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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pensait bien, en arrivant, qu’elle en aurait pour une heure ou deux, car, contrairement à ce qu’avait supposé Pardaillan, son intention bien arrêtée était d’avoir un entretien avec le duc d’Angoulême avant de lui faire ouvrir les portes de sa prison… si toutefois elle n’utilisait pas séance tenante l’ordre d’écrou qui avait si fort étonné Concini quand elle le lui avait demandé. Ce qui, on le devine, était subordonné à cet entretien préalable qu’elle voulait avoir avec le prisonnier.
    Fausta avait pensé qu’en apportant un ordre de mise en liberté immédiate parfaitement en règle, on ne ferait aucune difficulté de lui permettre de communiquer avec le prisonnier. En conséquence, elle avait négligé de demander une autorisation spéciale à Concini. En fait, dans les conditions où elle se trouvait, aucun gouverneur n’eût refusé. Et en réalité, dès les premiers mots qu’elle prononça sur ce sujet, le galant Châteauvieux s’empressa d’acquiescer à sa demande et se précipita pour la conduire lui-même à la chambre du prisonnier.
    L’un et l’autre, ils avaient compté sans Rose. C’était une sombre brute que ce Rose. Châteauvieux n’avait qu’une idée très vague de ce que pouvait être ce règlement de la Bastille. Par contre, Rose le connaissait à fond, et on peut croire qu’il se tenait sévèrement à cheval dessus. Il en récita tant d’articles, il fit une énumération si terrifiante des peines terribles qui punissaient les moindres manquements à ce sacro-saint règlement, il en dit tant et tant que le vieux Châteauvieux, effrayé, battit précipitamment en retraite, supplia Fausta de ne pas insister.
    Fausta y consentit de bonne grâce, se disant qu’après tout l’entretien qu’elle voulait avoir avec le duc d’Angoulême pouvait aussi bien avoir lieu ailleurs qu’à la Bastille. Seulement elle demanda au gouverneur d’activer les formalités afin de pouvoir se retirer le plus vite possible. Mais là encore elle se heurta au mauvais vouloir de Rose, qui voyait toujours partir ses prisonniers avec un déchirement affreux et qui, pour les garder un peu plus longtemps, multipliait et prolongeait à plaisir toutes les formalités. Et ceci, en se donnant des airs charitables d’homme qui se met en quatre pour activer la libération de malheureux qui avaient hâte de reprendre leur liberté. De plus, comme ces lenteurs préméditées du sinistre geôlier faisaient tout à fait l’affaire du galant Châteauvieux, qui ne s’était jamais vu à pareille fête, il en résulta que l’attente de Fausta se prolongea interminablement.
    Pendant ce temps, dans une chambre assez confortablement meublée de la prison d’Etat, un gentilhomme de fière allure, plein de vigueur, jeune encore assurément, mais les tempes déjà grisonnantes, se promenait avec une impatience fébrile entre les quatre murs de sa prison. Ce gentilhomme, c’était celui que Fausta venait délivrer, c’était Charles de Valois, comte d’Auvergne, duc d’Angoulême. Et en marchant, le duc d’Angoulême murmurait à demi-voix pour lui-même, en froissant un papier qu’il tenait à la main :
    « Qui peut bien m’avoir adressé ce mystérieux billet qui m’est parvenu hier et qui m’annonce ma prochaine mise en liberté ?… Qui ?… Le billet est signé : une ancienne ennemie. Une ancienne ennemie devenue la meilleure, la plus précieuse des amies puisqu’elle me tire de cet enfer !… Elle me tire est bientôt dit… M’en tirera-t-elle ?… Qui peut bien être cette ancienne ennemie ?… J’ai beau chercher, je ne trouve pas ?… Au diable, après tout, peu importe qui elle est, pourvu qu’elle me fasse ouvrir les portes de cette maudite prison où je suis enfermé depuis dix ans… Dix ans ! les dix plus belles années d’une existence humaine passées entre ces quatre murs !… C’est à en devenir fou ! »
    De temps en temps, il se précipitait vers la porte, tendait l’oreille : il lui avait semblé entendre un bruit de pas et, naturellement, il se figurait qu’on venait le chercher. Il demeurait là un long moment, l’oreille collée contre le bois de la porte. Et quand enfin il lui fallait se rendre à l’évidence et reconnaître qu’il avait été le jouet d’une illusion, il secouait la tête d’un air accablé, se mordait les lèvres jusqu’au sang, reprenait sa marche.
    Et cela durait ainsi depuis que le jour s’était levé. Or,

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