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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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craque. Un râle sourd jaillit des lèvres tuméfiées de Rospignac qui, à bout de forces, tomba lourdement sur les genoux.
    – Demande pardon ! répéta Valvert implacable.
    – Pardon ! hoqueta le misérable Rospignac qui paraissait sur le point de s’évanouir.
    Alors seulement, Valvert le lâcha. Mais il le saisit par les épaules et le mit debout. Et, de sa voix qui n’avait plus rien d’humain à force de froideur terrible :
    – Va-t-en ! dit-il. Et ne te trouve jamais sur mon chemin, car, j’en jure Dieu, n’importe où je te rencontrerai, fût-ce dans la chambre du roi, fût-ce à l’église, sur les marches mêmes de l’autel, tu subiras le contact de ma botte, comme maintenant.
    Il le retourna comme une guenille et, d’un formidable coup de pied magistralement appliqué au bas des reins, l’envoya rouler à dix pas, en ajoutant, d’un air de suprême dédain :
    – C’est tout ce que tu mérites !
    La plume est vraiment d’une lenteur désespérante quand il s’agit de noter certains gestes qui, dans la réalité, sont accomplis avant que nous ayons pu seulement aligner quelques mots sur le papier. Tout ceci, qui nous a demandé de longues minutes à écrire, n’avait peut-être pas duré dix secondes. Que faisaient Longval, Roquetaille, Louvignac et Eynaus pendant ce temps ? C’est ce que nous allons dire maintenant que nous pouvons nous occuper d’eux.
    Ils avaient été tellement stupéfaits, qu’ils n’avaient pu que regarder sans songer à venir en aide à leur chef. Peut-être trouvera-t-on que leur stupeur se prolongeait un peu plus que de raison. A cela, nous ferons observer que nous venons précisément de dire que les choses s’étaient passées avec une rapidité telle que l’inaction de ces messieurs nous paraît facilement admissible. Cependant, il est certain que ces messieurs n’étaient pas précisément des saints. Il est certain que, tous, ils jalousaient leur chef dont ils convoitaient la place. Ce qui revient à dire que peut-être, au fond, ils étaient enchantés de la mésaventure de Rospignac et qu’ils ne tenaient pas autrement à le tirer d’affaire.
    Quoi qu’il en soit, ils ne reprirent leurs esprits que lorsque la correction administrée à leur chef fut complète. Alors, tous ensemble, ils se ruèrent sur Valvert. Ils se ruèrent le fer au poing, ayant compris qu’ils ne seraient pas de force autrement avec cet adversaire qui ne payait pas de mine, et cependant s’avérait de taille à casser les reins à Hercule lui-même. Encore, se disaient-ils, que s’il maniait aussi bien l’épée que les poings, ils n’étaient pas sûrs du tout d’en venir à bout. Même à eux quatre. Ajoutons cependant, à leur honneur, que cette réflexion un peu inquiète ne les fit pas hésiter un seul instant. Ils chargèrent donc, avec des clameurs d’autant plus féroces qu’ils se sentaient moins sûrs de le réduire à merci.
    Valvert, comme bien on pense, les guignait du coin de l’œil. Cette attaque traîtresse ne le prit pas au dépourvu, il avait dégainé avant qu’ils fussent sur lui. Il leur épargna même la peine de faire tout le chemin. Il courut à leur rencontre. Ceci ne laissa pas que de les déconcerter et lui permit de porter les premiers coups. Sa rapière décrivit un large cercle, froissa violemment les fers avant qu’ils fussent en ligne, les écarta, voltigea, piqua avec une rapidité foudroyante. Et les quatre spadassins poussèrent un cri de rage : tous, les uns après les autres, ils venaient d’être touchés au visage.
    Oh ! une simple piqûre tout à fait insignifiante. Le fait n’en était pas moins significatif. Il leur parut évident que l’escrimeur était de la force du boxeur. Ils avaient beau être quatre contre un, il était clair qu’ils devaient faire attention, jouer serré, se soutenir mutuellement, sans quoi cet extraordinaire jouteur était parfaitement capable de les expédier tous les quatre.
    Ils reprirent l’attaque avec plus de méthode. Et, cette fois, ils étaient cinq. Rospignac s’était joint à eux. Rospignac, pour le moment, n’avait qu’un bras valide. Mais c’était le bras droit, et il n’avait pas hésité à se jeter dans la mêlée, malgré que son bras gauche le fît cruellement souffrir.
    La passe d’armes qui suivit fut extrêmement brève. Tout de suite, il y eut un quintuple rugissement de joie. L’épée de Valvert venait de se casser net.
    – Il est à nous !

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