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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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elle venait de faire preuve, lui paraissait si incroyable qu’elle ne pouvait se résoudre à y croire et qu’elle se disait :
    « Ma mère !… Quoi, c’est ma mère qui a voulu ma mort et qui la veut encore !… Est-ce possible ?… Est-ce possible qu’une mère veuille la mort de son enfant ?… Non, c’est impossible, cela ne peut pas être… Certainement, j’ai mal entendu, j’ai mal compris… Ou si j’ai bien entendu, c’est qu’il y a des choses que j’ignore… qui la forcent à parler contre son cœur… Certainement, c’est cela. Je suis sûre qu’elle n’attend que l’occasion… dès qu’elle le pourra, elle me pressera dans ses bras en m’appelant sa fille… Oui, elle le fera, il ne peut en être autrement… Et alors il faudra que je lui demande pardon pour avoir douté d’elle… Douter de ma mère !… mais c’est une abomination que j’ai commise là !… Est-ce qu’un enfant peut se permettre de juger sa mère ?… Et puis, c’est une reine… Les rois et les reines sont enchaînés par l’étiquette. Ils ne peuvent pas toujours suivre les impulsions de leur cœur… Si elle a paru me condamner, si elle est demeurée froide, c’est qu’elle avait d’excellentes raisons pour agir ainsi… Je ne dois, moi, me souvenir que d’une chose : c’est qu’elle est ma mère… ma mère !… et que ma mère ne peut pas me reconnaître ouvertement sans se déshonorer à la face du monde… »
    On remarquera qu’elle ne pensait pas à son père. C’est que son père, c’était Concini. Concini qu’elle méprisait profondément avant de le connaître et qu’elle s’était prise à haïr depuis qu’il s’était mis à la poursuivre de sa passion bestiale qui ne s’était manifestée que par les plus odieuses violences. Cela ne se pouvait oublier si facilement et on conçoit qu’elle demeurât méfiante à son égard.
    Mais sa mère qu’elle s’acharnait à vouloir excuser, c’est à elle qu’allait tout son cœur, toute sa pensée. Il est certain qu’il y avait longtemps qu’elle avait songé à cette mère qu’elle n’avait jamais connue. Naturellement, elle l’avait vue, dans son imagination, parée de toutes les qualités, de toutes les vertus. Marie de Médicis, il faut bien le dire, ne répondait en rien, même de très loin, à l’idéal qu’elle s’était forgé. Il eût fallu être aveugle pour ne pas le voir. Elle n’était pas aveugle, mais elle ne voulait pas voir, ce qui était pire. Sa mère, elle ne voulait pas la voir, dût-elle en perdre la vie, autrement qu’elle l’avait créée de toutes pièces dans ses rêves : parée de toutes les grâces et de toutes les vertus.
    Certes, ce sentiment de vénération filiale était des plus respectables et lui faisait honneur. Mais il était terriblement inquiétant en ce sens qu’il allait l’amener à prendre des décisions qui pouvaient être mortelles pour elle. Elle avait commis cette insigne folie de suivre sa mère, alors que tout lui commandait de demeurer près de son fiancé qui était de taille à la défendre, de toutes les manières. Pour son malheur, elle ne devait pas s’en tenir là. Reste à savoir jusqu’où elle irait dans cette voie où elle avait eu la funeste idée de s’engager.
    Léonora Galigaï la trouva assise à l’endroit qu’elle avait choisi. Son œil soupçonneux scruta, disséqua, pour ainsi dire, la jeune fille. Elle était très pâle, son regard brillait d’un éclat fiévreux. Mais, par un effort de volonté vraiment admirable, elle paraissait très calme. Satisfaite, Léonora étudia pareillement la pièce. Florence frissonna intérieurement en voyant que son regard s’arrêtait un instant sur la porte de communication. Mais elle était sûre que cette porte était hermétiquement close. Elle fit appel à toute son énergie et ne sourcilla pas.
    Si fine, si méfiante qu’elle fût, Léonora ne découvrit rien de suspect. Le soupçon de la vérité ne l’effleura même pas. Elle se fit aimable, bienveillante, presque maternelle.
    Cette attitude qu’elle prenait était intéressée : elle voulait, dès cette première entrevue, inspirer confiance à la jeune fille, conquérir ses bonnes grâces. Car, femme d’action aux décisions promptes, elle avait résolu, dès cette première rencontre, de la sonder adroitement au sujet de sa mère.
    Peut-être y serait-elle parvenue sans trop de peine, car elle savait se montrer particulièrement

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