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La Fin de Fausta

Titel: La Fin de Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ne pardonnait jamais un oubli dans ces cas-là. Il oublia la force exceptionnelle de Valvert qui l’avait déjà battu, lui, l’invincible d’Albaran, le puissant colosse qui n’avait jamais rencontré son maître. Il oublia tout. Il ne réfléchit pas. Il crut l’occasion favorable. Il ne voulut pas la laisser passer.
    D’ailleurs il ne s’attarda pas à observer les règles de la courtoisie ; provoquer son adversaire à un duel loyal. Malgré ses manières polies, au fond, c’était une brute que ce d’Albaran. Et puis ce n’était pas un duel qu’il voulait : il voulait tuer coûte que coûte et par n’importe quel moyen. Ce fut donc en brute qu’il agit, et sans la moindre hésitation. Lui aussi, il se tourna vers ses hommes et, à voix basse, commanda :
    – Attention ! Il faut passer sur le ventre de ces deux gaillards et les laisser morts sur place !
    Cet ordre donné, il abandonna la bride, prit ses deux pistolets, les arma froidement et, ensanglantant les flancs de sa monture qui hennit de douleur, il chargea avec furie, en hurlant :
    – Tue !… tue !…
    Ses deux acolytes chargèrent comme lui, derrière lui, pistolets aux poings, vociférant aussi fort que lui :
    – Sus !… Pille !… A mort !…
    Ce fut en tourbillon impétueux qui devait tout balayer sur son passage, semblait-il, que les trois assaillants arrivèrent sur Valvert qui tenait le milieu de l’étroite chaussée.
    Celui-ci n’attendit pas le choc. Au même instant il eut, lui aussi, le pistolet au poing, un seul pistolet. Car il ne lâcha pas la bride qu’il prit dans la main gauche, ce qui indiquait qu’il entendait demeurer maître de manœuvrer sa monture selon les circonstances. Et il partit lui aussi, non pas en charge furieuse et désordonnée, comme d’Albaran, mais en un galop méthodique, comme s’il avait été sur la piste du manège.
    Il partit seul.
    En même temps qu’il fonçait, Landry Coquenard, qui devait avoir reçu ses instructions d’avance, sautait à terre et, abandonnant sa monture, se mettait à courir le long d’une haie, un pistolet dans chaque main. Et, en courant, il poussait, suivant son habitude, des cris ahurissants parfaitement imités de tous les animaux de la basse-cour alors connus.
    Parvenu à cinq pas de Valvert, d’Albaran lâcha son coup de feu en mugissant :
    – Meurs ! chien enragé !…
    C’était ce qu’attendait Valvert qui montrait ce sang-froid extravagant qu’il ne perdait jamais dans l’action. Avant que le coup partît, d’un coup d’éperon appuyé d’un vigoureux coup de bride, il fit faire un écart à gauche à son cheval. La balle passa à l’endroit précis qu’il venait de quitter. Sans cette manœuvre, exécutée avec une précision et une rapidité prodigieuses, la balle l’eût atteint en pleine poitrine. Presque aussitôt, il fit feu à son tour non sur d’Albaran, mais sur sa monture.
    Son coup, à lui, porta : atteinte en plein poitrail, la bête tomba sur les genoux. D’Albaran fut projeté par-dessus l’encolure et alla s’étaler à quatre pas, au beau milieu du chemin, sans se faire trop de mal, d’ailleurs. Jeter son pistolet déchargé, saisir l’autre, arrêter son cheval, sauter à terre, bondir sur le cavalier désarçonné, tout cela parut ne faire qu’un seul et même mouvement, tant Valvert l’accomplit rapidement.
    Derrière d’Albaran, ses deux hommes suivaient en trombe. Maladroits, ou trop confiants en eux-mêmes, ils lâchèrent leurs coups de feu immédiatement après lui : quatre balles perdues inutilement. Ils arrivèrent comme des boulets sur lui. Une seconde de plus, et ils le broyaient sans merci, sous les fers de leurs montures. Ils comprirent l’effroyable péril que courait leur chef. Doués de poignes de fer, ils réussirent à arrêter leurs chevaux à temps. Ils auraient pu, ils auraient dû s’en tenir à cela. Il faut croire qu’ils étaient dévoués à ce chef, car ils s’oublièrent eux-mêmes pour ne songer qu’à lui : ils sautèrent à bas de cheval et se précipitèrent vers lui pour lui faire un rempart de leur corps et lui donner le temps de se relever.
    Dévouement inutile. Ils n’eurent pas le temps de dégainer : Landry Coquenard les guignait. Il ne déchargea pas ses pistolets sur eux. Se servant d’un de ces pistolets comme d’une massue, il leva et abattit le bras dans un fer foudroyant. Un des hommes tomba comme une masse. Landry Coquenard salua sa victoire

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