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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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seigneur d’Albaran.
    – Et ces deux-là ? fit d’Albaran en désignant Escargasse et Gringaille d’un mouvement de tête souverainement dédaigneux.
    – Ces deux-là sont venus quand tout était fini.
    – En attendant, ils me gardent, le pistolet au poing.
    – Pour vous empêcher de prendre la fuite. Ce que vous auriez tenté de faire s’ils n’avaient pas été là.
    – Soit ! fit d’Albaran en levant les épaules.
    Il rengaina posément, croisa les bras sur sa puissante poitrine et, regardant Valvert bien en face, avec un calme admirable :
    – Vous me tenez, tuez-moi, dit-il simplement.
    – Je vous ai pris afin de causer avec vous. Je ne vous tuerai que si vous m’y forcez absolument, assura Valvert.
    Chose étrange, ces paroles, qui eussent dû rassurer d’Albaran, l’inquiétaient plus que n’avaient pu faire les quatre pistolets braqués sur lui. C’est qu’il réfléchissait. Et il commençait à entrevoir comme possibles des choses extraordinaires auxquelles il aurait refusé de croire quelques instants plus tôt.
    – Que me voulez-vous donc ? demanda-t-il.
    – Je veux, répondit Valvert, et il insistait sur les deux mots, je veux que vous me remettiez le papier que vous portez et qui contient les ordres de la duchesse de Sorrientès et qui doit vous assurer de l’obéissance passive de ces cavaliers au-devant desquels vous allez, lesquels cavaliers escortent un bateau qui remonte péniblement le cours de la Seine et qui doit contenir dans ses flancs des marchandises… des vins d’Espagne, pour préciser…, particulièrement précieux, puisqu’on les met sous la garde de dix hommes commandés par un officier.
    D’Albaran fut atterré. Il s’attendait à tout, sauf à trouver Valvert si bien renseigné.
    – Comment savez-vous cela ? gronda-t-il d’une voix rauque.
    – Peu importe. Je le sais et cela suffit. Allons, donnez-moi ce papier, monsieur. Tiens ! un vin qui vaut quatre millions ! Ce doit être un nectar particulièrement délectable ! Je veux y goûter, moi !
    D’Albaran frémit : Valvert lui disait qu’il connaissait jusqu’à la valeur exacte de ce chargement qu’il voulait s’approprier. Il hésita une seconde. Non pas pour savoir s’il céderait ou non à la menace : il était bien résolu à se faire tuer sur place plutôt que de commettre cette trahison. Seulement il se demandait s’il n’aurait pas le temps de prendre le précieux papier dans son pourpoint et de le détruire. Ce qui eût été la manière la plus simple de sauver ces millions qui avaient mis plus de six semaines à venir d’Espagne, que sa maîtresse attendait avec impatience, et qu’on lui demandait de livrer au moment où on pouvait croire qu’ils étaient arrivés à destination.
    Mais Valvert ne le perdait pas de vue. Et comme s’il lisait dans son esprit, il dirigea de nouveau le canon du pistolet sur lui, en disant :
    – Inutile, monsieur. Ma balle vous abattra avant que vous ayez défait seulement deux aiguillettes de votre pourpoint.
    – C’est bien, grinça d’Albaran, blême de fureur déçue, tuez-moi, et n’en parlons plus.
    Valvert s’approcha de lui, lui posa le canon du pistolet sur le front et d’une voix glaciale prononça :
    – Ce papier, ou je vous fais sauter la cervelle !
    D’Albaran ne fit pas un mouvement pour écarter l’arme. Pas un muscle de son visage ne bougea. Ses yeux étincelants, qu’il tenait rivés sur les yeux de Valvert, ne cillèrent pas.
    – Faites, dit-il simplement, d’une voix que n’altérait pas la moindre émotion.
    Froidement, Valvert appuya le doigt sur la détente. D’Albaran ne broncha pas plus que s’il avait été soudain mué en statue de marbre. Et quelque chose comme un sourire dédaigneux passa sur ses lèvres.
    Valvert ne pressa pas sur la détente, abaissa lentement le bras, recula de deux pas, se découvrit et salua courtoisement.
    – Quoi ?… Qu’est-ce que c’est ? s’effara d’Albaran qui ne comprenait plus.
    – Monsieur, prononça gravement Valvert, vous êtes dénué de scrupules, mais vous êtes brave, assurément. J’aurais dû comprendre qu’un homme comme vous peut être vaincu par la force, mais ne courbe pas la tête devant la menace et ne commet pas une lâcheté, même pour sauver sa peau. Je vous adresse toutes mes excuses pour la demande incongrue que je viens de vous faire.
    D’Albaran roulait des yeux ahuris. Ce qui se passait dans son esprit désemparé

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