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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bravement mis le feu, sachant pertinemment qu’elle sauterait la première, Fausta ne pouvait supporter cette affolante attente sans un frémissement d’angoisse. Et cela se comprend en somme. Aussi, ces dix minutes qui la séparaient de l’instant fatal où elle serait projetée dans l’espace pour retomber brisée, déchiquetée, réduite à l’état de bouillie sanglante, ces dix minutes lui parurent cent fois, mille fois plus longues, que l’heure presque entière qui venait de s’écouler et qui lui avait paru longue comme une éternité.
    Et, tout à coup, une cloche, non loin de là, laissa tomber un coup. Fausta se dit que les dix autres coups allaient suivre et que ce serait fini, tout sauterait, flamberait peut-être avant que les onze coups eussent tinté. Elle sentit que Pardaillan l’observait. Elle se raidit et, la longue habitude aidant, elle réussit à montrer un visage impassible. Seuls, les yeux démesurément ouverts – parce qu’elle craignait d’avoir la faiblesse de les fermer – trahissaient son émotion.
    Un coup tomba. Mais les autres ne tombèrent pas. Et l’explosion ne se produisit pas.
    Elle attendit encore un peu. Rien ne se produisait, ni ici, ni là-bas. Alors seulement, elle entrevit la vérité. Elle abattit lentement le bras sur la table et emportée malgré elle :
    – Mais… c’est… c’est…
    – C’est le quart d’onze heures qui vient de sonner, oui, madame, interrompit Pardaillan. Les onze heures ont pareillement sonné. Seulement vous étiez trop… absorbée, et vous ne les avez pas entendus.
    – Mais alors ?… Que signifie ?… d’Albaran ?… Pardaillan prit un des falots et prononça :
    – Venez, madame, vous allez comprendre.
    Ils descendirent. Tout de suite, Pardaillan lui montra la porte du caveau miné, grande ouverte. Ils s’approchèrent. Pardaillan baissa son falot, montra qu’il n’y avait plus de mèche.
    – Votre d’Albaran, dit-il, est venu et a allumé la mèche… vous voyez qu’il n’en reste plus vestige… Seulement, regardez…
    D’un coup de pied, il renversa les tonneaux rangés en pyramide. Ils tombèrent, s’éparpillèrent.
    – Vides ! s’exclama Fausta.
    – J’ai pris la peine de les vider et de noyer la poudre hier, après votre départ, expliqua Pardaillan.
    Maintenant, Fausta était redevenue tout à fait maîtresse d’elle-même. Le calme extraordinaire qu’elle montrait n’avait rien d’affecté.
    – Alors, là-haut, pourquoi m’avoir dit que j’allais faire le saut avec vous ? dit-elle.
    – Parce que j’ai voulu que vous vous rendiez compte par vous-même des abominables minutes que l’on vit lorsque l’on se sait condamné et que l’on attend la mort. Maintenant que vous le savez, pour y avoir passé vous-même, j’espère que vous n’infligerez plus à d’autres ce supplice que vous vouliez m’infliger à moi.
    – Et maintenant, qu’allez-vous faire de moi ?
    Fausta demandait cela avec une étrange douceur. Peut-être avait-elle deviné l’intention réelle de Pardaillan. Peut-être comprenait-elle que ce n’était pas le moment de l’exaspérer par une inutile bravade.
    – Rien, madame, répondit Pardaillan d’une voix glaciale.
    Et, redressé, l’œil étincelant, l’écrasant de toute sa chevaleresque générosité :
    – Allez, madame, je vous fais grâce.
    – Vous me faites grâce ? s’écria Fausta, sans qu’on pût savoir si elle s’émerveillait de tant de magnanimité, ou si elle se soulevait contre ce mot de grâce qui la cinglait comme un coup de fouet.
    – Oui, madame, reprit Pardaillan, je vous fais grâce. Je veux, si vous vivez, que vous vous disiez : « A chacune de nos rencontres, j’ai voulu bassement, traîtreusement, meurtrir le chevalier de Pardaillan. Et, chaque fois, lui, il a dédaigné de me frapper, alors qu’il me tenait à sa merci. » Cette fois, comme les précédentes, je vous fais grâce. Allez, madame.
    Et Pardaillan, le bras tendu, lui montrait la porte dans un geste de si flamboyante autorité, de si écrasant dédain, que Fausta, vaincue, courba la tête, sortit lentement, sans oser répondre un mot.
    En bas, Fausta saisit le falot que Pardaillan avait laissé sur la première marche de l’escalier. Sur cet escalier, elle jeta un coup d’œil furtif, comme si elle avait craint que, d’en haut, Pardaillan ne fût en train de l’épier. Et elle bondit.
    Elle bondit sur la porte secrète du caveau qu’elle

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