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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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genoux.
    – Mais vous n’êtes pas un gentilhomme, vous !… Vous êtes moins qu’un laquais !… Allons, laissez-moi passer maintenant que vous avez laissé couler votre bave.
    D’un geste de reine, elle l’écartait. Mais maintenant Rospignac ne se possédait plus. Il saisit brutalement la jeune fille aux poignets, l’attira à lui d’une violente saccade, et, l’œil injecté, les traits convulsés, la lèvre écumante, penché sur elle qui se raidissait de toutes ses forces, il lui jeta dans la figure :
    – Minute, la belle ! Il faut que tu saches que tu seras à moi… car je te veux… et je t’aurai, par tous les diables d’enfer ! Je t’aurai, et tu paieras cher tes insolences !… En attendant, ici même, dans la rue, devant tout le monde, je veux que tes lèvres s’unissent aux miennes, à seule fin que tout le monde voie bien que tu m’appartiens !… Allons, un baiser, la fille, ou tu ne passeras pas !…
    La brute lui meurtrissait les poignets sans pitié, l’attirait violemment à lui, penchait sur elle un visage ardent, que la passion brutale décomposait au point d’en faire un masque d’horreur. Elle, elle résistait vaillamment de son mieux. Elle eût pu appeler, certes, parmi ces passants qui sillonnaient la rue : il se fût trouvé au moins un homme de cœur pour venir à son aide. Et elle ne le faisait pas : elle était brave, assurément, et habituée à ne compter que sur elle-même. Cependant, elle l’avertit :
    – Lâchez-moi, ou j’appelle… j’ameute la foule contre vous ! Il ne répondit que par un ricanement hideux.
    A ce moment, la litière de la duchesse de Sorrientès, à la portière de laquelle marchait le gigantesque d’Albaran, approchait du lieu où se déroulait cette abominable scène de violence. La duchesse avait sans doute terminé ses mystérieux conciliabules. Par un coin du mantelet légèrement écarté, elle s’intéressait au mouvement de la rue, d’ailleurs moins animée. Elle vit ce qui se passait. Sa voix retentit, toujours aussi calme, sans émotion perceptible. Et sa voix disait :
    – D’Albaran, va au secours de cette jeune fille, là-bas. Et inflige-moi à ce goujat qui la maltraite la correction qu’il mérite.
    – Bien, madame, répondit d’Albaran toujours aussi flegmatique. Et il pressa sa monture qui partit au trot.
    Il était écrit que d’Albaran, ce matin-là, ne pourrait accomplir aucune des missions que sa maîtresse lui donnait et qu’il acceptait sans s’étonner jamais, avec la placide indifférence d’un homme dressé à la plus passive des obéissances. En effet, de même que pour Landry Coquenard, il arriva trop tard pour dégager Brin de Muguet. Pendant qu’il s’avançait, un autre accomplissait sa besogne avant lui. Et cet autre, est-il besoin de le dire ? c’était le comte Odet de Valvert qui, las de chercher la jeune fille du côté de Saint-Honoré, s’était décidé à remonter du côté de la croix du Trahoir.
    Il arriva juste au moment où la jolie bouquetière menaçait d’appeler à l’aide. Il n’entendit pas cet appel. Il ne fit qu’un bond sur Rospignac en tonnant :
    – Quel est ce misérable drôle qui violente une femme !…
    En même temps, son poing, projeté avec la rapidité de la foudre, la force irrésistible d’un boulet, s’abattait sur la figure du baron surpris. Rospignac, sous la violence du coup, alla rouler au milieu de la chaussée en poussant un cri de douleur. Valvert se campa devant la jeune fille et d’une voix d’une inexprimable douceur rassura :
    – N’ayez pas peur.
    – Je n’ai pas eu peur ! répliqua-t-elle avec intrépidité, et non sans quelque froideur.
    Elle ne mentait pas. Il suffisait de la regarder pour se rendre compte, qu’en effet, elle n’avait pas peur et n’avait pas perdu un seul instant la tête. Le pis est qu’elle ne paraissait nullement satisfaite de l’intervention de Valvert. A dire vrai, elle paraissait même fort mécontente. Or, comme elle ne pouvait pas être mécontente d’être arrachée aux brutalités de Rospignac, force nous est d’en conclure que son mécontentement ne provenait pas de l’intervention elle-même, mais de celui-là même qui l’effectuait, c’est-à-dire de Valvert.
    Cependant, Rospignac se relevait vivement. Il écumait, Son œil strié de sang chercha l’agresseur. Il le reconnut sur-le-champ. Un rictus terrible hérissa sa moustache : son compte était bon à

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