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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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comme il venait, une fois de plus, de se précipiter vers la porte, il eut toutes les peines du monde à étouffer le rugissement de joie folle qui montait à ses lèvres. Cette fois, il en était sûr, il n’était pas la victime d’une erreur, on venait.
    Il ne se trompait pas. La porte s’ouvrit. Rose, flanqué de deux guichetiers, parut. D’une voix larmoyante, il annonça l’heureuse nouvelle. Et il continua imperturbablement, à accomplir l’interminable série des formalités. Et pendant ce temps, le duc se rongeait les poings d’impatience à grand’peine contenue, étranglé par l’appréhension de voir surgir quelque complication inattendue qui l’obligerait à réintégrer sa cellule.
    Enfin, les maudites formalités étant accomplies, il fut conduit chez le gouverneur. Maintenant, il était un peu plus tranquille. A moins qu’une catastrophe inouïe ne s’abattît sur lui, il pouvait se dire qu’il était libre. Maintenant, il était possédé par une curiosité ardente : connaître la mystérieuse ancienne ennemie qui avait été assez puissante pour l’arracher à sa tombe anticipée. Il vit Fausta. Comme Pardaillan, malgré les années écoulées, il la reconnut sur-le-champ.
    – La princesse Fausta ! s’écria-t-il stupéfait.
    Il avait pensé à une infinité de femmes, hormis à elle.
    – Non pas la princesse Fausta, répliqua Fausta avec une certaine vivacité, mais la duchesse de Sorrientès.
    Et elle mit un doigt sur les lèvres pour lui recommander le silence. Recommandation qu’il observa d’autant plus volontiers qu’il n’était pas fâché de rassembler un peu ses idées fortement désemparées par la surprise que lui causait la découverte incroyable, inimaginable, incompréhensible pour lui qu’il venait de faire : Fausta s’intéressant à lui au point de lui faire rendre sa liberté et de venir elle-même lui faire ouvrir les portes de son cachot. Il est de fait que cette générosité, de la part d’une ennemie qu’il avait autrefois combattue avec l’aide de Pardaillan, qui lui avait porté de rudes coups sous lesquels c’était miracle vraiment qu’il n’eût pas succombé, cette générosité subite lui donnait fort à réfléchir et faisait se dresser dans son esprit une foule de points d’interrogation.
    Cependant, le moment finit par arriver où il ne resta plus qu’à lâcher le prisonnier. C’est ce qui fut fait. Mais le galant Châteauvieux se fit un devoir de reconduire lui-même la princesse hors de l’enceinte de la prison. Le duc d’Angoulême et Fausta, après avoir essuyé les derniers compliments du gouverneur qui se résigna enfin à les quitter, se trouvèrent enfin seuls, hors de l’enceinte de la formidable forteresse. Alors seulement, le duc commença à respirer plus librement. Mais la précipitation avec laquelle il s’éloigna de la porte, indiquait qu’il ne se sentirait vraiment rassuré que lorsqu’il aurait mis une appréciable distance entre lui et la sombre demeure où il avait gémi durant de longues années.
    Le duc offrit sa main à Fausta et la conduisit jusqu’à sa litière. Ce ne fut que lorsqu’ils furent près de cette litière, loin de toute oreille indiscrète, que Charles d’Angoulême parla, et, avec un accent d’inexprimable gratitude :
    – Madame, dit-il, en me tirant de cet enfer où je me consumais lentement, vous avez acquis des droits à mon éternelle reconnaissance. Vous me connaissez, vous savez que vous pouvez me croire si je vous dis que, vienne l’occasion, je vous montrerai que vous n’avez pas obligé un ingrat.
    Il prit un temps et plongeant ses yeux dans les yeux de Fausta attentive, avec un sourire indéfinissable :
    – En attendant que vienne cette occasion, laissez-moi vous dire, sans plus tarder, qu’il faudra que ce que vous avez à me demander soit tout à fait irréalisable, tout à fait au-dessus de mes forces pour que je ne vous l’accorde pas.
    Ces paroles prouvaient qu’il ne croyait pas au désintéressement de celle à qui il parlait. Elles prouvaient aussi qu’il était homme de résolution, allant droit au but, sans feintes ni détours. Fausta le comprit bien ainsi. Elle ne sourcilla pas cependant.
    Et, étrangement sérieuse :
    – Vous pensez donc que j’ai quelque chose à vous demander ? dit-elle.
    – Je pense, fit-il sans hésiter et en la regardant toujours en face, je pense que la princesse Fausta ne fait rien à la légère. Je vous ai

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