous dirai… Tenez, Pardaillan, je vais me confesser à vous… Une confession ?… Oui. N’est-elle pas tout indiquée, obligée même, puisque je touche à mon heure suprême et que je suis croyante, moi ?
    Et elle parla en effet. Elle raconta des épisodes prodigieux de son existence prodigieusement mouvementée et que Pardaillan écouta avec un intérêt extraordinaire sous son indifférence affectée. Elle parla longtemps, sans arrêt, avec, c’était certain, la plus entière, la plus absolue franchise. Et il ne pouvait en être autrement, puisque, elle l’avait dit elle-même, c’était une « confession ».
    Mais si merveilleusement intéressé qu’il fût, Pardaillan n’oubliait aucun des détails qu’il avait réglés d’avance. Il l’interrompit brusquement pour dire :
    – C’est l’heure !… Onze heures moins dix, madame ! En ce moment même, votre fidèle d’Albaran, qui sait qu’il ne doit agir ni une minute trop tôt ni une minute trop tard, exécute ponctuellement vos ordres : il entre, regarde, voit la porte du souterrain ouverte et se retire dans la grotte où il attendra dix minutes. Il faut nécessairement qu’il trouve cette porte fermée quand il reviendra, sans quoi, il n’oserait peut-être pas mettre le feu aux poudres. Je vais la fermer. Vous convient-il de m’accompagner ?
    – Allons, dit Fausta, qui se leva aussitôt.
    Pardaillan sourit. Et ce sourire, qu’elle vit, disait si clairement : « Perdez tout espoir de m’échapper » qu’elle détourna la tête comme honteuse d’avoir ainsi laissé deviner sa secrète pensée. Ils descendirent. Pardaillan ferma lui-même la porte secrète et la reconduisit jusqu’à l’escalier : car il l’avait saisie par le bras et ne l’avait plus lâchée.
    Or, pendant qu’elle montait, Pardaillan jetait un coup d’œil rapide sur la porte secrète de ce caveau où Fausta avait fait ranger les tonneaux de poudre, qui n’avaient pu trouver place dans le caveau de l’étage au-dessus. Pardaillan connaissait-il donc l’existence de ce caveau, et qu’il contenait de la poudre ? A la lueur qui pétillait dans son regard à ce moment, nous croyons pouvoir répondre :
    – Oui. Sans doute avait-il pris ses précautions là comme plus haut ? Qui sait ?
    Ils revinrent dans la cuisine. Pardaillan ferma de nouveau à clef la porte de la cave et reprit sa promenade si agaçante pour Fausta. Celle-ci reprit sa place sur un escabeau.
    Des minutes effroyablement longues passèrent. Si forte, si brave, et si résignée à sa fin qu’elle fût, Fausta sentait une sueur froide pointer à la racine de ses cheveux. Elle n’avait pas peur de la mort pourtant. Fausta qui eût marché sans hésitation comme sans crainte à la poudre, qui y eût

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