Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
celui-là ; il payerait tout, d’un coup. Il faut dire ici que Rospignac n’était pas seulement un des plus redoutables escrimeurs de Paris. Il n’avait nullement les apparences d’un colosse. Mais sous son élégance raffinée, il cachait une force peu commune. Il le savait. Il avait une confiance illimitée en lui-même. Dès qu’il reconnut son adversaire, dont il ne méconnaissait pas la valeur, il estima qu’il le tenait, qu’il ne pouvait pas lui échapper. Il en était d’autant plus sûr qu’il avait, de plus, l’appui de ses quatre lieutenants, lesquels, Dieu merci, n’étaient pas manchots non plus. Sûr de lui, il ne put pas, avant de se ruer sur Valvert immobile et impassible, résister à la tentation d’adresser une nouvelle insulte à la jeune fille. Il ricana :
    – Pardieu, la belle qui n’a ni père, ni époux, ni frère, pour te défendre, tu comptais sur ton amant, hein ?… Car ce freluquet est ton amant, n’est-ce pas ?… Eh bien ! regarde-le bien. C’est la dernière fois que tu le vois.
    Ces insultes, débitées sur un ton plus insultant encore, produisirent un effet opposé sur les deux personnages qu’elles atteignaient. Brin de Muguet pâlit affreusement. Valvert rougit jusqu’aux oreilles. Aussitôt après les avoir lancées, Rospignac marcha sur Valvert. Il y marcha l’épée au fourreau, résolu à le saisir au collet, certain qu’il était, que lorsqu’il aurait une fois abattu sa poigne sur lui, il serait impuissant à s’arracher à son étreinte.
    Rospignac ne fit pas plus de deux pas. Tout de suite, Valvert fut sur lui. Valvert, livide maintenant, autant qu’il était rouge l’instant d’avant. Et rien qu’à voir ces yeux étincelants dans ce visage comme pétrifié, Rospignac comprit que la lutte qui allait s’engager devait être mortelle pour l’un des deux combattants. Il voulut dégainer. Trop tard. Déjà, les deux mains de Valvert l’avaient saisi aux poignets. D’une brusque saccade, il essaya de se dégager. Il reconnut avec stupeur qu’il n’avait pas réussi. Il renouvela la tentative, redoubla d’efforts, tendit ses nerfs, réunit toutes ses forces. Peines inutiles. Ses poignets semblaient pris entre deux étaux de fer qui refusaient de lâcher ce qu’ils tenaient. Il s’était étonné de la résistance qu’il rencontrait. Devant cette force prodigieuse, si imprévue, il sentit l’inquiétude s’insinuer en lui.
    Il n’était pas encore au bout de ses peines. Valvert le laissa s’épuiser en deux ou trois vaines tentatives, comme s’il avait voulu lui prouver que, lui qui se croyait le plus fort, il avait trouvé son maître. Puis, d’un geste brusque, il lui amena les bras derrière le dos. Cela s’accomplit rapidement, sans difficulté aucune, sans qu’il parût faire un effort. Pourtant, ce geste, qu’il accomplissait comme en se jouant, devait être horriblement douloureux, car il arracha à Rospignac un véritable hurlement.
    Valvert lâcha un de ses bras, garda l’autre dans sa poigne d’acier et passa vivement derrière son dos. Alors, Rospignac entendit la voix de Valvert, une voix blanche, effrayante, qui disait :
    – Ceci est un coup qui m’a été appris par M. de Pardaillan. Tu vas apprendre à tes dépens combien il est facile de casser le bras à un homme.
    En effet, il fit une pression à peine perceptible sur le bras qu’il tenait. Rospignac se courba malgré lui en poussant un nouveau hurlement de douleur.
    – Marche ! commanda Valvert, de la même voix épouvantable. Rospignac dut marcher. Valvert l’amena pantelant et courbé devant Brin de Muguet, qui regardait cela avec des yeux où se lisait un étonnement prodigieux.
    – A genoux, drôle, et demande pardon à celle que tu as lâchement insultée ! commanda de nouveau Valvert.
    Cette fois, Rospignac résista. Il était livide, convulsé, les yeux hors de l’orbite. La sueur coulait à grosses gouttes sur sa face ravagée. Il devait souffrir horriblement, de honte certainement autant que de douleur physique. Malgré tout, il se raidit pour ne pas céder à cet ordre par trop humiliant.
    – A genoux, drôle, répéta Valvert, ou je te brise le bras !
    De nouveau, il fit une pression sur ce bras qu’il menaçait de briser. Comme la première, cette pression parut être insignifiante. Il ne fit aucun effort. C’est à peine s’il fit un mouvement. Et Brin de Muguet, horrifiée, entendit distinctement le bruit sec d’un os qui

Weitere Kostenlose Bücher