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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voix venait d’une porte qu’elle découvrit dans un angle opposé au côté par où elle était entrée. Cette porte était entrebâillée : elle tendit l’oreille. Elle reconnut la voix de « son père », la voix de « sa mère ». Elle hésita un instant. Et ce fut plus fort qu’elle : une irrésistible poussée la jeta contre cette porte entrebâillée, qui donnait sur la pièce dans laquelle Concini et la reine s’entretenaient librement, sûrs qu’ils étaient de ne pouvoir être entendus. Et, de ce côté-là, une lourde portière de velours masquait cette porte.
    L’idée que Léonora pouvait avoir introduit la jeune fille dans une pièce qui touchait à celle dans laquelle il se trouvait lui-même, cette idée ne pouvait pas venir à Concini. Si elle lui était venue, il se fût empressé de conduire la reine ailleurs. Tout au moins se serait-il assuré que, derrière la tenture, la porte était bien fermée et qu’on ne pouvait l’entendre.
    Maintenant, comment une si grave imprudence avait-elle pu être commise par Léonora toujours si prudente, si méticuleuse ? D’une façon très simple : Léonora, et pour cause, ne connaissait qu’imparfaitement la petite maison de son mari. Obsédée par le souci de ne pas laisser échapper Odet de Valvert et Landry Coquenard, elle n’avait songé qu’à se débarrasser au plus vite de la jeune fille qui la gênait. Elle avait ouvert la première porte qui s’était trouvée devant elle, ignorant, ou oubliant qu’une communication intérieure existait entre les deux pièces.
    Le reste, la porte entrebâillée, était le fait du hasard. Ce hasard dont elle avait admiré les combinaisons imprévues, sans se douter qu’elle allait être victime d’une de ces combinaisons.
    Quoi qu’il en soit, l’infortunée fille de Concini et de Marie de Médicis, trouvant cette porte entrouverte, ne sut pas résister à la curiosité – très légitime, si on veut y réfléchir –, vint se dissimuler derrière la tenture, et, le sein oppressé, les tempes bourdonnantes, elle tendit une oreille obstinée à espérer quand même un mot, sinon d’affection, tout au moins de compassion.
    C’est ainsi qu’elle apprit la terrible histoire de sa naissance. On peut se demander comment cette enfant, frêle et délicate, put résister à l’effroyable coup de massue que fut pour elle l’abominable révélation, et comment elle ne tomba pas foudroyée sur place. Il en fut ainsi cependant. Non seulement elle ne tomba pas, mais encore elle eut la force et le courage d’écouter jusqu’au bout, sans trahir sa présence.
    Elle entendit ainsi les affreuses confidences de son père et de sa mère. Elle assista, invisible, insoupçonnée, à l’exécrable jugement que l’on discutait froidement, si l’on devait la condamner ou non, et elle put se convaincre que si son père plaidait sa grâce c’était par égoïsme monstrueux et non par humanité, s’il n’était pas guidé par une arrière-pensée inavouable. Hâtons-nous de dire qu’elle se trompait sur ce point : l’amour hors nature de Concini était bien, à tout jamais, arraché de son cœur et de son esprit.
    Elle entendit tout, jusqu’au moment où Léonora annonça qu’elle allait la chercher. Alors, comprenant que c’en était fait d’elle et qu’elle ne sortirait pas vivante de cette pièce si elle était surprise aux écoutes, avec précautions, sans bruit, elle ferma la porte. Et elle revint s’asseoir le plus loin possible de la porte à laquelle elle tourna le dos.
    Elle n’entendit donc pas les dernières paroles concernant son fiancé Odet de Valvert, que Léonora prononça avant de quitter Concini et Marie de Médicis. Si elle les avait entendues, ces paroles, il est certain qu’elle n’eût pas pris la décision qu’elle devait prendre quelques instants plus tard. Mais elle ne les entendit pas, et la vérité nous oblige à dire que, pour l’instant, elle avait momentanément oublié Valvert. De même qu’elle avait oublié la petite Loïse.
    En ce moment, et il ne pouvait en être autrement, elle ne pensait qu’à ce père et à cette mère qu’elle venait de retrouver d’une manière si soudaine et dans des conditions si étrangement dramatiques. Et elle avait l’affreux déchirement de se dire que mieux eût valu cent fois, pour elle, les avoir ignorés jusqu’à la fin de ses jours.
    Elle pensait surtout à sa mère. Et cette monstrueuse sécheresse de cœur dont

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